17_pf_145058.jpg
iStock-1146441795.jpg
iStock-1065312100.jpg

L’hindouisme

L’hindouisme est l’une des plus vieilles religions du monde. Avec plus de 900 millions de fidèles, elle est actuellement la troisième religion la plus répandue dans le monde. Religion polythéiste, elle possède un panthéon complexe et souvent abstrait aux yeux des non-initiés. Le postulat de départ est proche de celui du bouddhisme : l’homme passe par une série de réincarnations pour atteindre la délivrance (Moksa) qui met fin à ce cycle. Le karma intègre l’idée de causes et conséquences : une mauvaise action engendrera un mauvais karma et la réincarnation dans un être inférieur. L’hindouisme naît vers 1600 av. J.-C., du contact des Arya, tribus nomades venues d’Asie centrale avec des populations autochtones habitant le sous-continent indien. Ces envahisseurs apportent une première définition du panthéon hindou et instituent le système des castes. Leurs croyances, transmises oralement et, plus tard, codifiées dans les Veda (premiers textes religieux hindous), forment la base de l’hindouisme. Trente-trois dieux peuplent un univers qui se compose de quatre mondes. En ce qui concerne les castes, les brahmanes, au sommet de la hiérarchie, ont pour fonction de connaître et d’enseigner les rites, les kshatriyas sont rois ou guerriers, les vaishyas sont éleveurs, paysans ou commerçants... On naît dans une caste, on y reste, c’est définitif. Les castes pures ne peuvent recevoir d’eau des intouchables, qui exercent des métiers dits impurs comme la boucherie, la cordonnerie ou le traitement des ordures... On peut aussi se situer hors du système des castes, en renonçant au monde et à la vie sociale : c’est le sort des sannyasis, des ermites proches des sadhus bouddhistes, qui consacrent (en principe) leur vie à la recherche du sacré.

Des principes de l’hindouisme

Vishnu apparaît aux moments cruciaux pour sauver le monde. Selon les époques, il prend successivement différentes formes. Dans le futur, Vishnu prendra l’aspect de Kalki, l’homme divin sur terre, et ne fera qu’un avec la divinité infinie. Avec Shiva, l’hindouisme récupère une croyance datant de la préhistoire. Symbolisé par un phallus dressé, il est le dieu de la fertilité et du désir. Géniteur, il permet d’échapper au temps par un cycle de reproduction ; maître de la mort, il permet d’échapper au cycle des réincarnations, l’une des aspirations fondamentales de l’hindouisme, et à ce monde illusoire. Toute création ne peut être obtenue que par l’union d’un principe mâle à un principe femelle. À chaque dieu et à ses multiples aspects correspondent une compagne, une parèdre. Rien ne s’oppose alors à la multiplication exponentielle du nombre des divinités. Aux couples formés par les dieux et les déesses s’ajoutent leurs enfants, dont le plus célèbre est Ganesh, le dieu éléphant, fils de Shiva et de Pārvatī. De plus, tout un bestiaire d’animaux déifiés sert de monture aux dieux. À Vishnu est associé Garuda, l’homme-oiseau ; Shiva est précédé du taureau Nandi ; et le messager de Yama, le dieu de la Mort, est un corbeau.

Le bouddhisme

Apparu dans le nord de l’Inde entre le VIe et le Ve siècle av. J.-C. sous l’influence des enseignements de Siddharta Gautama, plus connu sous le nom de Bouddha (Shākyamuni), le bouddhisme apporte un prolongement particulier à la pensée hindoue. Présent au Népal dès le IIIe siècle av. J.-C., sous l’impulsion de l’empereur bouddhiste indien Ashoka, ce n’est véritablement qu’au VIIIe siècle que le bouddhisme commença à s’implanter, sous sa forme tantrique issue du Tibet. Il est pratiqué aujourd’hui par près d’un quart de la population népalaise, notamment les peuplades des hauts plateaux de l’Himalaya et les réfugiés tibétains.

Bouddha, l’Éveillé

Né au Népal en 623 av. J.-C, à Lumbini, le prince Siddharta Gautama décide de renoncer à sa vie de palais après avoir été le témoin des souffrances humaines au travers de quatre personnes : un vieillard lui a fait prendre conscience de la souffrance du temps qui passe et de la déchéance du corps vieillissant ; un malade lui a appris que le corps souffrait aussi indépendamment du temps ; un cadavre que l’on menait au bûcher lui a révélé la mort dans tout son caractère sordide ; enfin, un ermite lui a montré ce que pouvait être la sagesse. Il débute alors une vie très stricte d’ascète, renonçant à ses privilèges pour trouver la vérité qui régit la nature humaine. Six ans plus tard, le corps presque réduit à l’état de squelette, il s’aperçoit qu’il a fait fausse route et que ni l’ascétisme strict ni le confort matériel ne permettent d’atteindre l’Éveil. Le meilleur moyen serait donc de suivre la Voie du Juste Milieu (la modération), pour éviter les extrêmes du plaisir ou de l’austérité. Alors qu’il se trouve à Bodh-Gaya dans l’État indien du Bihar, il accepte des mains d’une jeune fille du village un bol de riz au lait, mettant ainsi fin à son épuisement. Il décide alors de se concentrer sur la méditation, s’installe sous un bo (Ficus religiosa), et déclare qu’il ne se relèvera qu’une fois parvenu à l’Éveil. Après trois nuits de méditation, Siddhartha Gautama devient Bouddha, un être « éveillé », libéré de toutes ses souffrances.

Les Quatre Nobles Vérités

À partir de là, Bouddha commence à propager sa pensée, réunissant un nombre croissant de disciples dans une communauté d’adeptes qui se rassemblent dans des monastères. C’est dans le parc aux cerfs, à Sarnath, qu’il prononce son premier sermon. De ce premier enseignement date ce que l’on appelle le premier tour de la Roue du Dharma. Cette voie médiane peut être suivie en appliquant les Quatre Nobles Vérités qui sont l'expression de la compréhension profonde de la réalité que Bouddha a eue au moment de son Éveil : Selon la première Noble Vérité, l’existence est marquée par la souffrance (Dhuka) liée au vieillissement, à la maladie, la mort ainsi qu’à notre incapacité à accomplir ce que nous désirons. L’origine de cette souffrance réside dans la seconde Noble Vérité, notamment le désir de voir les choses autrement que ce qu’elles sont réellement, cette insatisfaction se traduit par des agissements qui vont à l’encontre de notre karma et prolongent ainsi indéfiniment le cycle de nos renaissances, nos actions dans une vie déterminant ce que nous aurons à subir dans la suivante. La troisième Noble Vérité nous apprend que nous pouvons cesser de souffrir en agissant sur ces causes, une fois libéré du désir et de l’attachement, nous sommes capables de rompre le cycle des renaissances de sorte qu’il ne soit plus nécessaire de renaître dans le monde de la souffrance pour atteindre le Nirvāna. La quatrième Noble Vérité décrit le chemin qui mène vers l’Illumination, l’Octuple Sentier.

Pour Bouddha, l’avidité, la colère et l’ignorance sont les trois racines du mal et de la souffrance humaine. Ces trois poisons sont matérialisés dans la Roue de la Vie, visible à l’entrée des temples et monastères bouddhiques et qui met en scène trois créatures : un coq picorant avidement le sol, un serpent aux yeux brillants de colère et un cochon vautré dans la boue, plein d’ignorance. Ces trois créatures forment un cercle, et chacune d’entre elles mord la queue de celle qui la précède.

Ainsi, l’avidité, la colère et l’ignorance assujettissent les hommes au Samsāra, le cycle des réincarnations, et le monde dans lequel ils renaîtront après leur mort dépendra de leurs actions passées : le karma. La philosophie bouddhiste propose ainsi d’inverser l’ordre de l’existence cyclique, et briser le cycle karmanique pour atteindre l’Illumination.

Une leçon de tolérance

S’attachant à appliquer et enseigner ces préceptes, Siddharta Gautama atteint vers l’âge de 80 ans le Nirvāna, cet état où l’on est libéré de toutes ses souffrances et du cycle des réincarnations. Il meurt à Kushinagar, dans l’Inde du Nord, après avoir expié en méditant, couché sur le côté droit et souriant. Après sa mort, Siddharta Gautama est présenté comme une émanation divine. Une adaptation de sa doctrine s’impose dans l’Inde ancienne et l’Himalaya. En devenant une pratique populaire, le bouddhisme se transforme de la même façon que le fait l’hindouisme depuis les temps védiques. Au fil du temps, différentes écoles apparaissent, le bouddhisme actuel se divise en trois grands courants : Theravāda, Mahāyāna et Vajrayāna. Le Mahāyāna, le « bouddhisme du Grand Véhicule », enseigne que l’homme n’est pas armé pour échapper seul au cycle des réincarnations. Il lui faut faire appel à la miséricorde divine sous la forme des bodhisattvas, des incarnations de Bouddha apparues sur terre pour montrer la Voie à différentes époques. Citons Manjushri, le fondateur du Népal, qui libéra les eaux d’un lac pour créer la vallée de Katmandou, vénéré aussi bien au Tibet qu’en Chine ; Avalokitesvara, le dieu de la compassion et l’équivalent de Shiva ; ou encore Vajrapāni, le porteur de tonnerre, grand magicien correspondant à Indra. L’hindouisme et le bouddhisme ont ainsi créé des dieux à l’infini, un polythéisme qui a permis l’intégration et la tolérance vis-à-vis de peuples que tout opposait. Personne ne pouvant prétendre appréhender le divin dans sa globalité, il devient alors naturel de respecter le point de vue du voisin, voire d’assimiler ses recettes.