19_Dans les rues de Porto © ksl - Shutterstock.com.jpg

Une population majoritairement urbaine

Au sortir de la dictature de Salazar en 1974, un changement d’occupation du territoire national s’est opéré. Suivant l’exode rural des autres pays européens, la population s’est elle aussi dirigée vers les villes. Aujourd’hui, plus de 60 % des Portugais habitent en ville ou en périphérie urbaine, Lisbonne, la capitale et Porto en tête, suivies d’Aveiro, Braga, Chaves, Coimbra, Guimarães, Evora et Faro (en prenant en compte la taille de leur agglomération). Au tournant du siècle d’innombrables infrastructures ont été construites pour attirer en ville les autochtones. Ces derniers se sont déplacés vers les villes pour des raisons socio-économiques évidentes.

Les minorités et la diaspora portugaise

La population du Portugal est restée remarquablement homogène, depuis le Paléolithique, c’est pourquoi il est le premier État unifié du continent. De par sa position géographique, avec l’Espagne qu’il faut obligatoirement traverser pour le rejoindre, le Portugal n’a pas été aussi marqué par la diversité ethno-culturelle que ses voisins. Cependant, les traditions diffèrent parfois d’une région à l’autre, et entre la ville et la campagne.
De 1960 à 1990, le Portugal a connu le plus haut taux d’émigration en Europe, les Portugais espérant trouver de meilleures conditions de vie. La diaspora portugaise est très présente en France qui compte près de 800 000 personnes (mononationaux et binationaux compris). Beaucoup vivent en région parisienne mais la communauté portugaise est dispersée un peu partout en France. Le Brésil, pays lusophone, héberge environ 60 % de la diaspora portugaise. Pourtant, parmi les 5 % d’étrangers qui constituent la minorité au Portugal, une personne sur 3 est brésilienne (1 sur 5 en 2018). Ces derniers viennent depuis de plus en plus nombreux depuis 2017 alors que la situation socio-économique de leur pays reste tendue. En deuxième, ce sont les Britanniques à cause de l'effet Brexit. Suivis des Capverdiens. Après que le Cap-Vert a obtenu son indépendance, une grande majorité de ses habitants se sont réinstallés au Portugal. L’aéroport de Lisbonne est d’ailleurs la principale zone de transit pour les Capverdiens habitant dans les autres pays d’Europe (exemple : Paris-Lisbonne-Praia) souhaitant retourner dans leur pays insulaire. Les Chinois aussi disposent d’une petite communauté au Portugal. A Lisbonne, dans le nord-ouest, la place Martim Moniz est la porte d’entrée à un petit Chinatown. Les meilleurs restaurants chinois s’y trouvent. Quelques centaines de tziganes vivent dans la région de l’Algarve. Ce groupe gagne sa vie majoritairement en vendant de l’artisanat, parfois en mendiant bien que le gouvernement essaye de l'intégrer.

La politique de migration volontaire du Portugal

En 2018, le Portugal a été parmi les premiers pays européens à proposer d’accueillir les réfugiés du bateau humanitaire Lifeline de l'ONG allemande Mission Lifeline. A contre-courant des autres pays européens qui cherchent à restreindre l’entrée sur le territoire de migrants, le Portugal mise sur l’immigration pour enrayer son déclin démographique. Le pays était devenu un pays d’accueil d’immigrés (pour la majorité des réfugiés africains demandant l’asile) à partir de 1993.
Lors de la crise économique en 2011, le Portugal s’est retrouvé avec un solde migratoire négatif de 24 331 habitants. En 2016, ce solde a diminué à 8 348.
En mai 2018, le Premier ministre António Costa déclarait lors du congrès de son parti socialiste : « Nous avons besoin de plus d'immigration et nous ne tolérons aucun discours xénophobe ». Suite à cela le gouvernement s’est lancé dans une politique de migration volontaire en prenant tout d’abord des mesures pour être plus attractif : demandes de visas facilitées pour les étudiants et les start-up souhaitant s’implanter sur le territoire portugais.
Un précédent plan d’accueil des réfugiés lancé entre 2015 et 2017 a permis d’accorder l’asile à 1 552 réfugiés. Seulement une moitié d’entre eux sont allés vers d’autres pays comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni.
Une étude de la Fondation Francisco Manuel dos Santos estimait en 2017 que pour maintenir le niveau de population générale et active, il faudrait 75 000 nouvelles personnes par an. La Fondation Manuel dos Santos a pour but d’étudier la société portugaise au travers d’études qu’elle publie et de susciter le débat public sur des questions de société qu’elle estime importantes.
En 2018 l’immigration a finalement augmenté. 480 300 personnes ont reçu une autorisation de résidence, soit +13,9 % par rapport à 2017. Parmi eux, 93 154 sont de nouveaux résidents. En 2022, il y avait 757 252 étrangers au Portugal, des chiffres en augmentation constante depuis 7 ans. C'est 8 % de plus qu'en 2021. Le mouvement ne semble pas s’essouffler, au contraire, malgré la pandémie, la crise ou la guerre, l’augmentation du nombre d’étrangers s’accélère.

Les deux langues officielles du Portugal

Fait étonnant : ce n’est qu’en 2001 que le portugais a été reconnu comme langue officielle du pays quand il a enfin été mention de cette langue dans la Constitution portugaise, à l’article 11 : « Le portugais est la langue officielle. » C’est une langue romane, comme le français, issue du latin, née au IIIe siècle avant J.-C. quand les Romains ont envahi la péninsule Ibérique. Le portugais est la 4e langue européenne la plus influente du monde après l’anglais, l’espagnol et le français. Environ 200 millions de locuteurs lusophones sont répartis sur le globe, notamment dans les anciens pays colonisés, au Brésil, en Angola, au Mozambique et à quelques endroits d’Asie comme Macao. Le dialecte est bien sûr un peu différent dans chacun de ces pays : les Brésiliens usent du você de politesse quand ce n’est pas le cas des Portugais. Ils s’adresseront à vous d’un « o senhor » ou « a senhora ». Au Cap-Vert, le créole s’invite dans le portugais.
En 1996 les pays parlant le portugais (Portugal, Brésil, Angola, Sao-Tomé-et-Principe, Mozambique, Cap-Vert et Guinée-Bissau) ont décidé de s’unir pour créer la Communauté des pays de langue portugaise afin de promouvoir la langue et la culture communes qu’ils partagent. Leur travail porte essentiellement sur l’éducation.
Le Portugal n’est pas aussi monolingue qu’on le croirait. Hormis le portugais, une autre langue officielle y est parlée par environ 10 000 personnes dans un périmètre de 500 km². Son nom, le mirandais, un dialecte astur-léonais de la région du Tras-os-montes. Cette langue était celle du royaume de Léon, écrite jusqu’au XIVe siècle à côté du galicien-portugais dans les papiers officiels.  Et pourtant, elle a souvent été jugée comme un dialecte de pauvres paysans. Le mirandais est malheureusement de moins en moins parlé faute de transmission entre les générations. L’Institut de la langue mirandaise fondée en 2003 tend à promouvoir et normaliser cette langue que vous verrez inscrite sur les panneaux indicatifs des noms de villes dans la région de Miranda do Douro.