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Musique classique

C’est quelques décennies après l’indépendance, dans la seconde moitié du XIXe siècle, que la vie musicale du Luxembourg commence à frémir. C’est à cette période que s’illustrent des piliers du répertoire luxembourgeois comme Jean-Antoine Zinnen (1827-1898), l’auteur de Ons Hémécht (l’hymne national) ou Laurent Menager (1835-1902), le « compositeur national ». Considéré comme l’un des musiciens les plus influents et les plus polyvalents au Luxembourg, ce dernier a essentiellement composé des œuvres chantées, de la musique d’église, des morceaux d’orchestre et d’opérettes ainsi que de la musique pour les fanfares et le théâtre. Au fil des années 1930, la musique symphonique commence à se développer dans le pays. Une époque fertile qui voit naître l’Orchestre symphonique de Radio Luxembourg (l’ancêtre de l’Orchestre philharmonique du Luxembourg) dirigé par Henri Pensis, chef d’orchestre qui demeure parmi les plus illustres. Durant les dernières décennies du XXe siècle, le répertoire luxembourgeois s’enrichit de nombreuses œuvres majeures - symphoniques ou de musique de chambre - porté par les compositeurs incontournables du pays : Jules Krüger, qui a voulu importer ses influences Debussyennes dans la musique luxembourgeoise ; René Mertzig, pionnier de la musique luxembourgeoise surtout connu pour sa musique de chambre ; Norbert Hoffmann qui, avec Krüger et Mertzig, est considéré comme l'un des trois pères fondateurs de la musique symphonique au Luxembourg ; Marcel Wengler, président de la Société Luxembourgeoise de Musique Contemporaine et auteur de quelque 80 œuvres (symphonies, concertos, musique de chambre, œuvres pour théâtre et ballet) ; Georges Lentz, un des Luxembourgeois les plus joués, Claude Lenners, un des plus avant-gardistes (il cultive par ailleurs un penchant pour l’électronique) ; Alexander Mullenbach, pianiste, compositeur et chef d'orchestre ou encore Camille Kerger, compositeur (et chanteur) d’opéra et membre fondateur du Théâtre National de Luxembourg qu’il a dirigé jusqu’en 2006.

À la mesure de ses compositeurs, le pays peut également s’enorgueillir de la qualité de ses interprètes. Le Luxembourg compte quelques solistes de renommée internationale comme la violoniste Sandrine Cantoreggi, le violoncelliste Françoise Groben (1965-2011), distinguée par plusieurs prix, Jean Muller pianiste classique très populaire – dans et hors de ses frontières -, la pianiste Cathy Krier, au talent très précoce, ou encore, plus contemporain, le pianiste Francesco Tristano et son savant mélange d’avant-garde et d’électronique (c’est aussi un excellent interprète de Bach). Côté lyrique, citons la soprano Mariette Kemmer qui s’est produite dans toute l’Europe et aux Etats-Unis. Et pour clore cette impressionnante série, n’oublions pas non plus de mentionner Pierre Cao, grande baguette luxembourgeoise, bien connu en France car fondateur et directeur artistique du chœur Arsys Bourgogne et des Rencontres Musicales de Vézelay.

Tous les compositeurs locaux (ou presque) ont été joués par l’orchestre Sinfonietta, grand promoteur de la musique contemporaine dans le pays et à l’étranger depuis 1999, et surtout par l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg, fierté locale dirigée depuis 2015 par Gustavo Gimeno (succédant ainsi au grand chef français Emmanuel Krivine, désormais directeur de l’Orchestre national de France). Cette institution qui s’attache à valoriser les compositeurs locaux a aussi très bonne réputation quant à ses interprétations de musique française du XXe siècle. Depuis 2005, l’orchestre a trouvé une résidence à sa mesure dans la Philharmonie, grand édifice blanc installé sur le plateau du Kirchberg. Conçu par l’architecte Christian de Portzampac, ce nouvel écrin a été étudié (par Albert Xu) pour offrir une qualité acoustique optimale et peut accueillir jusqu’à 1 500 personnes dans son Grand Auditorium. Un pôle important de la musique classique au Luxembourg qui ne doit cependant pas masquer la qualité des salles réparties sur le territoire. Parmi elles, le Conservatoire de Musique d’Esch-sur-Alzette est l'une des plus importantes avec ses nombreux concerts de classique et de jazz, d’artistes et de groupes de renommée internationale. Le Centre d'arts pluriels Edouard Juncker à Ettelbruck, mieux connu en tant que CAPe, est également une salle de spectacles réputée dans le pays pour la qualité et la densité de sa programmation.

Côté opéra, la meilleure scène du pays est sans conteste le Théâtre national du Luxembourg (TNL) qui non seulement promeut la création théâtrale dans les trois langues du pays (luxembourgeois, français et allemand) mais aussi l’opéra et la création musicale contemporaine. L’opéra est également à l’honneur du Festival de Wiltz, se tenant annuellement dans le parc du château, et qui convie des invités prestigieux. Une manifestation incontournable tout comme le Festival International d’Echternach qui depuis 1975 propose de vivre la musique dans un cadre exceptionnel, que ce soit celui de l’église Saints-Pierre-et-Paul qui surplombe la ville ou dans le centre culturel et de congrès d’Echternach, le Trifolion. Moins connu mais tout aussi pittoresque, le Festival de Musique de Bourglinster propose des concerts de musique de chambre et des récitals dans la Salle des Chevaliers.

Le jazz

La règle n’est pas infaillible mais on remarquera que, souvent, là où l’on trouve une scène foisonnante de musique classique, on peut en deviner un pendant équivalent dans le jazz. Le Luxembourg ne fait pas exception. En figure de proue, le trompettiste et fondateur du Luxembourg National Jazz Orchestra, Gast Waltzing (né en 1956) est sans doute le plus connu. Très apprécié également, le pianiste et bassiste Marc Demuth (né en 1978) collabore souvent avec une autre star luxembourgeoise du piano, Michel Reis (né en 1982). Citons également le compositeur-vibraphoniste Pascal Schumacher (né en 1979) qui s’est produit sur les scènes du monde entier avec son Pascal Schumacher Quartet, le grand trompettiste Ernie Hammes (né en 1968) et son big band, le multi-instrumentiste Maxime Bender (né en 1982) ou encore Pol Belardi (né en 1989) plus inscrit dans la mouvance actuelle du renouveau jazz.

Avec une telle scène, les bonnes adresses où écouter du jazz ne manquent pas dans le pays. Le Théâtre Municipal d’Esch en programme du très bon et dispose d’une petite salle intimiste (100 personnes) qui se prête bien au genre, le CUBE 521, centre culturel de la région de Clervaux, compose également de belles affiches tout comme l’Opderschmelz, excellent centre culturel régional de Dudelange aux infrastructures modernes. À noter que Dudelange est une ville particulièrement portée sur le jazz puisqu’on y trouve également deux festivals dédiés : « Like a Jazz Machine » en mai et « Touch of Noir » en octobre. Également côté festival, le Blues’n’Jazz Rallye se tenant chaque année dans les quartiers de la vieille ville est l'un des évènements musicaux les plus attendus des fans de jazz et de blues.

Musiques actuelles

Si le Luxembourg n’a pas une scène pop ou rock vraiment active à l’international (citons quand même le groupe d’indie pop Seed To Tree), le territoire multiplie les occasions d’en écouter, notamment au travers de gros événements comme le Rock Um Knuedler, festival de rock, le E-Lake Festival, grand rendez-vous de trois jours aux abords du lac d’Echternach proposant lives rock, pop, électro ou DJ-sets, ou encore le World Meyouzik qui, comme son nom le laisse deviner, s’intéresse aux musiques du monde. Notons que le Luxembourg est également criblé de bonnes salles dédiées aux musiques actuelles comme le complexe culturel des Rotondes et Den Atelier à Luxembourg-Ville et la Kulturfabrik (ou « KuFa ») installée dans un ancien abattoir ou encore la Rockhal, complexe de deux salles très porté sur le rock, tous deux à Esch-sur-Alzette.