Tannerie marocaine traditionnelle © hadynyah - iStockphoto.com.jpg
Place Jemaa El-Fna © Pavliha - iStockphoto.com.jpg
Agriculture dans les hauts Atlas © monticelllo - iStockphoto.com.jpg

Une monarchie plus équilibrée

Monarchie constitutionnelle, le Maroc est régi par les trois pouvoirs en place, l’exécutif, le législatif et le judiciaire, qui s’équilibrent et jouissent d’une parfaite indépendance. Cependant, dans les faits, le roi dispose d’un pouvoir quasi absolu, étant à la fois le chef religieux, le chef suprême des armées et le président du Conseil des ministres. À la suite des manifestations du Mouvement du 20 février en 2011, le roi Mohammed VI commande un référendum constitutionnel, dont le oui remporte à quasi l’unanimité le scrutin. La nouvelle Constitution travaille à une meilleure séparation des pouvoirs, à l’augmentation des compétences du gouvernement et du Premier ministre, et à la création d’une Cour constitutionnelle. Elle affirme le principe de non-discrimination de race, de sexe ou de religion et introduit une notion de parité hommes-femmes. Mais le roi garde encore une place prépondérante et les libertés fondamentales réclamées (d’expression, de la presse, entre autres) ne sont toujours pas garanties. Côté administratif, depuis 2015, le royaume a établi un nouveau découpage des régions, plus pratique et plus logique, tout en décentralisant le pouvoir pour une plus grande autonomie des régions. Cette nouvelle organisation permet aujourd’hui d’accélérer les réformes. Depuis les élections législatives de 2016, le bipartisme s’est installé dans la politique marocaine, partagée entre le parti islamiste Parti de la Justice et du Développement et par le Parti authenticité et modernité, de centre gauche. Un équilibre positif qui devrait permettre de stopper la montée de l’islam radical.

L’industrie, un secteur pourvoyeur d’emplois

Depuis la Seconde Guerre mondiale, l’industrie s’est considérablement développée au Maroc, représentant plus de 30 % du PIB et plus de 20 % de l’emploi. Bien que le pays reste extrêmement dépendant de l’extérieur, de nombreux efforts sont réalisés pour diversifier l’industrie marocaine et rendre les divers secteurs plus performants. Aujourd’hui, sa production concerne essentiellement le phosphate, le textile, l’électromécanique, la métallurgie et l’agroalimentaire, dont ce dernier représente plus d’un quart de la production totale. Détenant 85 % des réserves de phosphate, le Maroc en est le premier exportateur mondial. Bien que ce commerce contribue à la bonne santé du trafic ferroviaire, les cours mondiaux s’effondrent et contrairement à ce qui était prévu, l’exportation ne permet pas d’alimenter les caisses du pays en devises étrangères. Le Maroc est aussi connu comme le premier exportateur mondial de haschich à raison de 100 000 tonnes par an. Bien qu’interdite, la culture de kif est la deuxième ressource nationale dont l’essentiel de la production se trouve dans la région montagneuse du Rif. Le trafic concerne l’Europe pour environ 30 % de la consommation et les États-Unis à concurrence de 2 milliards de dollars. La présence de drogue au Maroc pose certains problèmes à l’Occident, car si le pays souhaite s’imposer sur le plan économique, il devra renoncer à ce commerce illégal. Du côté de l’automobile, le secteur a émergé ces dernières années grâce à un plan d’action du gouvernement qui a permis l’installation de plusieurs investisseurs, comme PSA qui a inauguré en juin 2019 sa nouvelle usine, près de Kénitra. Depuis 2014, l’industrie de l’automobile progresse de près de 14 % par an et a généré depuis près de 120 000 emplois. Bien que les ouvriers marocains soient considérés comme les meilleurs du Maghreb, des efforts restent à faire sur le manque de qualification, de précision et de ponctualité de la main d’œuvre, véritables handicaps pour le développement industriel du pays.

Le tourisme, moteur de croissance économique

Avec un record de 13 millions de visiteurs en 2019, le secteur touristique se portait plutôt bien avant la crise du Covid-19. Durant deux ans, il a été sévèrement affecté entre les restrictions de voyage imposées et les fermetures de frontière soudaines. Toutefois, en 2022, la reprise allait bon train, avec plus de 4 millions d'arrivées sur le territoire entre mai et juillet 2022. Le tourisme est l’un des moteurs du développement économique, social et culturel du pays, et un générateur de revenus importants, représentant 11 % de son PIB. Près de 550 000 emplois directs ont été générés dans ce domaine en 2018, ce qui correspond à près de 5 % de l’emploi dans l’économie marocaine. Bien que le gouvernement ait investi plusieurs millions dans la promotion touristique du pays et le soutien au secteur, il doit revoir à la baisse ses ambitions, reconstruire le pays après le terrible tremblement de terre de septembre 2023 et prévoir un nouveau plan d’action. Le Maroc reste néanmoins l’une des trois destinations incontournables du continent africain, qui attire en grande majorité les Français (plus de 60 %). Mais le gouvernement souhaite concentrer ses efforts sur le marché émetteur chinois, qui connaît une croissance fulgurante. Alors qu’en 2015, les touristes chinois n’étaient qu’au nombre de 10 000, ils sont aujourd’hui plus de 130 000 à visiter le royaume, pouvant depuis 2016 voyager sans visa à travers le pays. Un accord a même été signé avec la plus grande agence chinoise de voyages en ligne, Ctrip, pour accroître la visibilité du pays, dans le but d’atteindre la visite de 500 000 touristes chinois par an.

Le Maroc, en tête de peloton des énergies renouvelables

Conscient de sa dépendance énergétique (20 % de l’électricité au Maroc est fournie par l’Espagne) et de la faiblesse de ses ressources pétrolières, le royaume a décidé d’adopter une stratégie ambitieuse pour atteindre l’objectif de 52 % de production d’énergies renouvelables d’ici 2030. Depuis 2009, plusieurs programmes et plans d’action ont été mis en place, dont l’ouverture en 2014 d’un gigantesque parc éolien, à 20 km de Tarfaya, d’une capacité annuelle de 301 MW. Quatre ans plus tard, un autre projet d’envergure voit le jour du côté de Tanger, le parc éolien Khalladi, qui peut alimenter jusqu’à 400 000 habitants à l’année ! Du côté de l’énergie solaire, là non plus le gouvernement n’a pas lésiné sur les moyens. Avec la construction du plus grand complexe solaire thermodynamique près de Ouarzazate, le Maroc se positionne comme le leader des énergies renouvelables en Afrique. D’une capacité aujourd’hui de 580 MW, le complexe solaire, lorsqu’il sera achevé en 2050, devrait fournir plus du double de cette puissance, ce qui représentera 11 % de la production mondiale d’électricité ! Alors que pour l’instant le Maroc importe 93 % de son énergie, cette tendance devrait continuer à la baisse, jusqu’à voir la situation s’inverser.

L’agriculture, un secteur en bonne forme

Principal pilier de l’économie, l’agriculture fait vivre près de 40 % de la population active marocaine. Les céréales, à l’instar du maïs et de l’orge, occupent 80 % des terres cultivées, alors que les légumineuses, comme les fèves et les lentilles, couvrent à peine 5 % de la surface agricole. Fruits (oranges, clémentines, raisins) et légumes mûrissent très vite au Maroc, et particulièrement sur le littoral où l’eau et le climat permettent ce type de cultures. On estime que près de 3 millions de tonnes de fruits et 6 millions de tonnes de légumes sont produits chaque année au Maroc, qui est l’un des plus grands producteurs méditerranéens d’agrumes. La production globale représente à ce jour 30 % des échanges internationaux, dont l’Union européenne est le principal client. Plusieurs accords de libres échanges ont été signés avec certains pays, dont la Tunisie (1999), l’Égypte (1999) et les États-Unis (2006), permettant de réduire les droits de douane sur les produits marocains à faible coût. En 2008, le gouvernement lance le Plan Vert Maroc destiné à faire de l’agriculture le premier levier du développement, en augmentant les investissements dans ce secteur à raison de 10 milliards de DH par an, en créant des emplois, en rendant le secteur, par le biais des exportations, plus compétitif et en développant les zones rurales. Depuis la mise en place de cette stratégie, plus de 340 000 emplois ont été créés. L’autre objectif majeur pour le royaume dans les années à venir est de dynamiser l’agriculture biologique, notamment avec la récente création d’un logo certificateur qui tarde à être reconnu par l’Europe. Alors que le gouvernement prévoyait d’atteindre 40 000 hectares cultivés en 2020, le chemin est encore long puisque seuls près de 18 000 hectares sont dédiés aujourd’hui à l’agriculture bio.

Les enjeux actuels

Le principal point noir du Maroc est de réduire son déficit : la dette publique globale du Maroc est de 951,8 milliards de DH, soit environ 71 % du PIB pour 2022 contre 82 % en 2017. Le pays doit également lutter contre le chômage qui affecte essentiellement les jeunes, dont le taux avoisine les 23 % selon le Haut-Commissaire au Plan. On compte plus de 770 000 jeunes âgés de 15 à 29 ans sans travail, le marché ne pouvant absorber les dizaines de milliers de diplômés chaque année. Conscient des salaires peu élevés dans les secteurs publics et privés, le gouvernement a signé un accord avec les principaux syndicats pour les augmenter de 5 % en septembre 2022 et 2023. Les salariés voient alors petit à petit leur niveau de vie augmenté. Mais, bien que le taux de Marocains vivant en dessous du seuil de pauvreté ait diminué, d’après les critères de la Banque mondiale, l’opposition souligne que l’écart entre les riches et les pauvres continue de se creuser. Cependant, l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), menée par le roi lui-même, enregistre un bilan positif dans les zones rurales et les quartiers défavorisés, classant le Maroc au 3e rang des meilleurs programmes sociaux. Sur le plan géopolitique, le royaume devra trouver un terrain d’entente avec le Front Polisario, sur le statut du Sahara occidental. Bien que le mandat de la Mission des Nations unies, groupe composé de civils, militaires et policiers de l’ONU, soit toujours en place à Laâyoune, l’organisation d’un référendum sur l’autodétermination du peuple sahraoui est toujours en discussion depuis 1991 et le Conseil de sécurité renouvelle sa mission chaque année, gardant l’espoir que ce conflit puisse se résoudre sans les armes.