Le feutre, star de l’artisanat kirghize

L’artisanat kirghize est issu des traditions de la vie nomade et bien souvent teinté de décorations chamanistes, bien plus que musulmanes. Il est d’excellente qualité, à condition de savoir où se procurer les meilleurs produits… Au premier rang des matériaux de fabrication d’artisanat, on retrouve bien évidemment le feutre, très prisé pour ses qualités isolantes (du chaud comme du froid) et son imperméabilité. La fabrication du feutre, ou kochma, est inscrite depuis des millénaires dans les habitudes de vie des nomades. Vêtements, chapeaux, toiles imperméables pour la yourte, mais surtout tapis de décoration (shyrdak). Au Kirghizistan, les tons aux couleurs chaudes (jaune et rouge) dominent.

Le feutre ne sert pas qu’à la confection des shyrdak : il se retrouve pour de nombreux autres usages, en particulier vestimentaires. À Bichkek, tous ces articles se retrouvent désormais de manière très basique dans les bazars et grands magasins comme le Tsoum, mais on pourra acquérir une bien meilleure qualité en se rendant dans les petites boutiques d’artisanat et galeries de créateurs de plus en plus nombreuses dans la capitale. C’est le meilleur moyen pour trouver des articles de qualité, avec des lignes, couleurs ou motifs plus contemporains.

Des shyrdak pour tous les goûts

Le shyrdak est effectivement LE souvenir artisanal kirghize par excellence. Ces tapis de feutre constituent la principale production artisanale kirghize. Non seulement vous en trouverez dans tous les magasins de souvenirs, mais il vous sera également très facile d’assister à une démonstration des techniques de fabrication, soit au détour d’un chemin si vous avez la chance de rencontrer un artisan se livrant à l’exercice, soit en vous adressant à un organisme touristique local qui saura vous orienter vers les meilleures adresses. Car s’il existe quelques fabriques à travers le pays, il s’agit surtout et avant tout d’une affaire familiale. On commence tout d’abord par récolter la laine : il faudra tondre pas moins de cinq moutons avant d’en obtenir une quantité suffisante. La laine est ensuite ébouillantée puis battue avant d’être enroulée sur un long cylindre de bois. Le cylindre est alors roulé dans tous les sens grâce à des cordes enroulées autour et tirées en cadence par deux groupes de personnes réparties de chaque côté. C’est un processus très long et éreintant, qui peut durer plusieurs heures. Depuis l’indépendance, la fabrication artisanale de feutre a repris du poil de la bête, et il n’est pas rare d’apercevoir, dans sa cour, une femme produisant son propre feutre pour en faire des habits ou un tapis. Profitez-en et tâchez d’assister au processus.

S’habiller nomade

Les habits brodés des femmes et les vêtements traditionnels nationaux (robes, pantalons, chapeaux, vestes) sont également très riches en décorations et bien souvent d’une robustesse sans égale ! Un caractère dû à la vie nomade et à la nécessité de porter des vêtements solides et durables. Raison pour laquelle, bien souvent, ils sont consolidés par des pièces de cuir. Le travail du cuir était effectivement très répandu chez les nomades. La fabrique de cuir aujourd’hui se limite aux utilisations personnelles des nomades, lorsqu’ils en ont les moyens, mais il reste quelques bonnes affaires à condition d’apprécier les décorations brodées d’origine chamaniste qui ornent toujours les pantalons de cuir des cavaliers.

Kalpak et tioupé

Tous les visiteurs du pays y passent : il faut acheter et rapporter le chapeau traditionnel kirghize. La forme du kalpak, évocatrice de la montagne kirghize, se retrouve dans de nombreux autres pays turcophones, mais également en Grèce ou en Bulgarie, là où la déferlante turco-mongole a laissé le plus de traces. S’il évoque la montagne, son aspect volumineux sert surtout à accumuler une petite masse d’air qui, s’ajoutant à l’épaisseur du feutre, permettra au couvre-chef d’isoler du froid ou du chaud la tête de celui qui le porte. Brodé aux couleurs de chaque ville ou région dans le nord du pays, on le voit moins souvent dans le sud, en vallée de Ferghana, où la majorité ouzbèke est restée fidèle à son tioupé, une petite calotte noire plus discrète, dont les broderies permettent également d’identifier la provenance de son porteur. Tioupé et kalpak sont des souvenirs incontournables à rapporter du Kirghizistan.

La soie

Le Kirghizistan a vu passer de nombreuses caravanes suivant la Route de la soie entre le Turkestan oriental et l’Asie centrale. Pour autant, le pays ne compte aucune fabrique de soie, celle-ci étant produite dans la partie ouzbèke de la vallée de Ferghana, dans la petite ville de Marghilan. À Bichkek, dans les magasins de souvenirs, on trouve donc de très beaux foulards en soie, mais qui viennent de « chez le voisin ». Pour trouver quelque chose de plus personnalisé, là encore rendez-vous dans les petites boutiques de créateurs qui fleurissent. On y trouve de très beaux foulards de soie aux couleurs chatoyantes, rehaussés de motifs en feutre qui, pour le coup, sont tout ce qu’il y a de plus local.

Et pourquoi pas une yourte ?

Sans doute pour une raison très simple : le feutre kirghize aura un peu de mal à supporter le climat humide de nos zones tempérées. Mais si vous habitez le sud de la France, rien ne vous empêche de tenter le coup. Les yourtes sont à elles seules de véritables objets d’art issus de la culture nomade. Certains fabricants se sont spécialisés dans la vente et l’exportation de modèles traditionnels mieux adaptés aux climats différents du Kirghizistan. Le mieux est de contacter le bureau CBT à Bichkek, qui vous orientera vers les vendeurs en fonction de votre circuit et pourront vous aider pour les formalités d’expédition. Si vous ne pouvez pas rapporter une yourte entière de votre voyage, certaines pièces peuvent faire office de souvenir. Les bandes colorées utilisées comme des cordages pour maintenir en place l’armature et la couverture de la yourte sont en général savamment tissées et abondamment décorées. Une fois roulées, elles ne prennent que très peu de place.

Des instruments de musique surprenants

Les instruments de musique, en particulier guitares à deux ou trois cordes et tambourins, constituent un souvenir à la fois original et décoratif du pays. Ils sont en grande partie similaires à ceux que l’on retrouve dans le monde arabe. Les instruments à cordes peuvent être classifiés en fonction du nombre de cordes et de la présence ou non d’archer. Au Kirghizistan, on joue surtout de la guitare à trois cordes (komuz) alors que la guitare à deux cordes domine dans les pays voisins. Il s’agit d’une sorte de luth taillé dans un unique bloc de bois, qui a la particularité d’avoir la corde la plus aiguë située au milieu, entre les deux autres. Le komuz se joue toujours assis. Le ghijak, lui, se joue avec un archer. On trouve également de nombreuses flûtes, droites ou traversières, souvent taillées dans des os. Les flûtes droites sont appelées sibizgi au Kirghizistan et sont les plus courantes. Le komuz, une flûte traditionnelle, petite et cylindrique, sera facile à rapporter et également typique non seulement de la région, mais également du pays. Un instrument de percussion vient également compléter les orchestres et est une résurgence des traditions chamanistes, tout comme la guimbarde, que l’on ne trouve que dans les pays nomades, Kazakhstan et Kirghizistan. Encore un souvenir typique et très peu encombrant !

Les souvenirs soviétiques

Moins typiques de l’artisanat kirghize, ils n’en sont pas moins très représentatifs de l’histoire récente du pays, et sont omniprésents dans toutes les boutiques de souvenirs de Bichkek. Si vous rêvez d’arborer un t-shirt rouge décoré des traditionnels faucille et marteau, si vous pensez que boire des shots de vodka dans un service de verres à l’effigie de Lénine est très décalé ou qu’un buste de Lénine vous inspire comme presse-papiers sur votre bureau, vous êtes à la bonne adresse. Mais attention, ce qui est souvent présenté comme une antiquité n’est peut-être qu’une pâle copie fabriquée en Chine : c’est souvent le cas dans les boutiques de Bichkek, donc tirez les prix vers le bas et rapportez ces objets pour le fun. Dans tous les cas, retenez qu’au Kirghizistan, marchander fait partie intégrante des relations commerciales.