Eglise rose à Matjiesfontein (c) jean-francois - iStockphoto.com.jpg
Vitraux de l'église Regina Mundi de Soweto ©  al clark - Shutterstock.com.jpg

Des églises dans les villes et les villages

Si la Constitution sud-africaine prône la liberté de culte, le christianisme domine largement. En Afrique du Sud, la religion abrahamique est représentée par la plupart des mouvances classiques : catholiques, anglicans, protestants, méthodistes, congrégationalistes, luthériens, presbytériens, baptistes, etc. On retrouve aussi les adventistes et l’Église réformée néerlandaise, aussi appelée Nederlandse Gereformeerde, qui a une place très importante dans la communauté afrikaans. Cette Église est tristement célèbre pour avoir été le principal soutien idéologique de l’apartheid et a souvent cité la Bible pour justifier la séparation des races. Les orthodoxes orientaux, comme les orthodoxes grecs, sont également présents en Afrique du Sud et possèdent de superbes édifices religieux que vous pourrez appercevoir au fil de votre périple si vous avez l’œil averti à ce sujet. Cependant, la très grande majorité des Sud-Africains appartient avant tout à des Églises africaines indépendantes qui vont, elles, associer croyances ancestrales traditionnelles et christianisme. La plus importante de ces Églises est la célèbre Zion Christian Church qui attire près de 12 % des Sud-Africains. Le culte compterait de nos jours plus de 16 millions de membres. On reconnaît facilement ses fidèles à la tenue très colorée, verte, blanche ou bleue, qu'ils portent le dimanche, jour de messe. Ces uniformes varient alors selon l’âge, le genre ou encore l’occasion. Cette Église, très conservatrice, a décidé de quitter le Conseil des Églises sud-africaines qu'elle considérait beaucoup trop progressiste pour son culte.

Des croyances traditionnelles ancrées

Tout en sachant que les croyances traditionnelles s’ajoutent parfois naturellement à la foi chrétienne, le reste de la population sud-africaine, soit 20 %, se répartit entre diverses obédiences. Parmi eux, on estime qu’environ 15 % des Sud-Africains restent très fidèles aux croyances traditionnelles, ce qui en ferait la deuxième religion du pays juste après le christianisme. Ainsi les cérémonies traditionnelles issues des mythologies africaines ancestrales, comme les sacrifices d'animaux chez les Zoulous ou la circoncision des jeunes garçons chez les Xhosa, restent aujourd’hui encore très courantes et pratiquées par une part importante de la population.

Hindous et musulmans originaires d’Inde

Parmi la population d’origine indienne, environ 80 % sont hindouistes. Ils sont surtout présents à Durban, dans le nord-est du pays, où l’on peut observer et visiter leurs superbes temples. Il arrive que l’on appelle la ville de Durban la petite Inde d’Afrique du Sud, bien que toutes les grandes villes aient leur lot d’architecture hindouiste… Quant aux commémorations, les fêtes de Kavadi donnent lieu à des célébrations publiques vibrantes et très colorées. Au sein de la communauté indienne, environ deux tiers sont hindous et un tiers restant de confession musulmane. Il ne faut pas oublier que Durban a accueilli en 1893 sûrement l’hindou le plus célèbre au monde : Gandhi. Le jeune avocat resta vingt et un ans en Afrique du Sud, et bien sûr à Johannesburg où ont débuté ses plus grandes luttes. Au XVIIe siècle, les Hollandais ont déporté de nombreux esclaves originaires de Malaisie et du reste de l'Asie pratiquant l'islam sunnite. Aujourd'hui, leurs descendants représentent un peu moins de 2 % de la population sud-africaine. Une deuxième vague de migrants musulmans est arrivée à la fin du XIXe siècle, cette fois-ci originaires d'Inde et du Pakistan. On peut visiter de nombreuses mosquées, dont la magnifique mosquée de Juma à Durban ou encore assister aux fêtes traditionnelles comme l’aïd el-fitr célébrant la fin du ramadan. Comme dans toutes les mosquées, les jambes et les épaules doivent être couvertes. Mais l’islam était là bien avant la colonisation. La religion, présente notamment parmi la population métissée, appelée ici les coloured, est arrivée à l’époque où les marchands arabes faisaient affaire avec l’Afrique de l’Est via la route des Indes.

La communauté juive engagée contre l’apartheid

Le judaïsme compte une communauté d'environ 120 000 personnes. Principalement originaires de Lituanie, ils sont arrivés en Afrique du Sud vers la fin du XIXe siècle. Ils n'ont jamais connu la moindre persécution jusque dans les années 1930, où la propagande nazie traversa alors les frontières. Persécutés par les leaders afrikaners nationalistes, de nombreux Juifs ont dû fuir le pays qui les avait pourtant si bien accueillis un demi-siècle auparavant. En revanche, ceux qui sont restés ont alors été très actifs dans l'ANC et le Parti communiste pour s'opposer aux discriminations et au régime de l'apartheid.

0,1 % de bouddhistes

Une part infime de la population, mais une part tout de même, est de confession bouddhiste. Les bouddhistes ne sont que très peu représentés en Afrique du Sud. Mais à Pretoria, un lieu de culte bouddhiste est pourtant immanquable. Le plus grand temple bouddhiste du continent africain est sûrement ici, un symbole pour toute une minorité, qui a fait du temple Nan Hua un véritable lieu de pèlerinage.

Découvrir l’histoire à travers les lieux de culte

Que vous soyez religieux ou non, rien ne vous empêche de visiter les magnifiques lieux de culte présents sur tout le territoire sud-africain : la cathédrale Saint-Georges et ses vitraux sublimes au Cap, le temple mormon de Parktown à Johannesburg avec ses six flèches qui éclairent le ciel durant la nuit, ou bien encore le plus grand temple bouddhiste d’Afrique, le temple Nan Hua, qui se situe à Bronkhorstspruit dans la région de Pretoria. D'autant plus que nombre de ces édifices ont joué un rôle important durant les événements historiques du pays, comme l’église catholique Regina Mundi de Soweto qui a abrité des activistes anti-apartheid lors de la lutte pour la liberté, ou l’église anglicane du Christ-Roi, à Sophiatown, où l’archevêque Trevor Huddleston s’est dressé contre l’oppression. L'église a aussi servi de tremplin à l’archevêque Desmond Tutu, prix Nobel de la paix en 1984, pour dénoncer publiquement l’apartheid, faire connaître son pays au monde entier et prôner le boycott économique de l’Afrique du Sud. Mais à l’inverse, il ne faut pas non plus oublier la face plus sombre de l’histoire, qu'une très grande partie des hommes de religion sont à l'origine et ont mis en place le système de l’apartheid.