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Le Rajasthan, terre des princes

Le terme de Rajasthan apparaît pour la première fois dans une publication datée de 1829 : « Annales des Antiquités du Rajasthan ou des États rajpoutes de l'ouest et du centre de l'Inde. » Contraction des mots sanscrit raja qui signifie « roi » et persan sthan qui fait référence à la terre, Rajasthan signifie littéralement « terre des rois ». Il est intéressant de noter que l'étymologie du mot renvoie directement aux grandes influences historiques qui ont traversé la région. Des fouilles archéologiques ont révélé que la région avait été habitée par les civilisations védiques et aryennes, soit au moins 3 000 ans avant notre ère. Au XIIe siècle, les chefs de guerre musulmans arrivèrent par le nord du Rajasthan et s'emparèrent rapidement de Nagaur, Ajmer et Ranthambore. La période médiévale est traversée par de nombreux conflits, des jeux d'alliances entre les États princiers, pour contrer l'influence et les attaques mogholes. De puissants royaumes se dessinent avec le Marwar, divisé entre les Rathore de Bikaner et ceux de Jodhpur, Jaisalmer et le clan des Bathi, le Mewar et la maison des Sisodia, et Jaipur et le clan des Kacchwahas. Les plus petits États comme ceux d'Alwar, du Shekhawati, de Bundi se sont placés sous le parapluie protecteur des grands royaumes ou ont pris le parti des Moghols. Les Britanniques ont définitivement pacifié la région et passé des accords d'entente cordiale avec les souverains. Ils conservaient leurs pouvoirs et attributs, tout en acceptant en échange une supervision du gouverneur britannique en poste. Ainsi, la nomination d'un nouveau maharaja à la tête d'un État était soumise à l'approbation des Anglais, tout comme les comptes. Les Britanniques fixent les frontières d'un vaste territoire qu'ils baptisent Rajputana. Elles correspondent peu ou prou aux frontières actuelles du Rajasthan, et comprennent en plus un petit bout du nord du Gujarat, de l'est du Pakistan et de l'ouest du Madhya Pradesh. En 1947, lorsque sonne l'heure de l'indépendance indienne, les princes du Rajasthan ont le choix entre se rallier à l'Union ou conserver leur autonomie. Les 19 États princiers et les deux chefferies signent leur intégration à la fédération de l'Inde. Les frontières du Rajasthan sont définitivement figées et limitées par le Pakistan à l'ouest, le Gujarat au sud, le Madhya Pradesh au sud-est, l'Uttar Pradesh au nord-est, l'Haryana et le Pendjab au nord. Le Rajasthan ainsi délimité devient le plus grand État du pays et forme un vaste territoire de 342 239 km².

La ligne des Aravalli

Le Rajasthan est divisé en deux grandes régions géologiques, séparées par la chaîne montagneuse des Aravalli. La ligne de crête traverse l'État du sud-ouest au nord-est, du Mont Abu à Khetri, une localité du Shekhawati, créant un plissement de 560 kilomètres de long. Le massif s'étale sur une largeur variant entre 10 kilomètres et 100 kilomètres et présente une altitude moyenne de 600 mètres. Le plus haut sommet, le Pic Guru Shikhar, s'élève à 1 722 mètres au-dessus du niveau de la mer. C'est à l'ombre de celui-ci que s'est développée la petite station d'altitude de Mont Abu, la seule du Rajasthan. D'ailleurs, nombreux sont les Indiens du Rajasthan et du Gujarat à venir y chercher un peu de fraîcheur en été. Environ 60 % du Rajasthan se trouve à l'ouest des Aravalli. Le territoire y est semi-désertique, constitué de sols sablonneux peu propices à l'agriculture et d'une végétation rabougrie et clairsemée. La chaîne des Aravalli est beaucoup plus fertile et bénéficie d'une pluviométrie plus importante. Les montagnes sont tapissées de forêts caduques composées pour l'essentiel de tek et d'arbres de la famille des acacias. Les reliefs, même si peu élevés, sont eux aussi peu exploités sur le plan agricole, en raison des sols pierreux de quartzite. Le sud des Aravalli, au sud d'Udaipur, reçoit la pluviométrie la plus importante. C'est là que les forêts sont les plus denses. Elles se clairsèment progressivement en remontant vers le nord-est.

Cours d’eau

Les principales rivières du Rajasthan s'écoulent toutes au sud de l’État. Le nord et l'ouest en sont dépourvus. La Luni se forme à l'ouest d'Ajmer et le Marwar et le sud du désert de Thar pour terminer sa course dans la plaine du Rann du Kutch au Gujarat. Elle est alimentée par le drainage des eaux pluviales qui s'écoulent des pentes occidentales des Aravalli. La rivière Banas prend sa source au nord d'Udaipur, et remonte vers le nord-est du Mewar et les villes de Bhilwara et de Tonk avant de se jeter dans la rivière Chambal à l'est du Parc national de Ranthambore. La rivière Chambal est la plus longue du Rajasthan. Elle prend sa source dans les collines de Janapav au Madhya Pradesh et remonte vers le nord en direction de Kota qu'elle traverse, avant de piquer à l'est et de devenir une frontière naturelle entre Rajasthan et Madhya Pradesh. La rivière Parvati est un autre de ses tributaires. Elle se forme au Madhya Pradesh, entre Indore et Bhopal, et remonte vers le nord pour dessiner, elle aussi, la frontière entre Rajasthan et Madhya Pradesh. Le cours de ces rivières et leur débit ont été largement modifiés par des barrages de retenue d'eau. Banas et Chambal se jettent dans la Yamuna, l'affluent principal du Gange.
Pour combler l'absence de rivière au nord du Rajasthan et permettre à l'agriculture de se développer, une idée germe dans l'esprit de l'ingénieur Kanwar Sain dans les années 1940. Il émet l'idée de construire un canal alimenté par les eaux de l'Himalaya qui permettrait d'irriguer le nord et l'ouest du Rajasthan. En 1960, un accord est signé avec le Pakistan permettant d'utiliser et détourner l'eau de 3 rivières qui passent par le Pendjab. Les travaux peuvent débuter. Des contraintes administratives et financières ralentissent le projet et ce n'est qu'en 1983 que la première portion reliant le barrage d'Harike au Pendjab à Hanumangarh au Rajasthan est achevée. Les 650 kilomètres de canaux (un canal principal et des canaux d'embranchement) menant jusqu'à Jaisalmer, en passant par Bikaner, sont intégralement mis en eau en 2005. Initialement baptisé Canal du Rajasthan, il est renommé Canal Indira Gandhi, en hommage à l'ex-Première ministre assassinée en 1984.