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Les forêts

Elles couvrent entre 55 et 60 % du territoire (28 000-30 000 km²). On les trouve principalement dans les zones montagneuses et semi-montagneuses et elles appartiennent pour 70 % à l’État. Les trois arbres les plus emblématiques sont le majestueux pin de Bosnie (Pinus heldreichii), qui pousse dans les Balkans jusqu’à 2 500 m d’altitude, l’épicéa de Serbie (Picea omorika), espèce endémique qui ne se trouve qu’ici et en Serbie, et l’érable de Bosnie (Acer obtusatum), avec lequel furent fabriqués les violons Stradivarius. Toutefois, les essences les plus répandues sont le hêtre des Balkans (Fagus moesiaca), le chêne chevelu et le chêne rouvre. Les forêts sont dominées par le hêtre des Balkans associé au chêne rouvre, au chêne chevelu, au tilleul argenté, à l’alisier torminal (Sorbus torminalis) et à différents conifères jusqu’à 800 m d’altitude. Viennent ensuite les forêts mixtes de conifères et de feuillus (24 %) : épicéa commun, sapin blanc, pin sylvestre, pin mugo, hêtre, différents chênes et frênes ou encore érable de Bosnie, surtout présent dans la région de Tuzla. Viennent ensuite les forêts de chêne rouvre (14 %) où celui-ci côtoie le charme commun, le frêne à fleurs ou le tilleul argenté. La dernière grande catégorie est celle des forêts de pins (7 %) qui grimpent jusqu’aux plus hauts sommets du pays, à plus de 2 300 m d’altitude, en Bosnie centrale et le long des frontières avec la Serbie et le Monténégro. C’est le royaume du pin de Bosnie, de l’épicéa commun et du sapin blanc. Mais le très rare épicéa de Serbie, qui peut atteindre 35 m de hauteur (comme le pin de Bosnie) ne se trouve que dans deux zones : autour de Višegrad et dans la vallée de la Drina. Enfin, parmi les autres catégories, il faut citer les forêts de zones humides et les forêts méditerranéennes (chênes, pins, genévriers, maquis, etc.) qui dominent la partie sud. Le pays abrite également cinq petites forêts primaires, où l’homme n’est jamais intervenu : Perućica (1 434 ha, dans le parc national de Sutjeska), Lom (298 ha, près de Bosanski Petrovac), Janj (295 ha, près de Šipovo), Plješivica (39 ha, près de Bihać) et Žuča-Ribnica (32 ha, près de Kakanj). La forêt de Janj est d’ailleurs inscrite depuis 2021 sur la liste des forêts primaires d’Europe du patrimoine mondial de l’Unesco. D’une manière générale, les forêts bosniennes se portent plutôt bien et gagnent du terrain du fait de la désertification du pays. Le secteur forestier représente quant à lui 5 % de la population active et 15 % des exportations. Mais certaines chênaies et pinèdes font l’objet de coupes illégales.

Espèces endémiques

Les Balkans possèdent la plus riche biodiversité en Europe en termes d’endémisme, c’est-à-dire des espèces végétales ou animales qui sont originaires de la région et/ou que l’on ne trouve que sur place. Ainsi, en Bosnie-Herzégovine, on recense environ 5 000 espèces, dont 540 sont endémiques, soit un taux d’endémisme de 10,8 %. Par comparaison, la France métropolitaine, pourtant onze fois plus grande, possède un taux de 6,3 % (3 251 espèces endémiques sur 51 400). À elle seule, l’Herzégovine (20 % du territoire) concentre la moitié des espèces endémiques du pays. Cela en raison de son relief varié et de ses différents types de climat. C’est par exemple dans le bassin de la Neretva que vit la dizaine de poissons endémiques du pays (lire ci-après). La grotte de Vjetrenica (près de Trebinje) abrite quant à elle 37 espèces uniques, dont un coléoptère (Scotoplanetes arenstorffianus) et une crevette (Troglomysis vjetrenicensis). Classée sur la liste indicative de l’Unesco en vue d’une inscription au patrimoine mondial, c’est la deuxième grotte au monde en termes de biodiversité. À travers le pays, les grottes karstiques fourmillent d’insectes, de mollusques, de crustacés ou d’arachnides endémiques. Les plus étonnants sont deux pseudo-scorpions (corps d’araignée et pinces de scorpion) découverts récemment : le Neobisium radjai, en 2017, près de Livno, et le Roncus travuniensis, en 2007, près de Trebinje. Côté fleurs, une trentaine d’espèces endémiques sont recensées. Certaines campanules comme la Campanula hofmannii ne poussent que dans les gorges de la Cvrcka (près de Banja Luka). Les hauts plateaux de l’Herzégovine abritent pour leur part un œillet mauve (Dianthus freynii), une sarriette fuchsia (Acinos orontius), une légumineuse à fleurs (Oxytropis prenja) ou encore la violette du mont Prenj (Viola prenja). Mais la fleur la plus célèbre du pays est sans conteste le lys bosniaque (Lilium bosniacum). Emblème des rois de Bosnie au Moyen Âge, il est aujourd’hui le symbole de la communauté bosniaque.

Mammifères

Le plus grand mammifère terrestre de Bosnie-Herzégovine est l’ours brun qui peut peser jusqu’à 700 kg pour les mâles. Sa population est estimée à 1 000 individus. C’est la deuxième des Balkans après celle de Roumanie (6 000). Les plantigrades bosniens sont répartis dans les zones forestières des montagnes et collines de la moitié nord. Mais leur nombre est en baisse (- 200 entre 2011 et 2021). Cela est dû à plusieurs facteurs : braconnage, chocs avec des véhicules, explosions de mines antipersonnel et chasse légale. Car oui, le pays compte toujours de nombreuses zones minées datant de la dernière guerre, notamment dans les forêts difficiles d’accès. Et oui, la chasse à l’ours est toujours autorisée dans le cadre de quotas accordés aux associations cynégétiques. En fait, la chasse légale s’applique à presque tous les mammifères, y compris à des espèces menacées comme l’ours et le loup. Ce dernier voit ses effectifs diminuer de manière encore plus inquiétante, puisqu’on ne compterait plus que 350 individus, contre 600 en 2006. Il vit surtout dans les régions proches de la Serbie et du Monténégro ainsi que dans la partie centrale du pays, dans la forêt de Čemernica (près de Fojnica), sur le mont Vlašić (près de Travnik) et dans la forêt primaire de Janj (près de Donji Vakuf). Un autre prédateur a quant à lui déjà disparu : le lynx des Balkans (Lynx lynx balcanicus), qui a été aperçu pour la dernière fois en Bosnie-Herzégovine en 1911. Seuls 50 de ces félins subsistent en Macédoine du Nord et en Albanie. Mais une autre espèce typique des Balkans est, elle, en plein boom. C’est le chacal doré (Canis aureus), dont la population locale était de l’ordre de 2 000 individus en 2021, avec une croissance estimée de 35 % par an. On retrouve ce petit cousin du loup surtout dans la plaine de Pannonie, au nord. Les autres prédateurs sont le renard, le chat sauvage, le putois, la fouine, le blaireau, la loutre et la petite mangouste indienne (Urva auropunctata), importée sur les îles croates en 1910 et qui est aujourd’hui une espèce invasive très préoccupante. Quant au minuscule littoral de Neum (20 km), il est parfois visité par des cétacés comme le dauphin de Risso (Grampus griseus).

Parmi les herbivores, les plus imposants sont le sanglier, le cerf, le chevreuil ainsi qu’une sous-espèce menacée (et pourtant chassée) : le chamois des Balkans (Rupicapra balcanica) qui vit dans le parc national de Sutjeska et dans la réserve naturelle de Blidinje (Tropolje). Dans les environs de Mostar et, surtout, de Livno (Tropolje) vivent aussi des hordes de chevaux revenus à l’état sauvage. Le lapin et le lièvre côtoient quant à eux une trentaine de rongeurs comme l’écureuil roux, la marmotte, le castor et le Nannospalax leucodon, un rat taupe aveugle des Balkans. À cela s’ajoutent 29 espèces de chauves-souris. La grotte de Mišarica (près de Banja Luka) est ainsi considérée comme l’une des plus grandes « maternités » pour chauves-souris des Balkans, où des milliers de grands murins et de minioptères de Schreibers viennent se reproduire l’été.

Poissons des rivières

Connues des pêcheurs à la mouche de toute la planète, les rivières de Bosnie-Herzégovine sont parmi les plus poissonneuses d’Europe. On y trouve la truite arc-en-ciel, la truite fario, le brochet, différentes carpes et, surtout, l’un des plus gros salmonidés au monde : le huchon ou saumon du Danube (Hucho hucho) qui peut atteindre 1,50 m de longueur pour 50 kg. Cette espèce menacée du bassin du Danube a fait de la Bosnie-Herzégovine l’un de ses derniers refuges. Hélas, les rivières du pays sont en danger. Pas tant à cause des pêcheurs amateurs qui pratiquent surtout le « no kill » (le poisson est relâché après sa capture), mais du fait de la prolifération de centrales hydroélectriques. En 2020, alors que plus de 400 nouveaux barrages de toutes tailles étaient en projet ou déjà en chantier, un moratoire a été décrété par les autorités face à l’opposition des habitants. Parmi les six cours d’eau les plus poissonneux, il y a tout d’abord la petite Ribnik (près de Banja Luka), où l’on trouve surtout l’ombre commun et la truite fario. Jolie rivière de montagne, la Sanica (près de Sanski Most) regorge de brochets, d’ombres et compte aussi quelques huchons. Toutes deux rejoignent la Sana, où vivent des truites et, là encore, quelques huchons. Autre affluent de la Sana, l’Una est la plus belle rivière du pays. Elle abrite la truite arc-en-ciel, la truite fario et le huchon. Mais c’est la Neretva et ses affluents qui surprennent le plus avec leurs nombreuses espèces endémiques. Chez les salmonidés figurent la truite dentée (Salmo dentex), la truite marbrée (Salmo marmoratus) et la truite à lèvres molles de la Neretva (Salmo obtusirostris oxyrhinchus).

Oiseaux

Le pays compte 321 espèces d’oiseaux, dont les deux tiers nidifient sur place. Ils se concentrent dans trois régions qui disposent chacune d’une zone humide reconnue par la convention de Ramsar : l’Herzégovine et sa voisine la Tropolje ainsi que les marais de Bardača, le long de la Save. En Herzégovine, la réserve naturelle de Hutovo Blato (74 km², Ramsar) accueille jusqu’à 10 000 oiseaux en même temps : le cormoran pygmée, des hérons venant d’Afrique, l’ibis falcinelle (Plegadis falcinellus), qui nidifie en hauteur près de l’eau, et de grandes flopées de combattants variés (Philomachus pugnax). Parmi les canards, remarquez la nette rousse (Netta rufina), peu répandue en Europe. Toujours en Herzégovine, Mostar est un bon endroit pour découvrir des espèces typiques des Balkans : le chocard à bec jaune (Pyrrhocorax graculus), au vol majestueux, et le cincle plongeur (Cinclus cinclus), qui se nourrit dans la Neretva. À proximité, le mont Prenj et le plateau de Podveležje abritent la très rare perdrix bartavelle (Alectoris graeca), qui niche sur les pentes rocheuses à partir de 1 000 m d’altitude. L’Herzégovine accueille aussi des migrateurs, comme l’hirondelle rousseline (Cecropis daurica), au beau plumage coloré, la fauvette orphéane (Curruca crassirostris), le martinet à ventre blanc (Tachymarptis melba), qui peut voler des mois sans se poser, et la splendide huppe fasciée (Upupa epops). La région de Tropolje possède deux importants sites naturels. La vaste plaine karstique du poljé de Livno (459 km², Ramsar) est la plus grande zone fréquemment inondée au monde et une étape de choix pour les migrateurs comme le circaète Jean-le-Blanc, la spatule blanche ou le râle des genêts (Crex crex). On y croise aussi des espèces sédentaires rares en Europe occidentale : le pic à dos blanc (Dendrocopos leucotos), typique des Alpes dinariques, le petit roselin cramoisi (Carpodacus erythrinus), surtout présent en Asie, la pie-grièche à poitrine rose (Lanius minor), récemment disparue de France, et le fuligule milouin (Aythya ferina), un canard plongeur en voie d’extinction. Aux confins de la Tropolje et de l’Herzégovine, la réserve naturelle de Blidinje (358 km²) abrite aussi bien des oiseaux des sous-bois comme le grand tétras que le hibou grand-duc qui niche dans les falaises. Avec son lac, la réserve attire également des espèces qui viennent hiverner comme le héron cendré et le goéland pontique (Larus cachinnans). Au nord du pays, les marais de Bardača (35 km², Ramsar) accueillent en partie les mêmes oiseaux qu’à Hutovo Blato et au poljé de Livno, mais en moins grand nombre. Parmi ceux qui nidifient sur place, citons la cigogne blanche, l’aigrette garzette, le blongios nain, qui est le plus petit des hérons, et un oiseau marin, la sterne pierregarin. Mais à l’exception du pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla), les grands rapaces qui vivaient autrefois ici ont disparu. On en retrouve certains à l’est du pays, comme le vautour fauve et l’aigle royal, dont il reste quelques couples dans les parcs nationaux de Sutjeska et de la Drina.

Reptiles

Parmi les 14 espèces de serpents présentes dans le pays, trois sont dangereuses pour l’homme. La vipère cornue (Vipera ammodytes) est celle qui présente le risque le plus important. Mesurant environ 85 cm de longueur et vivant sur des terrains rocheux ou sableux jusqu’à 2 000 m d’altitude, elle possède un venin qui est dix fois plus fort que celui des autres vipères. Il peut causer la mort et plusieurs incidents (non mortels) ont été signalés récemment autour de Sarajevo. Le problème est que les hôpitaux locaux peuvent être rapidement être à court sérum antivenimeux comme cela est déjà arrivé. La vipère d’Orsini (Vipera ursini) atteint quant à elle 50 cm de longueur et sa morsure peut entraîner des complications (fièvre, nausées…). Plus rare est la vipère bosnienne (Vipera berus bosniensis), une petite espèce des Balkans de 40 cm de longueur. Ces trois vipères sont identifiables à leurs motifs noirs en forme de zigzag. Le pays compte par ailleurs 22 espèces d’amphibiens : 12 grenouilles et crapauds, 10 salamandres et tritons. Parmi ces derniers, le triton alpin de Bosnie (Ichthyosaura alpestris reiseri) est seulement présent dans le lac de Prokoško (près de Fojnica).

Arachnides

Le groupe des arachnides (araignées et scorpions) ne cesse de s’agrandir avec de nouvelles découvertes chaque année. Le pays compte aujourd’hui environ 200 espèces d’araignées, dont une trentaine ne se trouvent qu’ici, troglodytes pour la plupart. En forêt et à la campagne, il faut se méfier de la famille des Theridiidae, à l'abdomen globuleux et dont le venin peut tuer un rat. C’est le cas du théridion bosnien (Theridion bosniense), araignée endémique signalée en 2011. Les scorpions locaux présentent moins de danger, puisque leur venin n’a en général qu’un léger effet cutané sur l’homme. Pensez toutefois à mettre vos chaussures à l’envers la nuit si vous dormez à la campagne : cela vous évitera une mauvaise surprise en les enfilant le matin. On recense pour l’heure cinq espèces de scorpions, toutes endémiques des Balkans.