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Le baobab, emblème du baobab © Imagine Stock - stock.adobe.com.jpg

Une faune en danger

Bien que le Sénégal ne soit pas le pays le plus représentatif de la faune africaine, il sera néanmoins facile d’y rencontrer chèvres, moutons et même dromadaires dans le Sahel, mais aussi singes, phacochères ou varans, en cours de route ou lors d’une expédition en brousse. Lions, éléphants et panthères, dont les populations ont été décimées sous les effets du braconnage et de la perte irrémédiable de leurs habitats, restent cependant très difficiles à observer. Pour espérer les voir, il faudra se rendre au sud-est du Sénégal, dans le parc national du Niokolo Koba, qui protège l'une des ultimes grandes brousses d'Afrique occidentale. Tel une arche de Noé, ce sanctuaire naturel, inscrit depuis 2007 sur la liste du patrimoine mondial en péril, rassemble un large éventail de la savane saoudienne dont 80 espèces de mammifères comme les élands de Derby, la plus grande espèce d’antilope en Afrique, hippotragues, buffles et hippopotames. Le Sénégal ayant vu disparaître une grande partie de sa faune, des réserves privées, à l’instar des réserves de Bandia et Guembeul, ont été créées afin de réintroduire certaines espèces comme la gazelle dama ou l’éland de Derby. Elles offrent de sympathiques safaris où il est possible de voir cette faune africaine disparue à l’état sauvage cohabiter avec phacochères, singes verts et patas. À l’extrême sud-est du Sénégal, près de la Guinée, la réserve naturelle communautaire de Dindéfello, encore peu connue des touristes, accueille l’équipe de la Fondation Janes Godall qui travaille à la protection du Chimpanzé de l'Afrique de l'Ouest (Pan troglodytes verus), dont il reste à peine 500 spécimens au Sénégal. Dans le respect de cette espèce menacée, des observations y sont organisées avec des écoguides bien formés.

Une avifaune d’exception

Véritable paradis des oiseaux, le Sénégal est prisé par les ornithologues du monde entier. Et pour cause, plus de 650 espèces y ont été répertoriées dont près d’un tiers regroupe des oiseaux migrateurs venant d’Europe ou d’Afrique. Des rapaces aux limicoles, en passant par des espèces colorées de toute beauté, vous pourrez y observer, entre autres, balbuzards pêcheurs, rolliers d'Abyssinie, flamants roses, spatules, ibis sacrés, tisserins, martins-pêcheurs, etc. On y rencontre également une vingtaine d'espèces inscrites sur la liste mondiale des oiseaux menacés d'extinction comme la grue couronnée, le flamant nain ou le bateleur des savanes. Entre les nombreux deltas, les embouchures et les marigots qu’abrite le Sénégal, plusieurs sites sont propices à l’observation des oiseaux. Le plus remarqué est sans aucun doute le Parc national du Djoudj, troisième réserve ornithologique du monde, qui devient le sanctuaire des oiseaux migrateurs d’Europe occidentale, entre décembre et avril. Flamants roses, pélicans blancs et plusieurs espèces de canards hivernant, entre autres, débarquent par colonies entières. Le spectacle est grandiose, notamment entre janvier et février, où le parc abrite des millions d’oiseaux. Plus au sud, le delta du Sine-Saloum, l’une des plus importantes zones humides de l’Afrique de l’Ouest, offre aussi un refuge idéal pour les oiseaux, de par son labyrinthe de bolongs et sa végétation exceptionnelle. L’avifaune y est variée avec plus de 400 espèces recensées, observables pour la plupart tout au long de l’année. On y croise entre autres balbuzards, aigles pêcheurs, pélicans, hérons, aigrettes, chevaliers et martins-pêcheurs. Le site est aussi réputé pour abriter le premier site mondial de reproduction de la sterne royale sur l’une des îles aux oiseaux du delta. Avec ses denses forêts et son labyrinthe de bras de mer, la Basse Casamance accueille environ 200 espèces d’oiseaux, dont des bulbuls, des calaos et des coucals. Bien que son parc national soit toujours fermé au public, la Casamance est partout un paradis ornithologique, ne serait-ce que dans les jardins d'hôtels et les campements. Il existe bien d’autres sites d’observation au Sénégal à l’instar de la lagune de la Somone, du Parc national des îles de la Madeleine, réserve ornithologique depuis 1949, ou la langue de Barbarie. Finalement, en ouvrant bien les yeux, vous pourrez aisément vous régaler, tout au long de votre séjour.

Une vie marine riche

Ourlé sur plus de 700 km par l’océan Atlantique, le Sénégal est réputé dans le monde entier pour ses eaux poissonneuses, notamment celles autour du Cap-Vert. Leur richesse est due à un phénomène océanique appelé le upwelling, qui est lié au vent des alizés éloignant les eaux de surface vers le large et permettant ainsi aux eaux des profondeurs, riches en sels nutritifs, de remonter. Avec la lumière du soleil, les planctons, bases de la chaîne alimentaire, s’y développent, attirant ainsi une myriade de poissons. Parmi les nombreuses espèces recensées, on peut citer les capitaines, soles, dorades, marlins bleus, thiofs, barracudas, mérous, espadons ou encore tarpons. Dauphins à bosse de l’Atlantique et lamantins, plus rares, apprécient, quant à eux, particulièrement les eaux saumâtres à l’embouchure du Sine, Saloum et de la Casamance où vous aurez peut-être la chance de les observer. Les fleuves, rivières et marigots grouillent également de poissons d’eau douce comme les hydrocyons, les silures ou les tilapias qui cohabitent parfois avec crocodiles et hippopotames.

Une flore disparate

Composé d’écosystèmes variés, le Sénégal offre une panoplie de paysages, allant des terres désertiques aux forêts luxuriantes. Au fur et à mesure que l’on descend du nord, épineux, acacias et baobabs apparaissent, rompant la monotonie des steppes sahéliennes. La savane se fait de plus en plus dense au sud, laissant place aux forêts tropicales, mangroves et rizières. Les fromagers étonnent par leurs racines, les flamboyants et bougainvilliers éclairent l’hivernage de leurs feux ; manguiers, bananiers, avocatiers, papayers régalent les palais, surtout en Casamance ; les palmiers (à huile, rôniers, dattiers) rappellent partout que la latitude est intertropicale. Tout ce paysage de végétation se colore notablement avec l’hivernage : les arbres et les plantes fleurissent, et la région revêt un manteau beaucoup plus vert. Quant à la mangrove, écosystème spécifique des régions du Sine-Saloum et de la Casamance, elle se développe à l’embouchure des fleuves où l’eau est saumâtre. Si elle semble hostile à l’homme, elle est en revanche un refuge pour bon nombre d’espèces animales comme la mangouste, la loutre, les singes et les hyènes. Mais aussi des crustacés comme les crabes violonistes, crevettes, coques et les fameuses huîtres qui s’accrochent aux racines des palétuviers.

Les palétuviers, rois de la mangrove

Les palétuviers désignent plusieurs espèces d’arbres et d’arbustes ligneux qui sont les seules à pousser les pieds dans l’eau salée, grâce à leur faculté d’adaptation au milieu marin. Prospérant le long des rivages marins et des embouchures, ils supportent la forte salinité de l’eau et l’ennoiement régulier grâce à leurs racines aériennes. Ce sont des espèces vivipares dont la graine germe sur l’arbre avant de se détacher et se fixer dans la vase, permettant de continuer la colonisation des berges. Cette composition diverse forme des forêts amphibies que sont les mangroves. Ils ont également la propriété de pouvoir absorber une grande quantité de CO2 par leurs feuilles, véritables pièges à carbone.  Afin de protéger cet écosystème qui a disparu d’environ un quart depuis les années 1970, le Sénégal mène depuis plus de 10 ans l’une des plus grandes campagnes de reforestation des mangroves. Depuis 2008, ce ne sont pas moins de 79 millions de palétuviers qui ont été replantés, permettant ainsi de lutter contre le réchauffement climatique et de régénérer les ressources halieutiques. Un bel exemple que montre le Sénégal à ses voisins, mais aussi à certains pays occidentaux.

Le baobab, emblème du Sénégal

Arbre de la famille des Bombacacées, le baobab africain (adansonia digitata) pousse dans tout le Sénégal, notamment dans les zones arides. Cet arbre-bouteille peut atteindre une hauteur de 20 mètres à son plus jeune âge, mais en vieillissant, il se tasse au profit de son tronc qui peut approcher les 30 mètres de circonférence. Les trois quarts de l’année, ce géant de l’Afrique tropicale manque de feuillage, semble à nu et l’enchevêtrement de ses branches fait penser qu’il a poussé à l’envers, les racines saluant le ciel. Au Sénégal, c’est un arbre multi-utilitaire auquel on associe des symboles forts, évoquant la vie et la mort. Ses fruits donnent un jus plein de calcium et de vitamines, le jus de bouye. Ses feuilles, fraîches ou séchées, entrent dans la cuisine locale ou dans la réalisation de tisanes médicinales. Son écorce se prête à la confection de cordes, de paniers, de hamacs, voire des habits. Ses graines fournissent de l’huile. Cependant, sous ses allures éléphantesques, le baobab dissimule une énorme sensibilité : son bois est mou, son tronc est souvent creux. En pays sérère, il servit de tombeau aux griots, dont la tradition voulait qu’ils soient enterrés loin du cimetière. Bien plus qu’un symbole figurant avec le lion sur les armoiries du Sénégal adoptées sous Senghor en 1965, le baobab est un arbre sacré qui peut veiller sur la savane pendant plus de 2 000 ans ! Et pourtant aujourd’hui, il est menacé de disparition dans toute l’Afrique, et le Sénégal ne fait pas figure d’exception. Victime du changement climatique, le baobab l’est aussi de l’exploitation forestière. Près de Bandia, un projet d’extension d’une cimenterie a fait disparaître l’une des plus belles forêts de baobabs du Sénégal, où il ne reste aujourd’hui plus qu’un cinquième de sa superficie originelle. La Casamance est, quant à elle, la cible d’exploitations forestières juteuses et illégales dont les dégâts sont visibles dans les régions de Kolda et de Sédhiou. Il faudra sans doute que le gouvernement sénégalais réagisse rapidement pour enrayer ce fléau avant qu’il ne soit trop tard.