18_pf_159909.jpg

Structure sociale

Les disparités sociales sont réelles et nombreuses à Maurice, même si les nouvelles générations tendent vers un métissage plus fréquent et une catégorisation moins systématique. Ces disparités sont principalement dues à la diversité ethnique des populations. Les Créoles, anciens descendants des esclaves noirs, demeurent les laissés-pour-compte de la société mauricienne. Ce sont eux qui peuplent les faubourgs défavorisés et grossissent les rangs des coupeurs de canne, pêcheurs, vendeurs de babioles… A leur instar, les Ilois, ancien peuple déraciné de l’archipel des Chagos, connaissent rarement l’abondance et survivent de petits boulots. Les Sino-Mauriciens, au contraire, font généralement partie des couches favorisées de l’île. Venus volontairement à Maurice pour y ouvrir de petits commerces, ils ont su s’imposer et faire prospérer leurs business. Le travail des premières générations a permis aux suivantes de faire des études, de quitter les commerces pour devenir médecins, avocats, ingénieurs… Les grandes familles de Franco-Mauriciens, quant à elles, descendantes des premiers colons blancs français, ont su conserver dans l’ensemble leurs prérogatives financières. Elles possèdent toujours la majorité des terres sucrières, gèrent d’importantes entreprises et tiennent en grande partie les rênes de l’économie. Du côté des Indiens, population majoritaire, la hiérarchisation sociale est beaucoup plus complexe. Elle obéit à un système de castes qui détermine en partie les rangs et perspectives d’évolution. Dans tous les cas, ce sont presque uniquement les hindous qui détiennent le pouvoir depuis l’indépendance. La communauté musulmane connaît aussi de grandes disparités sociales, avec une classe bourgeoise constituée par les descendants des musulmans de l’ouest de l’Inde, et une classe prolétarienne représentée par les populations du Bengale.

Enjeux de société

En premier lieu vient la question de l’harmonie interethnique, à laquelle une partie des Mauriciens ne croit que superficiellement. Les manifestations qui ont eu lieu en 1999 lors de la mort du chanteur Kaya ont ravivé les plaies ouvertes en 1968 lors de la proclamation de l’indépendance. Le métissage est toujours une valeur taboue pour un grand nombre de Mauriciens (malgré une évolution notable) et les populations minoritaires (créoles, musulmans, etc.) supportent mal la prédominance hindoue.

Parallèlement, le chômage, dont les chiffres affichent un taux moyen de 6,5 à 7 %, est une donnée relative et difficile à évaluer dès lors que tout le monde n’est pas inscrit, certaines personnes préférant vivoter de petits boulots. Jour après jour, le fossé se creuse entre les simples pêcheurs et les participants actifs au développement économique. Les jeunes refusent d’aller travailler dans les champs de canne, préférant les modèles de vie occidentaux. Ils étudient de plus en plus longtemps, font leur shopping dans les malls et ne décrochent pas des écrans de leurs portables. Ils ont le désir de consommer et cherchent à s’en donner les moyens.

Le problème de la drogue, bien qu'assez peu visible aux yeux des voyageurs, s’accentue aussi de manière inquiétante, en particulier pour les jeunes chômeurs des cités et banlieues. Autre question primordiale : celle du tourisme. Si ce secteur, en plein essor, fournit des capitaux et des emplois, il apporte son lot de corruption. La petite délinquance, bien qu'encore limitée, augmente, de même que la prostitution dans les zones touristiques. Le développement rapide et excessif de ce secteur inquiète les autochtones, qui craignent de perdre une grande partie de leurs espaces publics, et notamment leurs plages. Certains sites sont dénaturés, ce qui n’est guère positif pour l’image du pays. Des professionnels du tourisme un peu visionnaires avouent appréhender un retournement de situation : l’Eden mauricien pourrait décourager à terme les touristes, parce que trop construit et plus assez paradisiaque.

Le pari de l’éducation et de la formation

L’éducation fait partie des priorités de l’Etat et apparaît comme un secteur essentiel au bon fonctionnement du pays. Son développement sur le plan national va de pair avec le plan de développement économique général. De ce fait, l’éducation est en pleine expansion : de bonnes sections touristiques ont notamment été ouvertes et permettent aux Mauriciens de mener tout leur cycle d’études dans l’île, au lieu de gagner les universités européennes et sud-africaines. De façon plus générale, l’enseignement est gratuit dans le primaire comme dans le secondaire. Comme les écoles sont très nombreuses, leur taux de fréquentation est plutôt élevé. Trop peu de jeunes cependant, accèdent encore aux études supérieures qui, elles, sont payantes. L’université de Maurice se trouve au Réduit, dans le centre du pays.

Famille

Les Mauriciens font preuve d’un grand sens de la famille, dont ils ont une conception très large. L’entraide est naturelle et il est assez courant que des couples de jeunes mariés vivent temporairement sous le toit des parents de l’un des conjoints, avant d’avoir les moyens de construire leur propre logement à côté ou au-dessus (étage) de la demeure parentale ! L’unité familiale est particulièrement tangible lors de l'incontournable pique-nique du dimanche, jour où les plages publiques sont bondées : toutes les générations se réunissent et se retrouvent, des grands-parents aux arrière-petits-enfants en passant par les oncles, tantes, frères et sœurs. Les maisons de retraite sont très rares à Maurice !

Mariage

Les Mauriciens s’y préparent des mois à l’avance, tout le village et toutes les relations sont invités. Chez les Indo-Mauriciens, les cérémonies suivent des rituels religieux complexes et colorés qui durent 4 jours, du vendredi au lundi. Jusqu’à présent, l’âge légal du mariage à Maurice était de 16 ans (mariage avec le consentement des parents, d’ailleurs souvent à l’origine de l’union), ce qui permettait l’hymen de personnes mineures. Début 2020, la ministre de l’Égalité des genres et du Bien-être de la famille de l'époque, a annoncé que l’âge légal passerait à 18 ans, s’alignant ainsi sur le droit international. C’est un vrai progrès pour toutes les jeunes filles de Maurice qui pourront continuer d’aller à l’école plutôt que d’être femme, et souvent très jeune mère, au foyer.