Tapis traditionnels albanais © Kateryna Mashkevych - Shutterstock.com.jpg

Babioles

Ce n’est pas vraiment notre tasse de thé, mais les souvenirs les plus courants en Albanie sont les mugs ornés du drapeau national et du portrait de Skanderbeg, parfois même du visage jovial du sinistre Enver Hoxha. L’aigle bicéphale, le héros national, le dictateur communiste ou encore la sainte catholique mère Teresa se déclinent à l’envi sur différents objets : porte-clés, gravures, magnets, etc. Bien entendu, tout cela est assez laid. Cela nous rappelle aussi que l’Albanie demeure un pays pauvre et que son industrie du tourisme est encore mal développée. Dans la même veine kitsch, les boutiques pour touristes proposent des cendriers en forme de bunker. La finition laisse à désirer, mais au moins, c’est vraiment le genre de souvenir que l’on ne peut rapporter que d’Albanie.

Tapis et kilims

Objets décoratifs onéreux, les tapis sont constitués de nœuds et les kilims sont tissés. Tous deux sont surtout vendus aussi bien à Gjirokastra qu’à Kruja, dernière étape obligée pour des emplettes à côté de l’aéroport de Tirana. Une partie est importée de Turquie, d’Iran ou de Chine. Cela ne veut pas dire que ceux-ci sont mauvais. Mais le vendeur essayera souvent de vous persuader qu’il s’agit de tapis et kilims albanais. Effectivement, il subsiste une petite production locale. Mais avant de débourser plusieurs centaines ou milliers d’euros, demandez la provenance et l’année de fabrication. Privilégiez les tapis et kilims colorés par teintes naturelles et réalisés à la main, car ils sont plus résistants. Enfin, l’indice déterminant pour évaluer la qualité d’un tapis est la densité de nœuds. Pour une qualité moyenne, comptez entre 50 et 60 nœuds par centimètre carré. La qualité devient vraiment bonne à partir de 150 nœuds par centimètre carré. De la même manière, pour un kilim, le tissage doit être très dense.

Coups de cœur

À moins d’être ethnologue ou musicologue, un costume coloré, une coiffe traditionnelle blanche (qeleshe ou plis), une fustanelle (jupe pour homme façon evzone), de même qu’un luth des montagnes (qifteli) ne vous seront pas d’une grande utilité une fois rentré de vacances. En revanche, on craque pour deux types d’objets artisanaux typiquement albanais, faciles à transporter, pas chers et utilisables au quotidien. Le premier, c’est le petit sac à main coloré en laine au look légèrement péruvien. On le trouve dans certaines échoppes à travers le pays ou à la boutique du Musée national historique, à Tirana. Notre autre coup de cœur, presque inconnu des Albanais eux-mêmes, ce sont les ustensiles de cuisine en bois d’olivier. Le pays possède pourtant un vrai savoir-faire dans ce domaine. Paradoxalement, le bois est importé d’Italie, mais il est travaillé sur place et la totalité de la production part à l’étranger. Toutefois, vous pourrez en acheter à l’hôtel Élysée de Tirana, puisque le patron – parfaitement francophone – est aussi propriétaire d’un atelier très réputé d’objets en bois d’olivier.

Gourmandises

Sur le bord des routes de campagne, plein de petits agriculteurs vendent leur production. Comme ils n’ont pas les moyens de se procurer engrais et pesticides, les fruits et légumes qu’ils proposent sont le plus souvent bio, sans en avoir le (coûteux) label. Les abeilles profitent aussi de cette quasi-absence de produits phytosanitaires en Albanie. C’est donc assez facilement que l’on trouve encore des miels locaux de bonne qualité, variés et pas très chers. Les échoppes qui en vendent sont indiquées par des pancartes portant le mot mjaltë (« miel »). Les becs sucrés apprécieront aussi une spécialité des Balkans héritée des Byzantins : les fruits confits au sirop. On recommande particulièrement ce que l’on nomme ici les gliko arre, c’est-à-dire les noix entières confites. Les noix, ramassées vertes lorsque la coque n’est pas encore formée, donnent au sirop un parfum très délicat.

Alcools

Les Albanais recommandent volontiers aux visiteurs étrangers leur « cognac » industriel portant le nom du héros national, le konjak Skënderbeu. C’est gentil, mais on préfère largement les alcools artisanaux que consomment les habitants, au premier rang desquels le raki. Malgré son nom, cette eau-de-vie n’a rien à voir avec les rakis crétois ou turc, qui sont anisés. Non, le raki albanais est l’équivalent du rachiu roumain et de la rakija des Slaves du Sud. Il est issu de la distillation de fruits, principalement du raisin. La région productrice la plus réputée est celle de Skrapar, près de Berat. Mais on en trouve aussi dans les montagnes autour de Korça, Pogradec et Dibër où il est préparé à partir de prunes (comme la célèbre slivovitsa serbe) ou à la frontière grecque, à Erseka et Leskovik, à partir de prunes. Vous aurez l’occasion d’en goûter si vous allez à la rencontre des habitants et dans les cafés traditionnels. Côté vins, il commence à y avoir des choses très intéressantes comme les rouges issus du kallmet, un cépage autochtone de la région de Lezha. Enfin, comme l’Albanie ne fait pas partie de l’UE, les quantités de tabac et d’alcool que vous pouvez rapporter sont fortement limitées. Renseignez-vous sur les autorisations selon le pays par lequel vous allez transiter ensuite. Par exemple, seuls deux paquets de cigarettes et une bouteille d’alcool fort achetés en Albanie sont tolérés par personne à la douane grecque.

Mode italienne

Pour qui sait chercher un peu, l’Albanie a aussi des airs de dolce vita. Non seulement la pizza napoletana et la pasta al ragù sont souvent meilleures ici que de l’autre côté de l’Adriatique, mais le pays des aigles est aussi devenu un atelier géant pour les investisseurs italiens. Par exemple, Shkodra compte le plus important fabricant de masques vénitiens. Partout de petites usines vrombissent au rythme des machines à coudre aux ordres des créateurs milanais. Les plus chics vêtements sont exportés, mais il est possible de se faire tailler ici un costume pour un tarif avantageux. Une grande partie des bonnes chaussures de la botte italienne sont aussi produites dans l’ancienne colonie de Mussolini. On trouvera facilement d’élégants et confortables mocassins en cuir à l’entrée de villes dans des échoppes qui ne payent pas de mine, comme au sud de Fier. Profitez-en : le design est italien, mais le prix demeure albanais.