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Le takin est un animal emblématique du Bhoutan.© WWyloeck - iSTockphoto.com.jpg

La faune

Pétri de tradition bouddhiste, le Bhoutan est un pays où la chasse et la pêche ne font pas partie des coutumes : ici, pas question de tuer un animal. Pour manger du poisson, il faut donc attendre que les fleuves débordent lors des crues et déversent sur les rivages leur pêche locale ! La faune bhoutanaise, abondante, est ainsi particulièrement préservée et les espèces servent avant tout de garde-manger aux grands prédateurs. Selon les zones géographiques, le biotope diffère. Au sud, les forêts subtropicales offrent un refuge très prisé des éléphants d’Asie, panthères nébuleuses, léopards et rhinocéros indiens (très rares, ils n’ont qu’une corne), mais aussi des tigres, un félin particulièrement protégé et vénéré au Bhoutan. On y trouve aussi des buffles, des sangliers, des gaurs et des gavials, une espèce de crocodile également menacée. Au nord, sur les plateaux himalayens, yacks, takins (l’animal national du Bhoutan, à mi-chemin entre le bœuf et la chèvre), léopards des neiges, bharals, loups et daims musqués cohabitent avec les chèvres de montagne et les marmottes. Et dans les zones tempérées, on croise des pandas roux, des langurs (de la même famille que les singes), des tigres et des ours noirs.

Avec plus de 700 espèces d’oiseaux, le royaume himalayen est également un paradis ornithologique pour l’observation des oiseaux. Il faut dire que le Bhoutan se situe sur la route de nombreux oiseaux migrateurs, notamment la grue à cou noir, typique du plateau tibétain, l’une des espèces les plus menacées au monde. Elles seraient plus de 300 chaque année à hiberner au pays du Dragon-Tonnerre de fin octobre à mi-février, dans les vallées du centre et de l’est. Moins connus mais tout aussi rares, le héron impérial et le pygargue de Pallas traversent également le pays l’hiver. En été, coucous, martinets, gypaètes barbus, fauvettes, guêpiers, corbeaux, drongos viennent s’ajouter aux espèces rares, parmi lesquelles figurent vautours de l’Himalaya, aigles pêcheurs, calaos, bécassines des bois, martins-pêcheurs de Blyth, tragopans satyres et faisans colorés.

La flore

Avec plus de 7 000 variétés de plantes, dont 300 espèces de plantes médicinales, 50 sortes de rhododendrons et 600 espèces d’orchidées, le Bhoutan recèle une nature particulièrement luxuriante. Les trois quarts du pays sont ainsi recouverts de forêts, présentes jusqu’à 4 500 mètres d’altitude. Si, en basse altitude, la végétation a été largement défrichée pour l’élevage et l’agriculture, sculptant des paysages de pâturages et de rizières en terrasses, les vallées regorgent de forêts de cyprès, chênes, bouleaux, érables, magnolias et rhododendrons qui, au printemps, se parent de fleurs jaunes, roses et rouges. Levez les yeux et vous verrez qu’orchidées et fougères poussent sur ces géants verts ! À partir de 2 000 mètres, les conifères cohabitent avec les pins de l’Himalaya et les genévriers. Dès la fonte des neiges, les fleurs sauvages font leur apparition sur les hauts plateaux : edelweiss, primevère, myosotis, pied d’alouette, ou encore pavot bleu de l’Himalaya, la fleur nationale du Bhoutan, dont on peut observer les pétales bleutés de mai à juillet.

Les parcs nationaux

Véritable réservoir d’oxygène à côté de ses voisins chinois et indien, le Bhoutan possède l’un des écosystèmes les plus préservés du monde. La topographie du pays, la faible densité de population et la politique touristique contrôlée permettent aux ressources naturelles de rester pratiquement intactes. Conscientes de la fragilité et de la richesse de ce patrimoine naturel exceptionnel, les autorités se donnent pour objectif de maintenir un minimum de 60 % de couvert forestier et de zones boisées sur tout le territoire. Afin de préserver la culture et les traditions locales des populations vivant dans des secteurs protégés, le gouvernement a créé des parcs nationaux et des réserves naturelles qui couvrent à eux seuls 43 % du territoire. Les 5 parcs nationaux (le parc national royal de Manas, le parc national de Jigme Dorji, le parc national de Jigme Singye Wangchuck, le parc national de Thrumshingla et le parc national de Thrumshingla) constituent les habitats naturels de plusieurs espèces d’oiseaux et d’animaux comme l’ours noir, le léopard des neiges, le tigre, le rhinocéros, l’éléphant, le panda roux et l’entelle doré. La réserve naturelle de Torsa, à la limite du Tibet, est la seule zone protégée sans population humaine, tandis que les quatre sanctuaires (Phibsee, Khaling, Sakteng, Bomdeling) et le parc du centenaire Wangchuck abritent animaux, oiseaux et forêts (conifères, sals, rhododendrons).

Un exemple à suivre

Ayant fait du développement durable la pierre angulaire de son identité, le Bhoutan détient la palme de l’impact minimal sur l’environnement. Grâce à ses nombreuses forêts, le petit royaume absorbe trois fois plus de CO2 qu’il n’en émet. Engagé dans la promotion des énergies renouvelables (solaire, éolienne, biomasse), le pays du Dragon-Tonnerre affirme produire 100 % de son électricité grâce à ses centrales. Il détient également le record mondial du nombre d’arbres (près de 50 000) plantés par heure. En 2016, lors de la naissance du prince héritier, 108 000 graines ont ainsi été semées à travers le royaume. En 2020, le Bhoutan devrait rendre l’usage des pesticides strictement interdit et deviendra ainsi le premier pays au monde doté d’une agriculture 100 % biologique. Le principal défi aujourd’hui de ce pays avant-gardiste est de réussir à faire cohabiter développement économique et préservation de l’environnement. D’où la volonté d’encourager l’essor d’un tourisme régulé, en limitant le nombre de visiteurs et leur impact écologique.