Dans les rues de Vienne © creativemarc - Shutterstock.com.jpg

Les dialectes allemands de l'Autriche

En Autriche 98 % de la population parle allemand. Les dialectes allemands du pays sont dits haut-allemands, dont le bavarois ou le souabe. Ces dialectes sont nombreux, subtils, plus ou moins prononcés, parfois agréablement chantants comme dans certaines vallées du Tyrol, où ils constituent un véritable régal linguistique. Et parfois un casse-tête pour le germanophone réfractaire aux subtilités dialectales. L’accent autrichien est souvent proche de celui du bavarois, sauf dans le Vorarlberg où il emprunte des consonances suisses. Ces accents sont liés aux origines d’un groupe ethnique donné (sud-germaniques), et à l’influence de la tradition sur le mode de vie. En outre, l’empire était autrefois constitué de 12 « nationalités » différentes. Les populations habitant dans cette petite partie de l’empire – le territoire national actuel – ont coloré l’allemand de consonances ataviques. A Vienne, vous pourrez le constater avec le yiddish, le hongrois, le serbe et le tchèque. Vous entendrez également quelques mots français, reliques linguistiques de l’époque monarchique. Au minimum, il faut que vous sachiez que pour souhaiter le bonjour, on utilise la formule Grüss Gott et ceci toute au long de la journée à la place du Guten Morgen allemand et dans tout le pays. Une petite résistance linguistique identitaire que l'on vous sera reconnaissant d'adopter. Différence essentielle sur les cartes des restaurants, le Schlag autrichien désigne la crème dont on nappe les pâtisseries, en place du Sahne allemand. Par ailleurs Erdäpfel, pour signifier pomme de terre, remplace assez régulièrement le Kartoffel allemand, de même Paradeiser pour tomate.

Des minorités, nombreuses et enracinées

Il y a 1 million d'étrangers, soit environ 12 % de la population et un taux parmi les plus forts d'Europe, toutefois stable. Un tiers des étrangers qui résident en Autriche y vivent depuis plus de 15 ans. Quoi qu'il en soit, l'Autriche est montrée du doigt pour sa mauvaise politique d'intégration. Les immigrés ne peuvent bénéficier de logements sociaux, pourtant nombreux en Autriche, réservés aux nationaux, et sont victimes de discrimination salariale. On sait qu'un quart des citoyens turcs résidant en Autriche vit en dessous du seuil de pauvreté.

Frontalière avec 8 pays, l'Autriche a accueilli depuis les années 1950, relativement à sa population, plus de réfugiés que presque tous les pays d’Europe, ceci à la faveur des crises politiques de la zone. L’année 1956 vit l'arrivée des Hongrois, en 1968 ce furent les Tchèques, puis en 1981 les Polonais, et en 1991 les ressortissants de l'ex-Yougoslavie. S'ajoutent aujourd’hui les Syriens, les Afghans ou les Irakiens, sans compter l’immigration clandestine liée aux crises que connaissent la Roumanie et l'Ukraine. Les étrangers résidant dans le pays sont majoritairement salariés dans les industries du bâtiment, du tourisme et du textile.

Ceux qui vivent en Autriche depuis au moins trois générations sont reconnus comme groupes ethniques autochtones : les Slovènes de Carinthie du Sud, les Croates du Burgenland (ainsi que quelques Hongrois), les Tchèques et les Slovaques enracinés à Vienne. Les Roms et les Sinti, pour leur part, vivent surtout dans les agglomérations du Burgenland, mais aussi à Vienne. L’Autriche fait la part belle à « l’austrianité » sanguine. Ainsi, les enfants d’immigrés nés à Vienne sont considérés comme des étrangers. Obtenir la naturalisation pour les immigrés est une procédure difficile. La loi autrichienne exige 10 ans de résidence, l’abandon de la nationalité d’origine et la réussite à un test en langue allemande.

Les Croates du Burgenland

La présence des Croates remonte à cinq siècles dans le Burgenland, alors région appartenant à la Hongrie. Employés comme mercenaires lors des guerres contre l’Empire ottoman, ils furent ensuite autorisés à s’établir. Au XIXe siècle, cette minorité, tout en affichant un fort sentiment identitaire, choisit la voie de l’intégration. Se fondant dans la population autrichienne, les Croates ont toutefois préservé leur langue et leurs traditions. Aujourd’hui, on dénombre 30 000 Croates en Autriche.

Les Slovènes de Carinthie

Les premiers Slovènes sont arrivés en Carinthie et en Styrie il y a plus de 1 400 ans. A la chute de l’Empire austro-hongrois, le rattachement de la Carinthie à l’Autriche ou à la Yougoslavie fit l’objet de nombreuses controverses. En 1920, par référendum, la région fit le choix d'intégrer l'Autriche. Dès lors, l'Autriche cohabita avec l’exception slovène. 50 000 Slovènes vivent en Autriche. Ils ont leurs propres médias et cultivent leurs traditions.

Les Hongrois

Lors des guerres turques du XVIe siècle, les empereurs recrutèrent des mercenaires hongrois pour protéger les frontières. Lorsque le Burgenland est rattaché à l’Autriche, en 1921, ces derniers constituent alors une minorité importante. Les tensions sont importantes dans l’entre-deux-guerres. Il y avait alors 25 000 Hongrois dans le Burgenland. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, leur nombre avait décru et l’exacerbation des nationalismes s’estompait. Le pays a connu un fort exode rural qui a accéléré leur intégration. Ils ont eu tendance à largement troquer leur langue maternelle pour l’allemand. Le hongrois s’est donc perdu et, aujourd’hui, les activistes de cette minorité lancent un vaste programme de sensibilisation chez les jeunes pour tenter de sauver l’identité nationale. On dénombre environ 25 000 Hongrois en Autriche.

Les Tchèques

Depuis le XVIe siècle, l'Autriche connaît des vagues d'immigration tchèque. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, elle enregistra l'arrivée de 200 000 immigrés qui s'installèrent principalement à Vienne et dans sa région. Avec le rideau de fer la suspicion entacha les relations entre les autorités autrichiennes et les personnes originaires de Tchécoslovaquie. Certains étaient en lien avec les communistes. Aujourd’hui, 30 000 Tchèques résident en Autriche et un peu plus d'un tiers d'entre eux pratiquent toujours leur langue.

Les Slovaques

Installés depuis plus de quinze siècles en Autriche, les Slovaques n’ont pas de bastion territorial. Leur représentativité est difficile à évaluer ; ils seraient environ 5 000.

Les Tziganes

Cinq groupes de Tziganes résident en Autriche : les Sinti, les Roms du Burgenland, les Lovaras, les Kalderash et les Arlije. Cette minorité est essentiellement localisée en ville. Exterminée durant la Seconde Guerre mondiale, elle n’a retrouvé son niveau de 1938 que très récemment.

Les juifs

Installée en Autriche depuis le IXe siècle, la communauté juive fut expulsée pour la première fois en 1421. Protégée sous Rodolphe II, la communauté fut à nouveau confrontée à l’antisémitisme au début du XVIIe siècle. En 1670, un décret impérial ordonne l’expulsion des juifs de Vienne, et la Grande Synagogue devient alors l’église Saint-Léopold. Il faut attendre 1867 pour que la Constitution reconnaisse aux juifs les mêmes droits qu'aux catholiques. En dépit d'un antisémitisme croissant, la communauté juive joue un rôle primordial dans l’économie et la culture autrichiennes, principalement à Vienne, de la fin du XIXe siècle jusqu'au début du XXe siècle. On peut citer, à cette époque, les figures emblématiques de Gustav Mahler, Arnold Schönberg et Alexander Zemlinsky pour le monde musical, de Freud pour la psychanalyse ou Stefan Zweig et Franz Kafka pour la littérature. Lorsque l'Autriche est annexée par l'Allemagne, la communauté juive de Vienne est estimée à 183 000 personnes, à l'époque la plus importante d’Europe. Seulement 2 000 survécurent à la déportation. Sur les 40 synagogues que comptait Vienne, une seule est encore debout. Au recensement de 2001, la communauté juive était de 7 000 membres à Vienne et de 8 140 dans tout le pays.