Petit lac de Prespes © verve231 - iStockphoto.com.jpg
Chamois du Mont Olympe © nplion - iStockphoto.com.jpg

Une diversité de paysages à protéger

La Grèce est une terre aux multiples écosystèmes. 15 000 km de côtes, des centaines d’îles, mais aussi les montagnes, qui couvrent 80 % de la surface du territoire, surtout dans la région continentale au nord. Vous passerez ainsi, en quelques kilomètres, d’une côte sableuse et aride à des vallées verdoyantes. Sans oublier la vingtaine de lacs que compte le pays. Il y a ici 420 régions protégées par l’Unesco et de nombreux espaces classées Natura 2000. La biodiversité est riche. Au mois de mai, 6 000 espèces différentes de fleurs sauvages tapissent les quatre coins de la Grèce. Au total, le pays possède plus de 200 espèces d'arbres et de grands arbustes, et ses forêts sont composées principalement de conifères à feuilles caduques, comme les hêtres et les châtaigniers. On y dénombre 900 espèces d'animaux, dont certains sont protégés, comme la tortue méditerranéenne Caretta caretta qui trouve refuge dans les eaux de Zakynthos et de Céphalonie. Le dauphin et le phoque moine, présents dans la mer Égée et la mer Ionienne, sont également l'objet d'actions de préservation. Un grand nombre de plages grecques se voient attribuer le Pavillon Bleu chaque année, signe de leur qualité environnementale.

Les espaces verts à explorer

Nés sous l’impulsion du dictateur Metaxas, dans les années 1930, ils sont aujourd’hui au nombre de dix, couvrant une superficie totale de près de 70 000 hectares. Les plus anciens, fondés en 1938, sont ceux du mont Parnasse (35 km2) et du mont Olympe (39 km2). Ce dernier abrite le nombre record de 1 700 espèces de plantes différentes. Il existe aussi deux parcs marins nationaux institués dans les années 1990 : celui d’Alonissos (2 800 km2) où vivent les derniers phoques moines et celui de Zakinthos (135 km2) avec les lieux de ponte des tortues caouannes. Chose étrange, ni la forêt de Dadia ni le riche delta de l’Evros ne bénéficient du statut de parc national. Ils sont toutefois protégés comme 400 autres sites en tant que « réserve naturelle » dans le cadre du plan européen Natura 2000, avec notamment une interdiction de pratiquer la chasse.  Le parc national de Prespas en Macédoine fut créé en 1974 et couvre les parties grecques du petit et du grand lac Prespa ainsi que les versants de la montagne Triklari et Varnounta. Le parc de Vikos, ouvert en 1973, abrite des variétés rares de plantes endémiques, comme la valériane, la centaurée, le lys, la ramondie, l’achillée, qui sont l’objet d’un intérêt scientifique au niveau mondial. Un autre parc national bien préservé, inauguré en 1938, se trouve au mont Olympe. L’Unesco l’a déclaré réserve de biosphère en 1981. S'y épanouissent tranquillement chats sauvages, ours, écureuils, daims et bouquetins, 108 espèces d’oiseaux ainsi que plus de 1 700 plantes, dont 32 ne poussent qu’ici. Cette abondante flore voit son intérêt renforcé par la présence de Jankea heldreichii, une plante vestige de l’ère glaciaire. Quant au parc national du Pinde, il fut fondé en 1966 et couvre 6 927 hectares. Il est donc le plus important de Grèce. La végétation qui y pousse est très dense et protège, entre autres, une population d’ours, loups, chacals, chèvres sauvages, ainsi que des reptiles. L’aigle royal y est aussi bien représenté. Le parc national de Parnitha, ouvert en 1961 et qui s’étend sur 3 816 hectares, à 30 km au nord-ouest d’Athènes, est l'un des plus visités du pays. Sa végétation est constituée à 90 % de sapins, Abies cephalonica ou sapin de Céphalonie, mais aussi de pins, de maquis, et de plusieurs variétés de crocus, tulipes, lys et violettes. Le parc national de Sounion couvre lui une superficie de 3,5 hectares et a été créé en 1971, au sud-est d’Athènes, autour du célèbre Cap du même nom. Il sert de refuge, entre autres, à de nombreuses espèces d’oiseaux migrateurs. Pour les fans de plantes, sachez par ailleurs que le jardin national, à deux pas de la place Syntagma à Athènes, juste derrière l’ancien palais royal, abrite plus de 500 espèces de plantes, provenant des cinq continents. Une oasis de verdure sur plus de 15 hectares.

Attention aux incendies

En août 2021, rien que sur l'île d'Eubée, plus de 50 000 hectares de l’île ont été anéantis par des incendies. De leur côté, les régions d’Athènes, de Béotie et du Péloponnèse ont subi des incendies, ainsi que les îles de Thassos et Elafonissos sont très régulièrement touchées. Mais, surtout, le pays reste très marqué par le souvenir douloureux de l'incendie de la station balnéaire de Mati, qui a coûté la vie à près de 102 personnes en 2018. Les incendies sont plus importants, et plus fréquents, du fait du réchauffement climatique, mais aussi de la gestion des forêts. À la télévision, des conseils pour prévenir les incendies sont désormais diffusés, pour inciter par exemple à tailler les branches des arbres trop proches des habitations ou encore de débarrasser les jardins des feuilles mortes. Toute personne témoin d'un départ de feu doit prévenir au plus vite les secours, le numéro européen d'urgence est le 112.

Des organismes au secours des animaux sauvages

Comme dans d'autres pays méditerranéens, la biodiversité terrestre et marine est impactée par l'action des hommes : urbanisation, dégradation des sols par l'industrie et l'agriculture, tourisme sont autant de menaces pour les autres êtres vivants. Et si le pays s’est lancé dans la production d’énergie « propre », on découvre à présent que les éoliennes qui dominent les côtes causent chaque année la mort de milliers d’oiseaux et de chauves-souris. Quant aux pesticides, dont l’usage est encouragé par les aides européennes, ils sont responsables de la diminution de 80 % de la population de rapaces dans le nord du pays depuis les années 2000. Fin juin 2019, la Commission européenne a engagé un recours contre la Grèce pour son « incapacité à protéger correctement la biodiversité ». Elle estime que le pays n'en fait pas assez pour protéger les habitats naturels et les espèces de son territoire. Heureusement, certaines associations apportent leur pierre à l'édifice. La Hellenic Ornithological Society, fondée en 1982, se consacre à la protection des oiseaux sauvages et de leurs habitats. Elle fait notamment un travail d'observation et de sensibilisation au parc Antonis Tritsis, dans l'agglomération d'Athènes (plus d'infos sur www.ornithologiki.gr). La fondation Arcturos, créée en 1992, se consacre, elle aussi, à la protection de la faune sauvage. Elle a notamment fondé un refuge dans le nord de la Grèce, près du village de Nymfaio, pour accueillir les ours et les loups blessés.

Une politique énergétique qui fait débat

L'un des gros points noirs de la politique environnementale de la Grèce est sa dépendance aux énergies fossiles. Un tiers de son électricité provient de la combustion du lignite, une forme appauvrie de charbon. C'est en Macédoine occidentale que cette matière est extraite et utilisée dans des centrales thermiques vieillissantes, ce qui en fait l'une des régions les plus polluées du pays. La combustion de lignite pour la production d'électricité a un impact très mauvais sur l'environnement et la santé. Il consomme d'énormes quantités d'eau, émet des polluants tels que du dioxyde de soufre, des oxydes d'azote, des métaux lourds et de grandes quantités de dioxyde de carbone. Les dépassements réguliers des normes sanitaires européennes coûtent à la Grèce plusieurs millions d'euros chaque année. Le pays a développé depuis plus de dix ans les énergies renouvelables. Des barrages hydroélectriques, ainsi que des installations solaires et éoliennes lui permettent de produire un autre tiers de son électricité. Le solaire, notamment, est bien développé en Grèce. Mais le doute plane sur sa capacité à fermer toutes ses centrales à charbon d'ici à 2028, comme l'a promis le gouvernement. Les associations WWF Grèce et Greenpeace Grèce alertent régulièrement sur ce sujet. En cause notamment, un projet de construction en cours d'une nouvelle usine de lignite géante, Ptolemais V, dans la région de Kozani.

L'arrivée au pouvoir, en 2019, du gouvernement du conservateur Kyriakos Mitsotakis n'est pas là pour rassurer les associations écologistes. Et aussi, c’est l'un des rares pays à n’avoir aucun député écologiste au Parlement européen. Et, depuis les élections législatives de 2019, plus aucun Vert ne siège à la Vouli (le Parlement grec). Afin de faire repartir l’économie, ce dernier a autorisé de grandes compagnies pétrolières comme Total, Exxon Mobil, Repsol ou Hellenic Petroleum à effectuer des forages, en Epire, en mer Ionienne et au large de la Crète. De plus, il a autorisé la poursuite de l’extraction d’or dans les mines de Skouries, dans le nord du pays. Les écologistes et les habitants de la région se mobilisent depuis des années contre ce projet porté par l’entreprise canadienne Eldorado Gold et qui avait été suspendu par Alexis Tsipras en 2015. Ils soulignent que des substances toxiques, comme de l’arsenic, sont utilisées pour extraire les métaux, ce qui dégrade les nappes phréatiques, l’air et le sol.

Des déchets mal gérés

L'autre gros point noir de la politique environnementale de la Grèce est sa gestion des déchets. Le pays a déjà été condamné plusieurs fois pour ses défaillances en la matière par la Cour de Justice de l'Union européenne. Les décharges illégales sont nombreuses, et même si cela s'est amélioré ces dernières années, les infrastructures des déchets dangereux sont jugées insuffisantes. En périphérie d’Athènes, à Fyli, la plus grande décharge du pays offre un triste spectacle de montagnes de déchets. Autre exemple symptomatique : alors que l’utilisation de sacs plastique a été officiellement interdite en 2017, leur usage perdure et a même continué d’augmenter. Les Grecs ne trient pas assez. Selon les statistiques nationales, la moitié des déchets jetés dans les poubelles bleues prévues pour le plastique n'en sont pas. Seuls 16 % des déchets sont recyclés alors que la moyenne européenne est de 44 %. Les touristes ont aussi leur part de responsabilité, en laissant mégots, bouteilles et canettes sur les plages. Trente-six tonnes de plastique atterrissent dans les mers de Grèce chaque jour, selon le gouvernement, qui s'est engagé dans un plan de réduction de ces déchets. L'association Clean Up Greece, fondée en 1992, organise régulièrement des opérations de nettoyage et de sensibilisation. Également investie sur ce terrain, l'association Healthy Seas récupère des déchets dans la mer Méditerranée pour les transformer en matière textile.

Les alternatives en action

Le tourisme atteint des records en Grèce, représentant aujourd'hui environ 20 % du PIB et employant 25 % de la population active du pays. Pour éviter de dégrader son bel environnement, la Grèce cherche à présent à miser sur la qualité, plus que la quantité. Des formes de tourisme alternatives se développent à l'exemple de l'agrotourisme. Il est possible de visiter et séjourner dans des fermes un peu partout dans le pays. Citons par exemple le domaine oléicole bio Les Trois Tortues (www.trois-tortues.com), à la pointe sud occidentale du Péloponnèse, un écogite créé par un couple franco-grec. Il est aussi possible de faire du volontariat dans des fermes en échange du gîte et du couvert, le site https://wwoof.gr en répertorie une centaine. Mais on trouve également une grande créativité en ville, à commencer par Athènes, qui accueille de nombreuses boutiques bio et de récup', notamment dans le bouillonnant quartier d'Exárchia. À ne rater sous aucun prétexte !