Dans les rues de San Juan © Dennis van de Water - Shutterstock.com.jpg

Un peu d’histoire

La population des Antilles s’élevait à 230 000 habitants, avant l’arrivée des Européens. La majorité était des Indiens Taïnos, une ethnie autochtone issue des Arawaks (Amérindiens des Antilles). La colonisation a eu raison de leur survie. A l’exception de Porto Rico, où ils ont subsisté plus longtemps qu’à Cuba ou en Haïti. L’héritage culturel ancestral reste néanmoins vivace : les Portoricains d’aujourd’hui (« Puertorriqueños ») sont aussi surnommés Borinquens ou Borinkens (« Boricuas »), d’après le nom que les Taïnos avaient donné à leur île avant l'arrivée des Espagnols : Boriquén signifiant «Terre du grand dieu».

Entre 30 000 et 60 000 Taïnos peuplaient l’île de Porto Rico avant la découverte de l’île par Christophe Colomb en 1493. Après les premières années de colonisation espagnole du début du XVIe siècle, une autre grande vague d’immigration est survenue au début du XIXe siècle. Le décret royal des Grâces de 1815, ordonné par l’Espagne, permet à de nombreux catholiques européens de posséder un bout de terre conséquent à Porto Rico. Des Français, des Corses, mais aussi des Portugais, des Irlandais, des Allemands et des Italiens débarquent. Alors que 150 000 âmes vivaient à Porto Rico en 1800, elles seront 1 million un siècle plus tard.

Dans les années 1930 et 1940, de nombreux juifs venus d’Europe pour échapper à l’horreur de l’Allemagne nazie, s’installent à Porto Rico. Ils seront rejoints par leurs frères de Cuba aux débuts des années 1960, qui eux fuient la politique de Fidel Castro. Le XXe siècle est également marqué par une forte vague d’émigration pour de nombreux Portoricains, désireux de s’installer aux Etats-Unis afin de bénéficier pleinement de leur citoyenneté américaine. La première vague de départ débute en 1940, mais elle est incomparable à celle qui se produit à la fin des années 1950 et qui durera une dizaine d’années. Durant cette période, 1 million de personnes quittent Porto Rico ! Beaucoup de ces migrants s’installent à New York pour fuir le chômage galopant de l’île. Ils deviendront ce qui s’appellera plus tard les « Nuyoricans ». Miami, Orlando, Chicago, Philadelphie, Newark et Boston sont leurs principaux points de chute.

Ces dernières années, les autorités portoricaines ont enregistré l’arrivée d’immigrants latino-américains. Ils viennent essentiellement de la République dominicaine, d’Haïti, du Venezuela, d’Argentine et de Colombie.

Une population majoritairement urbaine

Au début des années 1970, Porto Rico franchissait tout juste la barre des 3 millions d’habitants. Si au début des années 2000,la population de l’archipel frôlait les 4 millions, elle se stabilise en 2020 de nouveau aux alentours de 3 millions, dont 94 % en zone urbaine.

La population de Porto Rico enregistre sa plus forte augmentation en 1963 (+2,21%) et sa plus forte baisse en 2018 (-3,97%). Cet exode massif commence en 2015 et s’accentue après le passage de Maria en 2017. Porto Rico reste néanmoins l’une des îles les plus densément peuplées, non seulement des Caraïbes, mais aussi du monde, avec une densité de 360 habitants/km2 (2020).

La population de Porto Rico n’est pas massivement afro-caribéenne comme d’autres îles des Caraïbes ni complètement anglo-saxonne, mais un peu tout à la fois. Et c’est ce qui fait la particularité de l’identité portoricaine. Sans rentrer dans le détail des différenciations ethniques, la population est globalement composée de 70% de « blancs », 8% de « noirs » et 20% de métisses. Avec un âge moyen de 43,6 ans (2020), elle reste dans la « norme » internationale. Les enfants âgés de 0 à 14 ans forment 19 % de la population, les adultes de 15 à 64 ans en rassemblent 66 %, tandis que les plus de 65 ans atteignent les 15 %. Les femmes portoricaines ont en moyenne 1,6 enfant. L’espérance de vie dans le pays est de 78,9 ans.

L’espagnol, première langue officielle

Ce n’est pas parce que l’anglais et l’espagnol sont les deux langues officielles de l’île que tous les Portoricains sont bilingues. Loin de là. Si dans l’industrie du tourisme, tout le monde manie couramment l’anglais et l’espagnol, il est préférable pour les visiteurs de maîtriser la langue de Cervantès, plutôt que celle de Shakespeare, dans la mesure où de très nombreux Portoricains ne parlent pas l’anglais, et où ils parlent tous espagnol entre eux. 
Jusqu’à la prise de contrôle de Porto Rico par les Américains en 1898, tout le monde parlait espagnol. La langue des Taïnos avait alors presque totalement disparu dans le langage courant à cette date.
En 1902, sous la loi Foraker, il est établi que dans chaque département insulaire, les instances gouvernementales doivent adopter l’anglais comme langue co-officielle de l’espagnol. Mais quand le 2 mars 1917, le président des Etats- Unis, Wilson, signe la loi Jones qui fait de Porto Rico un territoire américain, l’anglais est instauré comme la seule langue officielle. Règne alors la confusion. Difficile de répandre l’anglais dans un pays entier quand seule une petite minorité le pratique. En 1946, une loi permet d’y voir plus clair. L’espagnol est la seule langue à pouvoir être utilisée pour l’enseignement dans les écoles publiques. Mais il faudra tout de même attendre 1993, pour que dans les textes, l’espagnol redevienne l’une des deux langues officielles de Porto Rico.

Tiempo latino

Air des Caraïbes oblige, les Portoricains vivent dans une ambiance décontractée, surtout en dehors de San Juan. Mais ce n’est pas parce qu’il fait chaud qu’il faut oublier de s’habiller avec élégance. D’ailleurs pour sortir ou pour des réunions de travail, les habitants aiment être bien vêtus, même s’il faut transpirer un peu. Et la climatisation est tellement partout qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter à ce niveau-là. Tiempo latino ou rythme local, les Portoricains prennent le temps de vivre. Aussi, pour la ponctualité, il faudra repasser. Entre amis, il faut souvent attendre ; dans le monde professionnel, un retard est bien moins toléré. Dans l’ensemble, les Portoricains sont ouverts et généreux. Souvent attentionnés et bienveillants, ils n’hésitent pas à aider leur prochain.