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Division du territoire

Grand comme la Pologne ou l’Italie, et deux fois la Grèce, le Sultanat d’Oman est divisé en onze gouvernorats ou mouhafaza : Mascate, Dhofar, Musandam, Ad-Dākhilīyah, Al-Buraimi, Al-Wusta, Adh-Dhahira, Al-Batina du Nord, Al-Batina du Sud, Ach-Sharqiya du Sud, Ach-Sharqiya du Nord. Il est intéressant de noter que les toponymes arabes en usage présentent des connotations géographiques ou anatomiques. Dhofar signifie « le sud », Musandam « le nord », Mascate « la tête », Batinah « le ventre », Dhahirah « le dos », Dhakhiliya « l’intérieur », Wusta « le centre », Sharqiya « l’est ». Deux portions de territoire sont des exclaves en terre émirienne, la petite Madha et l’immense Musandam, gardienne du détroit d’Ormuz, à 45 km des côtes iraniennes et à la pointe nord-est de la péninsule Arabique.

Géologie

Des quelque 150 paysages du monde façonnés par l’obduction, soit le chevauchement de la croûte terrestre par le « fond de la mer », Oman apparaît comme le plus spectaculaire. Pendant 20 millions d’années, les roches océaniques ont été charriées à l’air libre, créant ces massifs stratifiés et volontiers traversés de motifs serpentins que l’on voit à Mascate et loin dans l’intérieur. Ainsi nous marchons souvent ici sur la lithosphère marine exhumée il y a 90 millions d’années, un affleurement considéré comme le mieux conservé et le plus long de la planète. Caractéristiques de ces couches accidentées, les ophiolites comptent des roches métamorphiques comme la serpentinite, la lizardite ou le chrysotile.

Un relief montagneux au nord et au sud

Le sultanat offre un paysage contrasté, composé de côtes déchiquetées ou sablonneuses, de montagnes, de plaines, de wadis et de dunes. Environ 80 % du territoire est occupé par un désert de sable et de plateaux rocheux, 17 % par des montagnes et seulement 3 % par des plaines fertiles. Si le nord du pays est aride, le sud, qui bénéficie des moussons de juin à septembre, est beaucoup plus luxuriant.

La principale chaîne montagneuse omanaise, le Hajar, part de la pointe nord du Musandam pour s’étendre jusqu’à la pointe la plus orientale du territoire, à Ras al-Hadd. On parle du Hajar occidental jusqu’à la trouée de Sumail à l’ouest de Mascate, et du Hajar oriental côté mer. Le Hajar occidental forme l’épine dorsale du pays et culmine à 3 020 m (djebel Akhdar). C’est lui qui engendre les pluies orographiques qui donnent naissance aux oasis et aux wadis. Dans cette partie du territoire, le relief est extrêmement escarpé et abrupt, la pierre généralement de couleur sombre, voire noire. À l’extrême nord, la région du Musandam est formée de gigantesques fjords qui plongent dans la mer. Ce secteur n’est quasiment praticable qu’à pied ou en bateau, tandis que la partie du Hajar qui longe la région de la Batinah est aménagée de quelques pistes permettant d’accéder aux sommets. La chaîne est aussi entrecoupée d’oueds plus ou moins luxuriants qui font l’objet de nombreuses excursions, à l’instar des wadis Bani Awf, Bani Khalid, Tiwi et Shab, embellis de gorges profondes, de villages accrochés à flanc de parois, de bassins naturels propices à la baignade.

Au sud d’Oman, près de la frontière avec le Yémen, la topographie est de nouveau marquée par un relief montagneux, beaucoup moins aride puisque, de juin à septembre, la région est arrosée par des pluies de mousson livrées par les vents du sud-ouest. Le djebel Dhofar y forme une ceinture continue qui n’excède jamais 23 km de large, mais s’étale sur 400 km de long, et englobe le Djebel Samhan à l’est (point culminant à 1 812 mètres) et le Djebel Qamar à l’ouest.

Le désert

Entre les deux, le désert occupe 80 % du territoire et s’étend de la côte est jusqu’à la frontière de l’Arabie saoudite, offrant des variations formelles et chromatiques. À 190 km par une nouvelle route express de Mascate, les Sharqiya Sands offrent l’enivrante perspective d’un défilé de mamelons, un désert de sable ocre, jaune, blanc et brun dont les dunes atteignent parfois une centaine de mètres de haut. Formé au quaternaire, il est le produit des vents contraires du Shamal (l’alizé du nord-est) et de ceux de la mousson du sud-ouest, et se trouve délimité par les systèmes fluviaux des wadis Andam et Batha. La région est ainsi jalonnée de méga-dunes orientées nord-sud, soufflées par la mousson et enchâssées là dès après la dernière glaciation régionale. Plus au sud, le sable laisse parfois place à des étendues de pierres et de cailloux qui confèrent une atmosphère hostile à certaines parties du désert des déserts, le Rub al-Khali. Ce légendaire « Quart Vide » fait courir ses barkhanes rougeâtres géantes, qu’entrecoupent des plaines de gypse et de graviers, dans le coin sud de la frontière yéméno-saoudienne.

De la frontière des Émirats arabes unis jusqu’à la capitale Mascate, s’étend une longue plaine côtière assez fertile. Puis, le Hajar reprend le terrain jusqu’à Sur et borde la côte de pans rocheux et de falaises entrecoupés de criques. Le désert, de nouveau, vient ensuite mourir dans la mer à Ghalat le long des sables sudistes de Sharqiya, pour laisser place à d’immenses plages et des cuvettes salines jusqu’à la frontière du Yémen. Autour de Salalah, cocotiers et bananiers apportent une touche délicieusement tropicale aux marges de la « Terre de l’encens ».

Et des îles

Au Dhofar, les Khuriya Muriya, rétrocédées par les Britanniques en 1967, sont un groupe de cinq îles signalées dans l’Antiquité comme les Zenobii. La principale, Hallaniyah et ses 56 km², compte moins d’une centaine de résidents. Dans la région de la Batinah (côté littoral), au large de Barka et Sawadi, l’archipel de Damaniyat est composé de 9 îles plates serties dans des eaux translucides et bordées de récifs coralliens, formant une réserve naturelle propice à la plongée et à l’observation des tortues. Voici encore la grande Masirah à une vingtaine de kilomètres des côtes se trouvant à la lisière de la Sharqiya et de la Wusta, 12 000 habitants sur 650 km², ses plages divines de Ras Al Ya sur la côte orientale, la plus forte densité mondiale de tortues caouannes, une poignée d’hôtels agréables pour trouver des draps blancs après le kitesurf, le tout dans un cadre lunaire sculpté par les ophiolites gris-vert.