Stade Panathénique qui a accueilli les premiers jeux olympiques de 1896 à Athènes © Anastasios71 - Shutterstock.com.jpg

Rites et participants

Le sanctuaire d’Olympie se trouve dans le Péloponnèse sur le territoire de la cité d’Élis, qui a donc la charge d’organiser l’événement tous les quatre ans, en été. Dix mois avant le début des épreuves, le roi d’Élide rassemble les hellanodices, juges qui veillent au respect des règles. Puis des hérauts partent à travers le monde grec annoncer la trêve olympique : un mois avant les Jeux, les conflits entre cités doivent cesser afin que les athlètes puissent venir en paix. Ceux qui y contreviennent, comme les Spartiates durant la guerre du Péloponnèse, se voient infliger de fortes amendes. Toutes les cités grecques et plus tard leurs colonies envoient leurs délégations de pèlerins et d’athlètes. Dans l’enceinte du stade et de l’hippodrome sacrés, à l’exception de la prêtresse du culte de Déméter, seuls les hommes peuvent entrer, qu’ils soient grecs, barbares ou esclaves. Et dans le reste du sanctuaire, sacrificateurs, danseurs et musiciens assurent l’animation.

Déroulé des épreuves

Jusqu’en 472 av. J.-C., les Jeux ne durent qu’une journée. À l’aube, les athlètes se réunissent pour jurer devant l’autel de Zeus respect et obéissance aux règles olympiques. Les premières épreuves sont celles des courses de chevaux. Elle se déroulent dans l’hippodrome, localisé par les archéologues, mais toujours enfoui sous les alluvions de l’Alphée. Les quadriges tirés par quatre chevaux s’élancent en premier pour 12 tours de piste (environ 14 km). Suivent les synoris (chars tirés par deux chevaux) pour 8 tours et les keles (chevaux montés à cru) parcourant 6 tours. Le plus souvent, ce sont des esclaves qui s'affrontent, mais c’est le propriétaire du ou des chevaux vainqueurs qui reçoit la récompense, une règle qui a ainsi permis à quelques femmes d’être sacrées championnes. Les spectateurs se déplacent ensuite vers le stade où ont lieu les épreuves gymniques (« nues »), les athlètes concourant simplement enduits d’huile pour limiter la déshydratation. Toujours accessible aujourd’hui, la piste s’étend sur 192,27 m de longueur, ce qui correspond à 600 fois le pied d’Héraclès. Alors que le soleil tape déjà, commence le pentathlon, épreuve regroupant lancer du disque, lancer du javelot, saut en longueur, course à pied et lutte. Puis viennent le dolichos, course de fond consistant à parcourir 24 stades (4,6 km), et l’épreuve reine, le stadion, où les athlètes sprintent sur un stade (192,27 m). Après chaque épreuve, le premier reçoit sa récompense : pas une seule drachme, mais une couronne de laurier et l’honneur d’entendre son nom, celui de son père et celui de sa cité. Le sable est ensuite arrosé pour accueillir les épreuves dites « lourdes » : la lutte, le pugilat (proche de la boxe anglaise) et le pancrace, sorte de free fight où tous les coups sont permis… sauf les doigts dans les yeux. La compétition s’achève par la course en armes introduite en 520 av. J.-C., où les coureurs en tenue d’hoplite (casque, bouclier et lance) effectuent deux stades. Les Jeux sont terminés. Débute alors une longue nuit d’ivresse.

Les autres jeux

À partir du VIIe siècle av. J.-C. sont créés quantité de concours similaires en Grèce, comme les Jeux pythiques et déliens organisés dans les sanctuaires de Delphes et de Délos en l’honneur d’Apollon. Les épreuves changent parfois, avec des disciplines supplémentaires (chant et poésie à Delphes, par exemple) ou des longueurs de stade différentes (les unités de mesure varient d’une cité à l’autre). Les athlètes ont donc un calendrier chargé. Ils essayent de se concentrer sur les concours les plus prestigieux : ceux d’Olympie en priorité, puis les Jeux pythiques (à Delphes), les Jeux isthmiques (à Corinthe) et les Jeux néméens (à Némée puis à Argos). Ces quatre-là forment ce qu’on appelle les Jeux panhelléniques (« de tous les Grecs »). Organisés en alternance chaque année sur un cycle de quatre ans, ils rythment la vie des cités et vont perdurer jusqu’au début du Moyen Âge.

Le déclin

En 148 avant notre ère, deux ans après la conquête de la Grèce par Rome, les athlètes romains sont admis à participer aux Jeux olympiques. Cela ne va pas sans provoquer la colère de nombreux Grecs. Et, effectivement, les Romains vont peu à peu dénaturer l’esprit des Jeux. Ils introduisent d’abord l’argent, pas directement dans l’enceinte sportive, mais en payant cher pour constituer des écuries d’athlètes. En 80 av. J.-C., des Jeux concurrents sont organisés à Rome avec des récompenses en or pour les vainqueurs, si bien que rares sont les athlètes qui se rendent à Olympie cette année-là. Et, en 67 av. J.-C, Néron lui-même participe à plusieurs épreuves olympiques. Lors de celle du quadrige, l’empereur tombe de son char dans un virage, mais il a si bien corrompu les hellanodices qu’il est déclaré vainqueur. L’année suivante, après son assassinat, toutes ses victoires sont annulées. Le concours sportif le plus réputé de Méditerranée perd ainsi progressivement de son aura. Il perdure jusqu’en 394 de notre ère, date à laquelle l’empereur Théodose fait interdire toutes les cérémonies païennes de l’Empire devenu chrétien. Le sanctuaire d’Olympie est abandonné, incendié par Théodose II en 426 avant d’être plusieurs fois enseveli par les eaux de l’Alphée.

Les JO modernes

Le souvenir des olympiades refait surface au XIXe siècle lorsque commence à se développer la pratique du sport. Deux hommes s’efforcent de recréer les Jeux : le Grec Dimitrios Vikelas et le Français Pierre de Coubertin, fondateurs du Comité international olympique en 1894. L’entreprise est difficile, mais les premiers JO modernes ont lieu à Athènes en 1896. L’engouement est tel que chaque pays entend bientôt accueillir les Jeux. Toutefois, l’esprit olympique est largement dénaturé : les femmes sont admises (on ne s’en plaindra pas), de nouvelles disciplines font leur apparition, la trêve olympique n’est plus respectée, etc. Le gros changement, c’est surtout que les Jeux n’ont plus lieu à Olympie, mais dans une ville différente tous les quatre ans. Toutefois, en 2004, la Grèce est le plus petit pays à accueillir les Jeux modernes après la Finlande en 1952. Pour célébrer la grand-messe du sport, le pays se lance entre 1997 et 2004 dans de vertigineux travaux avec le soutien de l’Union européenne et le stade d’Olympie n’accueillera que l’épreuve du lancer du poids, un pauvre lot de consolation, car cette discipline n’existait pas dans la Grèce antique. Le chantier olympique prendra beaucoup de retard entre les blocages bureaucratiques et financiers et les interruptions nombreuses face aux vestiges archéologiques mis à nu par les travaux. Toutefois, la Grèce sera prête à temps, mais à quel prix... Ce retour des Jeux en Grèce, estimé à l’origine à 4,6 milliards d’euros, coûtera finalement 11,2 milliards selon les chiffres officiels et mettra l’économie du pays à genoux.