1427

Cette date marque la découverte de la première île. Prudents, les historiens estiment désormais que les îles ont été reconnues par les Portugais, initialement lors d’un retour de Madère. Devant le trouble qui entoure les dates exactes de la découverte de l’archipel, certains ont avancé l’idée que l’existence des îles était maintenue secrète par peur de la piraterie hispanique ou italienne. À défaut d’avoir une thèse plus valable que celle de Frutuoso sous la main, on peut considérer que le premier des découvreurs dûment mandatés fut Gonçalo Velho. Envoyé par Henri le Navigateur pour prendre possession, au nom du Portugal, de cette île qu’avait touchée en 1427 Diogo de Silves, Gonçalo ne se laissa pas impressionner par les rumeurs de magie qui entouraient l’escale de son prédécesseur : le 15 août 1432, il la baptisait Santa Maria.

1400 - 1460

Gonçalo Velho

Frère Gonçalo Velho est un explorateur portugais qui a notamment était mandaté pour reconnaître et cartographier l’archipel des Açores. Collaborateur intime du Prince Henri, le doute subsiste toujours et on ne sait pas s’il est celui qui a découvert les Açores en premier ! En 1431, il effectue son premier voyage pour localiser des îles aperçues par Diogo de Silves en 1427. C’est à Santa Maria, puis à São Miguel qu’il fait tout d’abord escale. Son nom a aujourd’hui une place importante dans l’archipel, la grande place de la capitale porte par exemple son nom.

Statue de Gonçalo Velho © Kagan Kaya - shutterstock.com.jpg

1427 – 1452

Cette période marque la découverte progressive de l’archipel. Les marins portugais découvrirent, dans l’ordre, São Miguel, Terceira, Graciosa, Pico, Faial, São Jorge, et enfin Flores et Corvo. Quant au nom générique des Açores, il vient des nombreux oiseaux que les premiers marins virent tourner au-dessus d’eux, et qu’ils prirent pour des autours (Açores en portugais). Ils n’étaient que des milans, mais le nom est resté.

1439

C’est le début du peuplement. Il sera essentiellement le fait des Portugais les plus pauvres de l’Alentejo, de l’Estremadura ou de l’Algarve, mais aussi de Flamands (à Terceira notamment, grâce à Jácome de Bruges, premier capitaine-donataire de l’île, qui y fit venir ses compatriotes), de Bretons et de Normands, en vertu d’accords passés avec le gouvernement de Lisbonne. Quelques repris de justice y seront expédiés une fois leur peine achevée, et une poignée de Maures et de juifs fera le voyage également. L’ensemble va donner aux Açoriens un air bien moins méridional que celui des Portugais du continent, des consonances un peu nordiques dans certains noms de villages et des moulins à vent dans le paysage. L’histoire des Açores est aussi intimement liée à celle des traversées de l’Atlantique. Les navigateurs de toutes nationalités ont tôt fait de remarquer leur position idéale comme escale des grands voyages, surtout au retour.

XVe siècle

Étape sur la route des Indes (occidentales) et des Amériques, abri au milieu d’un océan souvent violent, les Açores servent de refuge à de nombreux navires chargés de richesses qui éveillent l’appétit des pirates et les convoitises des puissances concurrentes du Portugal. Terceira devient en effet une véritable plaque tournante du commerce transatlantique. Les bateaux provenant du Brésil ou d’Amérique centrale déchargent leurs marchandises sur l’île et d’autres les conduisent en Europe. Par ce biais, l’économie pour les armateurs était considérable et les risques de naufrage beaucoup moins grands. Un nombre encore inconnu de galions dorment dans les fonds limpides qui entourent les neuf îles des Açores. Ils ont été attaqués par les pirates ou les corsaires, coulés par les tempêtes, et avec leurs équipages comme leurs trésors s’en est allée la mémoire de leurs périples et de leurs naufrages.

4 août 1578

Malgré l’avis d’une partie de sa cour, le roi du Portugal dom Sebastião part en Afrique combattre les « infidèles », à la tête d’une armée grosse de 800 voiles environ. C’est la déroute : le 4 août 1578, il est écrasé à Ksar el-Kébir (Alcacer-Quibir) avec toutes ses troupes, et lui-même perd la vie. Nombreux sont ceux qui ne crurent pas à sa disparition et espérèrent son retour, mais concrètement il n’y avait pas d’héritiers (puisque le défunt roi n’avait pas d’enfants).

Statue de Dom Sebastião © chrisdorney - shutterstock.com.jpg

1580

Suite à la disparition du roi du Portugal dom Sebastião, deux prétendants réclamèrent alors le trône : Philippe II d’Espagne, son cousin ; et dom António, père supérieur du Crato, son cousin germain. Dom António est d’abord proclamé roi à Santarém, en 1580, mais le roi d’Espagne le défait un peu plus tard à la bataille d’Alcântara. Tout le pays tombe alors sous le joug hispanique. Tout ? Non, une île résiste encore et toujours à l’envahisseur : Terceira, aux Açores.

25 juillet 1581

Là-bas, le corregedor (sorte de procureur civil ou de magistrat gérant les affaires administratives et judiciaires d’une région), Ciprião de Figueredo, prend le parti de dom António et met en déroute les Espagnols à la bataille de Salga, le 25 juillet 1581, avec l’aide de bovins lancés contre les troupes ennemies. La devise du capitaine était éloquente : « Autant mourir libres que vivre assujettis en paix. » Plus tard, dom António nomma Manuel da Silva pour le représenter, et toutes les Açores penchèrent pour le parti du prieur, à part São Miguel et Santa Maria.

1640

Il faudra trois années de guerre, durant lesquelles des navires français prêteront parfois main-forte aux Açoriens, pour que Philippe II achève d’asseoir son autorité après une rude bataille à Terceira, près de Praia da Vitória. Pendant trois ans, cette île sera l’unique foyer de l’autonomie. Ce n’est finalement qu’en 1640, après la restauration de l’indépendance du Portugal, que les Açores rentreront dans le giron continental.

1717

L’archipel reste divisé. Un schisme religieux au sein de l’ordre des Franciscains, dont le pouvoir spirituel aux Açores persistait depuis les premiers jours de la Découverte, sépare les îles en deux provinces distinctes (Angra et Ponta Delgada), ce qui alimente la confusion politique et aggrave la séparation de l’archipel en deux zones d’influence.

26 janvier 1771

Les Açores deviennent, par décret, une province du Portugal. Ainsi, inévitablement, São Miguel entreprend son mouvement d’émancipation dès le début du XIXe siècle ; île plutôt riche, elle ne supporte pas que le gouvernement général siège à Angra où l’argent est toujours transporté. Elle souhaite décider elle-même de son propre avenir et conserver la mainmise sur le Trésor.

1807

L’archipel entier cherche alors son identité, au moment où, après le traité de Fontainebleau de 1807 signé avec l’Espagne, Napoléon envahit le Portugal, obligeant la reine et la Cour à fuir pour le Brésil. Alors les Anglais débarquent à Madère et aux Açores, officiellement en « protecteurs », et les consuls deviennent bien vite de véritables pouvoirs parallèles.

1er mars 1821

Une  révolte éclate à Ponta Delgada, menée par Noronha et João Soares de Albergaria, qui proclame un gouvernement provisoire de l’île de São Miguel, fidèle à la Constitution et au gouvernement, alors organisé en Assemblées de Porto et Lisbonne, après l’expulsion de Beresford.

1822

Le continent reconnaît cette nouvelle autorité et sépare les deux îles orientales des autres, toujours soumises au capitaine général. Lisbonne décide ensuite de diviser les Açores en trois juridictions gouvernées par des juges corregedores : Ponta Delgada, Angra et Horta, qui elle aussi s’est aussi affranchie de la tutelle de Terceira. À ce moment cependant, la majorité des habitants de l’archipel sont fidèles au roi Jean VI, revenu à Lisbonne, qui avait accepté par serment la Constitution en 1822.

1826

Pedro IV est désigné roi. Il octroie une charte et abdique en faveur de sa fille Marie, tandis que son propre frère, Miguel, devient régent. Celui-ci usurpe toutefois le trône en 1828, abolit la charte et se proclame roi absolu. Toutes les îles des Açores l’acceptent alors comme tel, sauf Terceira, où d’incessants conflits entre libéraux et absolutistes déchirent la population. Le nouveau capitaine général envoyé là-bas, Sousa Prego, n’est pas reçu à Angra où il n’est pas le bienvenu ; il s’installe alors à Ponta Delgada, qui va prendre une nouvelle importance administrative.

Pedro IV © Kiev.Victor - shutterstock.com.jpg

Août 1829

Évidemment, les choses n’en restent pas là. En août 1829, Sousa Prego essaye de soumettre Terceira par la force en débarquant avec 3 500 hommes : les libéraux remportent finalement la bataille, après une lutte fratricide où ne périssent pas moins de 1 000 malheureux. C’est grâce à cette victoire que Praia mérita son nom de Praia da Vitória (« plage de la victoire »). Peu à peu, les libéraux (appelés aussi constitutionnalistes, puisqu’ils se soumettent à la Constitution et non à l’absolutisme de dom Miguel) vont réussir à conquérir les autres îles de l’archipel, tandis que tous les miguélistes (partisans de dom Miguel) fuient vers São Miguel.

1er août 1831

Les absolutistes sont finalement défaits à Ladeira da Velha, et Sousa Prego fuit sous protection britannique. C’est la fin du régime des capitaines généraux. Une leçon importante se dégage : la tentative d’unifier les Açores a échoué ; en fait le concept de centralisation n’est pas du tout une réalité de l’archipel.

1834

Après y avoir constitué un conseil de régence, en 1834, dom Pedro IV utilise Terceira comme base d’expédition vers les côtes portugaises à la tête de son armée. Récupérant la couronne aux dépens de son frère, il fait entrer le Portugal dans l’ère moderne et Terceira dans l’histoire, donnant à la capitale de l’île le nom d’Angra do Heroísmo en souvenir du soutien qu’elle lui a fourni.

1893

Durant la période contemporaine, l’histoire des Açores se fait plus calme. Les divisions ne cessèrent pas cependant après cette guerre civile sanguinaire, São Miguel ne reconnaissant toujours pas la suprématie de Terceira dans la région, et les miguélistes fomentant de temps à autre des guérillas contre les institutions dirigées par les libéraux. Mais peu à peu les tensions retombent, et l’archipel entre dans la voie de l’ère industrielle. Le premier câble sous-marin transatlantique relie Faial au reste du monde, les îles s’ouvrent peu à peu vers l’extérieur, et l’hémorragie des grandes émigrations commence : c’est que la situation économique n’est pas vraiment rose.

1945

Création de la base militaire américaine de Lajes à Terceira.

Avril 1974

La Révolution des œillets vient mettre une dernière petite touche d’agitation aux Açores. La population n’étant que très moyennement portée sur le thème « du pouvoir aux travailleurs », les événements de Lisbonne (avec l’aide d’informations soigneusement sélectionnées par l’Église) ont paru à distance particulièrement inquiétants. Durant les premiers mois de la révolution, la peur du communisme, tant de la part de la population que des Américains qui craignaient de voir disparaître une base stratégique, a fait (re) naître un mouvement indépendantiste.

1976

Mais la suite des événements a ramené à leur calme habituel les Açoriens, satisfaits par le statut de Région autonome qui leur est accordé en 1976. Les Açores deviennent une Région autonome du Portugal, avec une assemblée et un gouvernement régional. A sa tête, João Bosco Mota Amara, membre du parti Social-Démocrate (conservateur).

1983

Angra do Heroísmo est classée au patrimoine historique mondial par l’UNESCO.

1986

L’entrée du Portugal dans la Communauté européenne en 1986 a presque définitivement conquis les derniers sceptiques, et les aides de Bruxelles aux régions périphériques constituent de solides arguments pour les convaincre. C’est sous ce statut que vivent aujourd’hui les Açores, dotées d’un gouvernement régional dont les différents services sont répartis entre Ponta Delgada (São Miguel), Angra do Heroísmo (Terceira) et Horta (Faial).

20 octobre 1995

Alberto Madruga da Costa, du Parti social-démocrate, prend la tête du gouvernement des Açores. Une présidence qu'il n'exercera qu'une année puisqu'en novembre 1996, il cède sa place au socialiste Carlos César.

2 octobre 1997

Après avoir intégré l’Union européenne, les Açores ont été reconnues, en 1997, comme Région ultrapériphérique de l’UE. Les RUP sont des territoires qui font partie de l’Union européenne, mais sont situés très largement en dehors du continent. Ces régions bénéficient d’un statut particulier et possèdent des avantages, notamment sur le plan fiscal. En effet, l’insularité, le relief volcanique, la distance avec le continent sont autant d’obstacles au développement de ces régions. Les Açores perçoivent à ce titre des indemnités assez conséquentes de l’UE.

17 octobre 2004

Victoire du parti socialiste aux élections régionales.

2008

Nouvelle victoire du parti socialiste aux élections régionales avec 49,96 % des voix.

2010

Les Açores sont nommées « Région européenne de l'année » par la Commission européenne, notamment pour récompenser leur modèle de tourisme durable, entre respect des traditions et de la nature.

6 novembre 2012

Après seize ans d'exercice à la tête du gouvernement des Açores, Carlos César est remplacé par Vasco Ilídio Alves Cordeiro, du même bord politique. Les prochaines élections régionales se tiendront en octobre 2016.

Octobre 2015

En tête en nombre de votants, mais incapable de constituer une majorité parlementaire, la coalition de droite perd le pouvoir à la suite des élections législatives portugaises ; le Parti socialiste forme un gouvernement soutenu par la gauche portugaise.

24 janvier 2016

Sans surprise, le conservateur Marcelo Rebelo de Sousa remporte les présidentielles dès le premier tour avec 53 % des voix.

16 octobre 2016

Avec 40,84 % des voix, le PS gagne une nouvelle fois les élections législatives et Vasco Cordeiro reste à la tête de l'exécutif régional.

1er octobre 2017

Le Parti socialiste sort vainqueur des élections municipales.

25 octobre 2020

Après près de 30 ans de gouvernance du PS, une coalition menée par le PSD, le parti d'opposition, remporte les élections régionales, ouvrant ainsi une nouvelle page politique aux Açores.