30 000 – 60 000 ans av. JC

Les premiers habitants

Les San (ou Bushmen), puis les Khoi (Hottentots) arrivent dans le Kalahari. Le mode de vie des San est typique du chasseur-cueilleur nomade, hautement adapté à l’environnement difficile des terres arides de cette zone. Les Khoi, quant à eux, sont plus volontiers associés à l’élevage.

Ier-IIe siècles

Arrivée des premiers agriculteurs et des pasteurs de langue bantoue. Sous l’influence de ces peuples originaires d’Éthiopie et d’Afrique de l’Ouest, l’agriculture et l’élevage se généralisent chez les San et les Khoi grâce à l’importation d’outils de fer.

IIIe- Xe siècles

L’installation des peuples bantous se fait par vagues successives. À la fois éleveurs et agriculteurs, ils sont plus forts et plus grands que les Khoisan, sans doute parce qu’ils sont mieux nourris. Ils dominent à la guerre les peuples encore installés dans l’âge de pierre. Pourtant, avec certaines ethnies, la cohabitation est pacifique et fondée sur l’échange mutuel. Les mariages mixtes sont même fréquents.

XII - XVIe siècles

Les guerres Difaquane

Le peuple tswana parvient au Botswana et atteint le Transvaal. Des conflits entre dynasties, souvent liés à des périodes de sécheresse et donc de besoin d’expansion, donnent lieu à une série de scissions et de migrations. Trois tribus tswana émergent : les Bakgalagadi, les Batswana et les Basotho. Les premiers partent s’établir à l’ouest du Transvaal et à l’est de l’actuel Botswana, aux abords du Kalahari. Les autres vont occuper l’est et le centre du Transvaal ainsi que la région correspondant à l’actuel Magaliesburg. Plus tard, les Basotho émigrent à nouveau et partent s’installer dans les montagnes du Drakensberg, l’État libre d’Orange et le sud-ouest du Transvaal où on les trouve encore aujourd’hui.

XVIIIe siècle

L’accroissement de la population et la succession des sécheresses entraînent de nouveaux conflits tribaux. En outre, l’expansion agressive de la colonie du Cap au sud-ouest et le fort développement des comptoirs marchands (esclaves, or et ivoire) sur la côte de l’actuel Mozambique aggravent les tensions entre peuples rivaux. Ainsi, sont déclenchées en 1818 les guerres de la Difaquane, ou du « dispersement », par le roi zoulou Shaka Ier. Les tribus tswana fuient alors le nord de l’Afrique du Sud pour s’installer progressivement au Botswana, et assoient leur pouvoir sur tout le territoire, aux dépens des autres peuples vivant dans la région.

XIXe siècle

L’arrivée des missionnaires chrétiens

Dès 1820, des missionnaires protestants britanniques s’installent parmi les populations locales. Ils convertissent pacifiquement les chefs tribaux qui dispensent ensuite la religion chrétienne auprès des leurs. Au détriment de la culture locale, les missionnaires apportent leurs savoir-faire en construisant des écoles et des dispensaires, et en introduisant l’agriculture moderne. Ayant une influence politique considérable, ils aident les chefs tribaux à obtenir la protection britannique contre l’avancée des Boers du Transvaal, de plus en plus oppressante pour les Tswana.

1813-1873

David Livingstone

Médecin écossais, missionnaire protestant et explorateur, David Livingstone débarque pour la première fois au Bechuanaland en 1841 à la demande de Robert Moffat, lui aussi membre de la London Missionary Society, dans l’objectif premier d’évangéliser les populations. Après avoir épousé en 1845 la fille de Moffat, Mary, Livingstone s’installe parmi les Bakwena et baptise son roi Sechele (1829-1892). Il côtoie également les Bamangwato de la dynastie Ngwato alors installée à Shoshong. Il noue ainsi des relations amicales avec les tribus, observe leurs coutumes et crée des écoles bibliques. Progressant au nord pour fonder de nouvelles missions, il explore à la fois des terres peu connues des Européens. Dès 1849, il part en expédition vers le lac Ngami, puis vers les chutes Victoria, et ne revient plus évangéliser le Botswana. Il meurt le 1er mai 1873 de la dysenterie au bord du lac Bangwelo, dans l’actuelle Zambie.

30 septembre 1885

Le protectorat britannique

Le Botswana est déclaré protectorat du Bechuanaland et ses frontières actuelles sont définies dans leurs plus grandes lignes. Les chefs tswana, qui se méfient, négocient le fait que le gouvernement britannique ne devra en aucune façon influer sur leurs lois et leur autorité. De même, aucun des territoires tswana ne pourra être vendu. Ces conditions posées et acceptées, des procédures administratives sont mises en œuvre, parmi lesquelles l’instauration d’une taxe sur les huttes, à acquitter en échange de la gestion anglaise du protectorat. Cette forme d’imposition a des répercussions importantes sur la vie quotidienne des habitants et entraîne de nombreux changements sociaux et économiques. Pour payer ce dû et gagner également de l’argent liquide afin d’acheter des produits occidentaux, les hommes partent travailler dans les mines sud-africaines, laissant femmes, parents et enfants garder le bétail. Parallèlement, les chefs locaux s’enrichissent car ils perçoivent 10 % des recettes lors de la collecte de l’impôt.

1853 - 1902

Cecil Rhodes

Homme d’affaires richissime et politicien anglais, Cecil Rhodes projette de coloniser le Bechuanaland et l’actuel Zimbabwe, dans l’objectif de créer une grande Afrique britannique. En 1888, il fait partie du consortium De Beers, possède une partie de la mine de Kimberley (Afrique du Sud) et en 1889, pour asseoir son dessein, fonde la British South Africa Company (BSAC), dont l’objectif est de mettre la main sur les richesses minières de la région. Premier ministre de la colonie du Cap en Afrique du Sud de 1890 à 1896, il influe sur la couronne britannique afin d’annexer certains territoires du Bechuanaland et exploiter ses richesses, mais cette tentative se solde par un échec, elle qui est contrée par les chefs tswana. Cependant, les intérêts économiques ne pouvant pas être abandonnés, le gouvernement britannique finit par céder à Rhodes l’exploitation de certaines des terres qu’on appela diplomatiquement les « blocks » de la Couronne, notamment celles du Tuli Block. Les « blocks » de Gaborone, Tati, Ghanzi et Lobatse restèrent sous contrôle du protectorat.

1894

Alors que de nombreuses richesses sont découvertes dans la région, l’Angleterre vote une loi autorisant compagnies et individus à coloniser les territoires où les chefs africains cèdent des concessions. Rhodes, qui souhaite mettre la main sur le Bechuanaland pour de multiples raisons, négocie avec le gouvernement britannique pour annexer le protectorat à la BSAC. Ce dernier accepte à condition que les chefs botswanais donnent leur accord à ce projet.

1895

Les chefs tswana envoient plusieurs pétitions contre ce projet à la reine qui restent sans réponse. Ils décident alors de se rendre à Londres pour plaider leur cause auprès du gouvernement. Essuyant des échecs, ils partent en campagne autour de l’Angleterre pour rallier l’opinion publique à leur requête. Les hommes d’affaires influents, voyant venir le risque d’une guerre coûteuse dans la colonie, se rangent de leur côté. Craignant un revers politique aux prochaines élections, le gouvernement accède à leur demande, tout en négociant pour la BSAC la construction d’une voie ferrée vers la Rhodésie et une nouvelle taxation pour financer le protectorat.

1902

L’essor de la dynastie Ngwato

Après la campagne de 1895, Khama le Grand assoit son autorité sur le pays. Avec sa conversion au christianisme et sa bonne intelligence avec les autorités du protectorat, son influence grandit. La capitale des Bamangwato est transférée de Palapye à Serowe. Depuis sa nouvelle capitale, Khama continue à administrer son peuple et reste vigilant au sort que réserve l’Angleterre à son protectorat.

1910

Création de l’Union d’Afrique du Sud. L’Angleterre souhaite entre autres intégrer dans cette union le Bechuanaland, ce que les chefs tswana refusent catégoriquement. Ayant conscience du sort difficile réservé aux Botswanais qui y travaillent ainsi que de la politique ségrégationniste qui s’y met en place, ils luttent une nouvelle fois pour leur autonomie politique et opposent une résistance farouche à cette nouvelle volonté d’assujettissement.

1926

Le chef Khama le Grand disparu, c’est le fils d’un second mariage, Tshekedi Khama, qui prend la régence du peuple Bamangwato. En effet, son petit-fils Seretse, pourtant légitime chef, n’a alors que quatre ans.

1905 - 1959

Tshekedi Khama

Héritier temporaire du trône de la tribu Bamangwato à la mort de Khama le Grand, Tshekedi Khama fut un gouvernant pragmatique et sage. Mettant l’accent sur l’éducation et le bien collectif, il favorisa la construction d’écoles primaires puis envoya les jeunes en Afrique du Sud pour qu’ils reçoivent une éducation. Au cours du temps, plusieurs écoles primaires ouvrirent leurs portes et un collège vit le jour. Tshekedi trouva un équilibre remarquable entre l’héritage culturel des Botswanais et la culture occidentale. En outre, chose remarquable et visionnaire, Tshekedi imposa au sein du collège de Serowe une règle inédite en Afrique australe : le traitement équitable des enseignants blancs et noirs qui partageaient les mêmes locaux. À l’heure où l’Union d’Afrique du Sud s’orientait vers l’apartheid et où l’Amérique connaissait encore les affres de la ségrégation, le Botswana imposait l’égalité des races au sein de son système éducatif. Cependant, l’annonce du mariage de Seretse avec une Anglaise le mit à mal et il s’y opposa fortement. Le gouvernement britannique, qui voyait d’un mauvais œil cette union, l'évinça du pouvoir et le remplaça par un chef choisi par ses soins.

1948

Un mariage scandaleux

Pour le préparer à sa tâche de leader, Tshekedi envoie son neveu recevoir la meilleure éducation possible à l’étranger, à Londres et Oxford notamment une année, il est surpris de recevoir une lettre l’informant de son dessein d’épouser une Anglaise, Ruth Williams. N’acceptant pas ce projet, Tshekedi explique à son neveu qu’en tant que futur chef, celui-ci se doit de faire passer l’intérêt de son peuple avant le sien. Seretse s’oppose et évoque le droit d’épouser qui il souhaite. Cependant, le gouvernement britannique intervient de manière subtile dans cette histoire et déclare inapte Seretse à l’accession de la chefferie, en l’exilant durant six ans, tout en l’invitant à Londres. Les Anglais bannissent également Tshekedi et le remplacent par un chef de leur choix. Les Bamangwato, comme à leur habitude, résistent pacifiquement, en faisant entre autres campagne en Angleterre et en refusant de payer les taxes. Mais ils connaissent alors une vague de répressions sévères de la part de l’autorité britannique.

1956

Tshekedi et Seretse se revoient à Londres et règlent leur différend. Seretse peut alors rentrer au Botswana en acceptant de ne pas prendre la chefferie. Il est accueilli triomphalement avec sa femme et ses enfants, le 26 septembre.

1960

Vers l’indépendance

Création du Bechuanaland People’s Party (BPP), à visée nationaliste. KT Motsetse en est le président fondateur et écrira plus tard Bénies soient ces nobles terres, l’hymne national. Le BPP demande aussitôt l’indépendance, en soulignant que l’administration britannique n’a absolument pas cherché à développer le Bechuanaland pendant son protectorat.

1962

Seretse Khama fonde le Botswana Democratic Party, dont il est nommé président. Ce parti plus modéré vise à instaurer une société démocratique et multiraciale, assortie d’un multipartisme politique.

1963

Des pourparlers constitutionnels sont entrepris, amorçant le processus d’indépendance. En juillet , l’accord de Lobatse prévoit une autonomie du Bechuanaland, avec notamment l’élection d’une Assemblée nationale et la formation d’un cabinet exécutif. La capitale est déplacée de Mafikeng en Afrique du Sud à Gaborone, dans le corridor Est.

1965

En mars, des élections très pacifiques ont lieu sur la base de la Constitution de 1963. Le BDP remporte 28 sièges sur les 31 de l’Assemblée nationale et Seretse Khama devient le premier Premier ministre élu du premier gouvernement du Botswana. Il demande alors aussitôt l’indépendance.

1966

L’indépendance

Décidée à la conférence constitutionnelle de Londres quelques mois plus tôt, l’indépendance du Bechuanaland est proclamée officiellement le 30 septembre 1966. Le même jour, Seretse Khama, élu premier président de la République, est anobli par la reine d’Angleterre Élisabeth II. La république prend alors le nom de Botswana.

1921-1980

Seretse Khama

Issu de la famille royale des Bamangwato, Seretse Khama fut non seulement le leader politique qui a guidé le Botswana en amont et en aval de son indépendance en 1966, mais aussi un pionnier dans la protection sociale et un grand promoteur des droits de l’homme. Fondateur du Bechuanaland Democratic Party, Seretse Khama construit un modèle politique et économique presque exemplaire lors de l’indépendance. Alors que le pays était l’un des plus pauvres du monde, il organise une relance économique fondée sur l’exportation de viande bovine et de cuivre. La découverte des diamants d’Orapa en 1967 favorise également grandement son programme. Jusqu’à sa mort en 1980, Seretse Khama tente de mener le pays selon ses principes : égalité des hommes et État-providence.

1967

Découverte des premiers gisements de diamants, à Orapa. Le Botswana, qui n’est alors qu’un pays peu développé, se lance dans  une rapide transformation économique. Il passe du statut des nations les plus pauvres au monde à l’un des plus riches États du continent africain.

1976

Création d’une nouvelle monnaie, le pula, qui remplace le rand sud-africain. Dans le même temps, Ian Khama, le fils aîné de Seretse, se fait instituer Kgosi (chef) de la tribu des Bangwato.

1980

Une démocratie exemplaire en Afrique

Mort de Sir Seretse Khama. Il est remplacé par le vice-président, Quett Masire, qui est reconduit plusieurs fois au pouvoir jusqu’en 1994. Le BDP continue de détenir la majorité au Parlement. Le Botswana connaît une croissance économique rapide.

1998

Démission du président Quette Masire en raison de son âge ; Festus Mogae, ancien vice-président et ministre des Finances, assure l’intérim jusqu’aux prochaines élections en 1999, lorsqu’il est élu président.

2000

Selon les Nations unies, le pays compte le plus fort taux au monde d’adultes atteints du sida : 36 %, soit un actif sur quatre. En décembre, lancement par le président Mogae d’un vaste programme de prévention du VIH.

Octobre 2004

Élections législatives et présidentielles. Le BDP remporte sa neuvième victoire consécutive, avec 44 des 57 sièges de l’Assemblée nationale. Dans la foulée, le président Mogae est réélu.

Décembre 2007

Décision de justice historique en faveur des San contre le gouvernement qui doit respecter leurs droits de vivre, chasser et cueillir sur les terres du Kalahari.

Octobre 2009

Élections législatives et présidentielles. Ian Seretse Khama, qui a pris la présidence en 2008 après la démission programmée de Festus Mogae, est élu avec la majorité absolue du BDP.

27 février 1953 - ?

Ian Seretse Khama

Fils de Seretse Khama qui libéra le pays du protectorat britannique en 1966, il est depuis 1979 chef de la tribu des Bamangwato, l’une des plus importantes des huit tribus tswana. Après avoir été commandant des forces de défense du Botswana, il est élu chef de l’État en 2008 et devient le quatrième président de la République. Symbole du métissage et leader du Parti démocratique du Botswana, créé par son père, il fut réélu en octobre 2014 pour un second mandat. L’élection est marquée par l’obtention du plus grand nombre de sièges remportés par l’opposition depuis que le pays a obtenu son indépendance en 1966. Le BDP remporte seulement 37 des 57 sièges au Parlement, soit environ dix de moins qu’en 2009. La Constitution botswanaise limitant à dix ans la durée maximale d’un président en exercice, Ian Khama démissionne en 2018. Il est remplacé par son vice-président Mokgweetsi Masisi, qui sera élu en 2019 par l’Assemblée nationale. À la suite de l’autorisation de la chasse aux éléphants, il déchire sa carte de membre du BDP en pleine campagne électorale et crée un nouveau parti, le Front patriotique du Botswana. Ce dernier, présidé par Biggie Butale, remporte seulement trois sièges à l’Assemblée nationale lors des élections législatives en 2019.

Janvier 2011

Une décision de justice, après un tribunal historique, rend compte que le traitement des Bushmen par le gouvernement est « dégradant » et inconstitutionnel, donnant aux Bushmen l'accès à l'eau courante dans la réserve du Kalahari.

2012

Le parti au pouvoir, le BDP célèbre son cinquantième anniversaire. Pour tenter d’enrayer cette domination politique, trois partis d’opposition décident de faire cause commune en créant l’Umbrella for Democratic Change (UDC).

Octobre 2014

Malgré une opposition plus forte, le BDP remporte une nouvelle fois les élections législatives, avec 37 des 57 sièges parlementaires contestés. Cette victoire permet au président sortant Ian Khama d’être réélu pour cinq ans.

Avril 2018

Après une décennie au pouvoir, le président Ian Khama cède sa place au vice-président Mokgweetsi Masisi. L’année suivante, le BDP remporte les élections législatives avec la majorité absolue, ce qui permet à Mokgweetsi Masisi d’être conforté comme président.

Avril 2019

L'un des plus gros diamants au monde, 1 758 carats, est découvert dans la mine de Karowe par le Canadien Lucara Diamond. Baptisé sewelô, qui signifie « découverte rare » en setswana, il a trouvé acquéreur auprès de la maison de luxe Louis Vuitton.

11 juin 2019

La Cour de Justice du Botswana dépénalise l'homosexualité, punie depuis 1965 par des peines pouvant aller jusqu'à 7 ans de prison. Ce jugement historique est salué à l'international, notamment sur le continent africain où l'homosexualité est en majorité interdite. En octobre 2021, le gouvernement du Botswana fait appel de la décision, mais le tribunal rejette la demande et confirme la décriminalisation dans le pays.

2020

Les premiers cas de coronavirus sont déclarés dans le pays le 30 mars 2020. Le Botswana se protège et ferme ses frontières. Il est peu touché par le virus à l'inverse de son voisin, l'Afrique du Sud. Le bilan en décembre est de 14 877 cas dont 42 décès.

Juin 2021

Productrice de diamants au Botswana, la Debswana annonce le 1er juin la découverte d'un diamant de 1098 carats, l'un des plus gros du monde, dans la mine de Jwaneng. Une dizaine de jours plus tard, la société canadienne Lucara déterre de son côté dans la mine de Karoy un diamant de 1174 carats, considéré aujourd'hui comme le 3e plus gros au monde.