Berbère dans le désert © ugurhan - iStockphoto.com.jpg
Synagogue à Marrakech © danileon - shutterstock.com.jpg

Une démographie en évolution

La population marocaine a connu une croissance démographique importante dans les années 1950, avec des taux dépassant les 3 %, avant de diminuer et de se stabiliser autour des 1 %. De près de 12 millions en 1960, elle atteint aujourd’hui plus de 37 millions d’habitants, dont environ 60 % vivent en ville. On considère depuis 2014 que plus d’un tiers de la population marocaine vit sur l’axe Casablanca-Kénitra. Ce taux d’urbanisation, en constante augmentation, s’avère inquiétant quand on sait qu’elle a pour conséquence la réduction du nombre d’enfants par ménage, les conditions de vie en milieu urbain étant plus contraignantes que celles en campagne. Évalué à 5,52 enfants par femme en 1982, l’indice de fécondité a chuté en 1994 à 3,28 pour se stabiliser autour 2,2 enfants par femme dans les années 2000. Cependant, ce taux reste toujours un peu plus élevé en milieu rural. Quant à l’espérance de vie, elle est de 77,2 ans en 2022 contre 63 ans, dix ans plus tôt. Ici aussi, on note quelques différences entre le milieu urbain et rural, où les habitants des campagnes vivent moins longtemps, cela dû à la pénibilité du travail et aux conditions de vie, plus compliquées. Toutefois, même si un habitant sur trois a moins de 15 ans, la population se fait vieillissante et les personnes âgées représentent autour de 12 % de la population en 2022.

Les Berbères, peuple autochtone d’Afrique du Nord

Groupe ethnique d’Afrique du Nord, les Berbères peuplent le Maroc depuis la préhistoire. Bien qu’installés également dans d’autres pays du Maghreb, c’est dans le royaume marocain qu’ils sont les plus nombreux. Ils représenteraient à eux seuls plus de 65 % de la population. L’arrivée des Arabes au Maroc a entraîné une conversion rapide des Berbères à l’islam et un mélange des populations. Beaucoup d’entre eux se considèrent aujourd’hui comme des Berbères arabisés. On les retrouve principalement dans les grandes villes, a contrario des Berbères ethniques, qui, eux, sont installés plutôt en milieu rural, notamment dans le Sud et dans les montagnes. Ces derniers ont conservé toute leur culture et leurs croyances et sont très attachés à la tribalité. Ils représenteraient près de 40 % de la population du royaume. Au Maroc, on peut diviser les Berbères en trois groupes principaux : les Masmouda qui vivent dans le Rif, le Haut Atlas et l’Anti-Atlas, les Sanhaja, installés dans le Sud, le Tafilalet, le Moyen Atlas et le Rif méditerranéen et enfin, les Zénètes, qui se trouvent dans l’est du Maroc et dans le Moyen Atlas autour de Meknès.

Les Arabes, les bâtisseurs du Maroc

Tout comme les Berbères, les Arabes ont diverses origines ethniques, même si leur origine géographique est la péninsule Arabique. Le mot arab, en langue sémitique, signifiait « désert et nomadisme ». Les Arabes sont venus s’installer par vagues successives à partir du VIIe siècle, suivant Idriss, qui fuyait les persécutions du calife de Bagdad. Idriss réussit à convertir un grand nombre de Berbères à l’islam, et fonde le premier véritable royaume unifié du Maroc. Il fait également de Fès sa capitale. Les Arabes poursuivent leur extension aux XIIe et XIIIe siècles où plusieurs dynasties se succèdent au pouvoir, faisant de Marrakech et de Fès tour à tour le symbole de leur rayonnement au-delà des frontières. Peu attirés par les montagnes, ils ne cherchent pas à y pénétrer, leur préférant les plaines, les villes et les plateaux steppiques. Aujourd’hui, ce groupe ethnique représenterait autour de 20 % de la population, même si ce chiffre est à prendre avec précaution si l’on considère les mélanges de populations, l’extrême complexité, l’interpénétration et la fluidité des identités. Il n’en reste qu’à la tête du pays, Mohammed VI, qui appartient à la dynastie alaouite, famille descendante du Prophète, est d’origine et de religion arabe.

Les Juifs marocains, une communauté amoindrie

Quelques-uns sont arrivés dans l’Antiquité et après leur dispersion lors de la prise de Jérusalem, en 70 apr. J.-C. D’autres sont venus aux XIVe et XVe siècles, lorsque, persécutés en Europe, ils se sont établis dans les ports méditerranéens pour y faire du commerce. Peu avant l’indépendance, les Juifs marocains étaient au nombre de 200 000. La plupart habitaient les mellahs (quartiers juifs) des grandes villes. Nombreux autrefois, ils ont émigré pour la plupart en Israël entre 1947 et 1965, le nouvel État manquant de main-d’œuvre paysanne. Les Juifs marocains n’étaient plus que 15 000 en 1996 et ne représentent plus que 0,2 % de la population aujourd’hui. On les retrouve principalement à Casablanca, mais aussi de manière modérée, à Rabat, Essaouira et Marrakech. Ayant vécu au Maroc bien avant son arabisation, les Juifs étaient bien intégrés à la population marocaine et jouissaient d’une bonne réputation, à tel point que certains d’entre eux ont été et sont encore conseillers du roi. En témoigne la figure emblématique d’André Azoulay, tour à tour conseiller d’Hassan II puis de Mohammed VI et créateur du festival gnaoua d’Essaouira, sa ville natale. Le royaume veut peu à peu redorer l’image des juifs et leur octroyer la place qu’ils méritent dans sa communauté. Après la création des deux premiers musées consacrés au judaïsme dans le monde arabe à Casablanca, 167 tombes et sanctuaires juifs ont été rénovés, en 2010, sous l’impulsion royale qui souhaite valoriser le patrimoine juif oublié. À Fès, où l’empreinte du judaïsme marocain a été des plus importantes, un musée de la mémoire juive a ouvert récemment. Même si des efforts sont faits pour réapprendre à vivre ensemble, on ne peut nier que les tensions sont vives et l’antisémitisme, toujours important dans le pays, lié en grande partie au conflit israélo-palestinien.

Les Haratines, une minorité au Maroc

Les Haratines sont les habitants noirs installés dans les oasis du Sahara, notamment dans la vallée du Drâa. Ils seraient des descendants des populations préhistoriques du Sahara qui, lors de son assèchement, seraient venus chercher refuge vers le nord. D’autres sont des descendants d’anciens esclaves, provenant du Sahel et de la région subsaharienne d’Afrique de l’Ouest, en grande partie recrutés par le sultan Moulay Ismaïl au XVIIe siècle. C’est d’ailleurs encore parmi eux que le roi recrute sa garde noire. Aujourd’hui, les Haratines appartiennent aux couches sociales les plus défavorisées et subissent le racisme, bien que ce soit peut-être les plus anciens habitants du pays. À Essaouira, ils jouissent cependant d’une réputation plus favorable, attachée à la musique gnaoua qui est en vogue chez les jeunes surtout depuis la création d’un festival lui étant entièrement consacrée.

Les Sahraouis, à la conquête de leurs terres

Les Sahraouis sont avant tout un peuple d’origine nomade qui se déplaçait dans le désert, notamment au sud-ouest, dans le territoire qu’on nomme aujourd’hui le Sahara occidental. Cette ethnie, qui possède sa propre culture et sa propre langue, le hassaniya, a été dessaisie de ses terres dans un premier temps par les Espagnols sous la colonisation, puis aujourd’hui par le Maroc qui occupe son « territoire militairement », selon la IVe Convention de Genève. Les Sahraouis revendiquant dès la colonisation l’indépendance de la terre de leurs ancêtres, le mouvement politique et armé du Front Polisario naît en 1973. Trois ans plus tard, alors que la Mauritanie et le Maroc se disputent le territoire, le Front Polisario proclame la République arabe sahraouie démocratique (RASD), cette portion du sud du désert. La Mauritanie retirée du conflit en 1991, les tensions perdurent depuis entre le royaume marocain et le peuple sahraoui. L’ONU, qui souhaite maintenir la paix dans le Sahara occidental, s’est dotée d’une mission, celle d’organiser un référendum (MINURSO), mais depuis 1991, les pourparlers sont toujours en cours. Pendant ce temps, le Maroc continue d’investir et de développer les infrastructures au Sahara occidental, où les Marocains du Nord sont de plus en plus nombreux au détriment de la population autochtone qui y perd du terrain.

Les résidents étrangers, une présence non négligeable

Longtemps considéré comme un pays de transit vers l’Europe, le Maroc attire désormais les ressortissants étrangers, qui viennent de plus en plus nombreux s’y installer grâce à plusieurs accords signés avec certains pays. Plus de 102 000 étrangers vivent aujourd’hui sur le territoire marocain, soit une proportion de près de 0,3 % de la population du pays. Les Français, historiquement liés au pays, sont la communauté étrangère la plus importante, avec plus de 53 800 ressortissants. Attirés par le dynamisme économique, le soleil et un coût de la vie environ 30 % moins cher qu’en Europe, les business-migrants, jeunes retraités français et amoureux du pays sont de plus en plus nombreux d’autant que le royaume marocain accorde d’importants abattements fiscaux aux expatriés et que la République française leur permet de toucher leur retraite et de bénéficier d’une couverture sociale au Maroc. Beaucoup achètent des maisons, notamment dans le quartier de la palmeraie à Marrakech. La nationalité africaine, notamment de l’Afrique Subsaharienne, est aussi très présente sur le territoire marocain, représentant 41,6 % de la population étrangère résidente. En tête de liste, les Sénégalais qui sont, après les Français, la communauté la plus importante au Maroc, avec plus de 6 000 résidents. On note aussi une présence significative des Algériens (6,8 %), des Syriens (6,2 %) et des Espagnols (4,8 %). Et dans une moindre mesure, des Guinéens (2,9 %), des Ivoiriens (2,7 %), des Libyens (2,4 %) et des Italiens (2,3 %). Presque tous ces allochtones sont installés en milieu urbain, et seuls un peu plus de 4 000 ressortissants étrangers vivent en campagne. On les retrouve principalement dans le nord et à l’intérieur du pays, principalement dans les régions du Grand Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra et de Marrakech-Safi.