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Un pays aux origines diverses

La population des Maldives est à l’image de son histoire. Les gènes de diverses provenances se mélangent pour former le cocktail unique qui compose le socle de la population « autochtone ». Les Maldiviens appartiennent au groupe indo-aryen. Des tests ont décelé des attributs génétiques typiques des Arabes du Moyen-Orient, des Asiatiques du Sud (actuels Inde, Sri Lanka, Pakistan, Bangladesh), des Austronésiens et des Africains. Ce profil diversifié vient confirmer que les Maldives sont connues depuis longtemps des marins qui croisaient dans cette partie de l’océan Indien. Pour autant, il est impossible de déterminer la période exacte de colonisation des îles maldiviennes. Il est probable que l’occupation des Maldives ait débuté vers 500 av. J.-C. Le Mahavamsa, une chronique du Ve siècle av. J.-C qui relate l’histoire des premiers rois singhalais, évoque l’arrivée des premiers colons au Sri Lanka et aux Maldives. Le texte stipule clairement que les premiers migrants se sont rendus directement de l’Inde aux Maldives, sans passer par le Sri Lanka. On retrouve des méthodes de construction de bateaux identiques ainsi qu’un poinçon similaire sur les pièces d’argent entre certaines régions d’Inde et les Maldives. Cependant, certains chercheurs estiment que la colonisation de l’archipel est antérieure à cette période. Certaines îles portent un nom tiré d’une langue dravidienne, la marque des peuples du sud de l’Inde. On sait aussi que l’île de Giraavaru était habitée par un peuple venu du Tamil Nadu en Inde. L’île a été évacuée en 1968 à cause de son érosion intense et les Giraavaru se sont fondus dans le reste de la population maldivienne. À peine 200 îles ont été investies par la population locale qui s’est très peu développée au fil des siècles. La navigation d’îles en atolls n’était pas toujours aisée et les temps de trajet étaient incroyablement longs.

Répartition de la population

Les Maldives ne comptaient que 72 000 habitants en 1911. C’est toujours le deuxième pays le moins peuplé d’Asie, après le sultanat de Brunei. Les Nations unies ont estimé la population des Maldives à 557 426 habitants en 2020. L’ouverture du pays aux touristes dans les années 1970 s’est traduite par une explosion démographique. La population a plus que doublé entre 1966 et 2000, et a à nouveau doublé entre 2000 et 2020. Cette forte croissance démographique est liée à différents facteurs : immigration, augmentation de la durée de vie et baisse de la mortalité infantile. Le fort développement touristique dans les années 1970 s’est couplé avec une forte immigration. La volonté du gouvernement maldivien était d’éviter le mélange entre population touristique et maldivienne. Par conséquent, il a fallu faire venir une main-d’œuvre étrangère pour construire et faire tourner les îles-hôtels. Aujourd’hui, l’immigration compte pour un tiers de la population, soit 177 585 personnes. Parmi ces migrants, un tiers sont sans papiers. Le plus gros contingent vient du Bangladesh (112 588), suivi de l’Inde (28 840), du Sri Lanka (15 670), du Népal (5 029), de la Chine (3 506) et des Philippines (3 000). De nombreux résidents viennent des pays occidentaux pour travailler dans les hôtels et les clubs de plongée. La rentrée de devises étrangères dans le pays lui a permis de se développer. Hôpitaux et dispensaires ont été construits. Campagnes de vaccinations et d’hygiène ont permis de faire chuter drastiquement la mortalité infantile. Elle était de 12,7 % en 1977 et atteint 1,2 % aujourd’hui. Idem pour l’espérance de vie qui plafonnait à 46 ans en 1978. Elle est passée à 72 ans dans les années 2000.

Seules 4 îles comptent plus de 10 000 habitants. Malé, la capitale, abrite 67 742 habitants sur ses 5 km². Cela en fait non seulement la plus petite capitale du monde, mais aussi l’une des plus densément peuplées. À tel point qu’elle ne peut plus contenir tout le monde. Le gouvernement a développé artificiellement l’île de Hulhumalé située juste en face et construit un pont entre les deux îles. D’autres ponts sont prévus entre Malé et Villingili, Gulhifalhu et Thilafushi afin de créer un « Grand Malé ». La deuxième ville la plus peuplée est Addu City avec ses 33 876 habitants, la ville la plus méridionale des Maldives. Fuvahmulah dans l’atoll de Gnaviyani et Kulhudhuffushi dans l’atoll de Haa Daalhu comptent respectivement 13 037 et 10 210 habitants.

La langue maldivienne

Le divehi est la langue officielle des Maldives. Son origine vient du sanskrit dvipa qui signifie « île ». Sa forme complète divehi-bas signifie « la langue des insulaires ». La langue est parlée aux Maldives ainsi qu’aux Lacquedives, un territoire administré par l’Inde situé au nord de l’archipel. Cette langue combine de nombreuses influences dont l’arabe, le cingalais, le malayalam, l’hindi ou encore l’anglais. Ces influences et l’élongation géographique de l’archipel donnent lieu à des différences de prononciation et de vocabulaire. Les Maldiviens du Nord ne comprennent pas les dialectes usités dans le sud et inversement. Il existe trois niveaux de langage en maldivien. Le reethi bas était employé par les classes supérieures et de sang royal. Il est aujourd’hui utilisé par les médias. Le laabah-dhuruvun marque le respect d’une personne envers ses aînés, des officiels ou les étrangers. Le divehi-bas est la forme usuelle employée dans la sphère familiale et amicale. Le divehi possède son propre alphabet, le thaana, qui a fait son apparition au XIIe siècle. Il est dérivé de l’arabe, s’écrit de droite à gauche et s’est mis en place avec l’introduction de l’islam aux Maldives. Avant cette période, le divehi se transcrivait à l’aide du dhives akuru qui, lui, s’écrivait de gauche à droite. Son utilisation a perduré jusqu’au début du XXe siècle, car il était utilisé pour la rédaction des textes officiels. Son usage est resté jusqu’à la fin des années 1960 dans certaines îles éloignées. Le dernier utilisateur du dhives akuru est décédé à la fin du XXe siècle. Il n’existe aucun mot pour dire « bonjour » ou saluer son interlocuteur en divehi. En revanche, il en existe un pour prendre congé. Le français a intégré un mot divehi à son dictionnaire : « atoll ». À l’époque où les Maldives étaient un royaume, le terme désignait une province administrative soumise à l’autorité d’un chef appelé naybon.