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Données principales

La population du Rajasthan est estimée à 82,4 millions d'habitants, le recensement décennal n'ayant pu avoir lieu en 2021 pour cause d'épidémie de Covid. Cela représente 5,89 % de la population indienne et le Rajasthan est le septième État le plus peuplé. 75 % de la population vit en zone rurale et le district le plus peuplé est celui de Jaipur, avec 4 millions de personnes vivant dans la capitale de l’État. Le Rajasthan connaît un accroissement de sa population de l'ordre de 2,5 % par an. Près de 15 % de la population appartient à une tribu répertoriée, ce qui fait du Rajasthan le 6e État en termes de populations tribales – l’État ayant le plus de tribus étant le Madhya Pradesh. Près de 85 % des habitants du Rajasthan sont hindous, quand les musulmans représentent environ 10 % de la population, les sikhs 1,3 % et les jaïns 1 %. La langue véhiculaire est l'hindi, mais de nombreux dialectes sont parlés dans les différentes régions. Ainsi, le dhundari est parlé à Jaipur, le marwari à Bikaner, Jaisalmer et Jodhpur, le mewari autour d'Udaipur et le harauti à Kota. Aucun de ces dialectes ne dispose d'alphabet distinct.

Le système de castes

Vers 1 500 av. J.-C., un peuple venu des plateaux de l'Iran s'installe au nord de l'Inde et met en place un nouvel ordre religieux et social. C'est le début de l'ère védique, qui va consacrer les textes fondateurs de l'hindouisme et mettre en place un système de castes. La société est organisée en 4 grandes catégories figées dans les varna, qui signifie « rang » ou « couleur » en sanskrit. Les Brahmanes assurent les fonctions religieuses et on y rattache les professions intellectuelles ; les Kshatriyas sont chargés de faire la guerre et d'assurer la sécurité des territoires ; les Vaishyas sont des propriétaires terriens ou des commerçants ; les Shudras rassemblent les petits agriculteurs et les éleveurs. Les intouchables, aussi appelés dalit ou harijan forment des groupes ne s'intégrant pas à cette stratification. Ils sont considérés comme impurs par les membres des castes. Les jati, qui signifie « naissance » ou « espèce », correspondent à des activités professionnelles (tisserands, potiers, cordonniers...) ou parfois à des groupes ethniques. Ils forment des sous-castes. Les patronymes du Rajasthan renvoient à l'appartenance au varna ou au jati. Ainsi, le nom de Chauhan évoque la caste des Kshatriyas ou celui de Prajapat au métier de tisserand de durry. Le terme de caste fait son apparition avec les Portugais qui colonisent Goa à partir du XVIe siècle. Ils identifient l'organisation de la société rattachée à une pureté rituelle, qu'ils nomment casta, ce qui signifie « race » ou « espèce ». Au XIXe siècle, les Britanniques s'appuient sur le système de caste pour gouverner le peuple et votent des lois s'appliquant aux Indiens en fonction de leur religion ou de leur identification à une caste. Le Criminal Tribes Act voté en 1871 répertorie les membres de certaines castes pour en faire des criminels héréditaires. Les castes soupçonnées de se rebeller contre l'autorité coloniale ou dont les ancêtres avaient combattu les Moghols ou les Britanniques sont recensées et limitées dans leurs déplacements. L'application de cette loi a eu pour conséquence la mise à l'écart de nombreuses communautés considérées comme criminelles de naissance. Il en fut ainsi pour les Jat au Rajasthan, les Gurjar dans l'Himalaya ou les Maravar au sud de l'Inde. La Constitution indienne promulguée en 1950 interdit toute discrimination fondée sur le système de castes, mais celui-ci perdure dans les mentalités. Soixante-dix ans de démocratie n'ont pas à abolir ces rites sociaux millénaires. Les classes moyennes des villes semblent cependant attacher moins d'importance à la pureté et se replient sur une stratification d'ordre socio-économique lors des mariages arrangés. Le niveau de pureté, s'il induit un grand respect et une place élevée dans la société, n'est pas lié au rang économique. Ainsi, de nombreux brahmanes vivent très pauvrement, leurs obligations rituelles leur interdisant tout commerce avec les autres groupes. Quelques intouchables ont au contraire fait fortune en se livrant à des activités jugées impures par les autres, comme le travail du cuir.
Tout en bas de l'échelle sociale se trouvent les populations tribales appelées adivasi. Ces aborigènes de l'Inde sont considérés comme les plus anciens habitants et étaient présents avant les Aryens ou les Dravidiens. Touchés par de fortes discriminations et un taux d'analphabétisation très élevé, ils peinent à préserver leurs modes de vie ancestraux. Pour favoriser l'épanouissement socio-économique des intouchables et des tribus, le gouvernement indien leur réserve des places dans les administrations et les écoles, entérinant ainsi la survie du système de castes.

Les tribus du Rajasthan

Les articles 341 et 342 de la Constitution définissent la notion de « Scheduled tribes » et les répertorient. Une tribu ne peut être répertoriée qu'en répondant à une liste de critères tels que des caractéristiques primitives, une culture distincte, le refus de se mélanger à d'autres groupes, un isolement géographique et social... Douze tribus ont ainsi été répertoriées au Rajasthan, dont certaines sont subdivisées en plus petits groupes.

Les Meena. Cette tribu sédentaire de l'est du Rajasthan vit surtout de l'agriculture. Ils se proclament descendants directs de Matsya, l'avatar-poisson de Vishnou, car meen signifie « poisson » en sanskrit. Elle occupait le site d'Amber avant que les Kachhwaha ne s'en emparent. Les quelque 4 millions d'individus qui composent cette communauté sont considérés comme les aborigènes de la « terre des princes ». Ils sont aujourd'hui surtout très présents au Shekhawati.

Les Bhil. La plus grande tribu du Rajasthan est sédentarisée dans le sud de l’État. Ses membres étaient réputés pour leur adresse au tir à l'arc et ils furent les fidèles alliés des souverains du Mewar, les rana de Chittorgarh, pour contrer les attaques mogholes. Les Bhil ont conservé des rites animistes. Un grand rassemblement se tient tous les ans à Baneshwar en janvier ou février, l'occasion de pratiquer le ghoomar, la danse traditionnelle.

Les Damor. Cette tribu du sud du Rajasthan fait remonter ses origines aux Rajpoutes. Ils vivent essentiellement de l'agriculture et du travail manuel. Ils ont leur propre langue, le vagri, un dérivé de l'indo-aryen. Les Damor pratiquent la polygamie et versent une dot à la famille de la mariée lors des noces.

Les Kathodi. Cette tribu considérée en voie d'extinction est installée dans le district d'Udaipur. Originaire du Maharashtra, elle possède son propre panthéon de dieux, tels que Dungar dev, Bagh dev, Bhari mata ou Kansari mata. Le nom de la tribu est dérivé de leur profession qui consistait à récolter le katha (feuilles et pousses) sur les khers, un arbuste de la famille des acacias commun au Rajasthan. Les femmes ne portent pas de bijoux, mais elles se tatouent le corps pour l'embellir.

Les Kanjar. L'origine du nom de la tribu vient du mot « kananchar » qui désigne celui qui erre dans la jungle. Sa population est éparpillée entre Kota, Bundi, Sawai Madhopur, Alwar et Ajmer. La tribu possède une mauvaise réputation et figurait à la liste du Criminal Tribes Act établie par les Britanniques en 1871. Considérés comme des criminels et des voleurs, on prétend que s'ils n'ont pas de porte à leur maison, mais une fenêtre sur l'arrière, c'est pour mieux pouvoir s'en échapper. Les Kanjar sont réputés pour leurs danses et chants traditionnels.

Les Sansi. Les membres de cette tribu résident essentiellement autour de Bharatpur et d'Ajmer. Ils gagnent leur vie en fabriquant de petits objets artisanaux et en pratiquant le braconnage. À l'âge adulte, ils prêtent serment auprès de leur dieu Bhakar Bawaji, ce qui les interdit de mentir par la suite. Les veufs et veuves ne peuvent se remarier.

Les Banjara. Cette tribu vit du commerce itinérant dans la région du Mewar. On trouve cependant des Banjara en Andra Pradesh, dans l'est de l'Inde. Leur statut de colporteur leur vaut le respect des habitants des villages isolés, qui grâce à eux peuvent se ravitailler en tissus ou en sel. La tribu jouait également un rôle médiatique dans les régions désertiques en répandant les nouvelles.

Les Gadias Lohar. Ces forgerons itinérants parcourent encore les routes du Rajasthan avec leurs chariots à grandes roues en bois. Au XIe siècle, ils menaient une existence similaire. Certains se seraient ensuite fixés dans le Mewar, où étaient les armuriers attitrés des souverains Sisodya. En 1568, ils auraient fait le vœu de ne plus avoir de maison tant que la forteresse de Chittorgarh ne serait pas libérée du joug moghol. Dans les années 50, Nehru leur aurait proposé de se sédentariser après les avoir symboliquement emmené dans l'enceinte du fort.

Les Bawaria. Cette communauté de chasseurs a perdu toute source d'activité suite à l'interdiction de la chasse promulguée dans une loi de protection de la vie sauvage en 1972. Depuis, cette communauté erre de villes en villages, traînant une réputation de voleurs et de criminels, braconnant des perdrix ou des serpents qu'ils échangent contre quelques roupies. La sédentarisation de cette tribu est rendue d'autant plus difficile qu'elle ne possède pas de terres et que les ruraux établis refusent toute coexistence avec elle. Dans plusieurs villages du Rajasthan où les Bawaria ont tenté de se fixer, des cabanes ont été incendiées, l'approvisionnement en eau leur a été refusé, les troupeaux de chèvres ont été décimés et pour finir, la communauté a été chassée. Bien que plusieurs plaintes aient été déposées auprès des autorités locales, rares ont été les décisions prises en faveur des Bawaria.

Les Rabari. Cette communauté d'éleveurs nomades mènent ses troupeaux de dromadaires et de chèvres à travers le désert de Thar, entre le Rajasthan et le Gujarat. Leurs femmes sont reconnaissables à leurs vêtements colorés et à leurs bijoux massifs en argent.