Les falaises de Popenguine © Andre Stival - Shutterstock.com.jpg
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Désert de Lompoul © gyikka - Shutterstock.com.jpg

Un pays relativement plat

Tourné vers l’océan Atlantique au nord-ouest de l’Afrique, le Sénégal présente les faux airs d’une tête, avec les cheveux tirés vers l’arrière, la presqu’île du Cap-Vert en forme de nez et la Gambie, de bouche. Pourtant, sous cette carte imagée, se révèle un pays où les reliefs sont quasiment absents des paysages, ou alors inattendus. Dans cette zone transitoire qu’est le Sahel, de vastes étendues de plaines ondoyantes et sablonneuses, ne dépassant que rarement les 130 mètres d’altitude du côté du Fouta-Toro, recouvrent une grande majorité du pays. Il faut aller plus au sud-est, dans le pays bassari, pour admirer les premières pentes du massif du Fouta-Djalon, qui culmine de l’autre côté de la frontière en Guinée Conakry, à 1 500 mètres. Encore des collines et quelques canyons creusés dans le Niokolo Koba par le fleuve Gambie, mais rien qui ne mérite l’enthousiasme : le mont Assirik, du haut de ses 311 m dans une région qui ne s’élève pas à plus de 400 mètres, n’est que prémices à la chaîne de montagnes qui ne prend véritablement de l’altitude qu’une fois passé, au sud, la frontière avec la Guinée. Quant au littoral, qui s’étend sur plus de 700 km le long de l’Atlantique, il présente également peu de relief, à l’exception de la côte volcanique du Cap-Vert où les fameuses collines des Mamelles à Dakar culminent à plus de 100 mètres d’altitude. Enfin, sur la Petite Côte, les célèbres falaises ocre de Popenguine et de Toubab Dialaw surplombent de magnifiques plages de sable fin, prisées des surfeurs qui viennent affronter les vagues de l’Atlantique.

Un réseau hydrographique limité

Ce territoire à la monotonie apparente et au climat majoritairement sec dispose d’un réseau hydrographique peu dense, composé entre autres de fleuves, de rivières et de lacs. Le plus emblématique du pays est sans aucun doute le fleuve Sénégal, navigable de Saint-Louis jusqu’à Kayes. Long de 1 750 km, il prend sa source en Guinée-Conakry puis trace une partie de son cours au Mali, pour finir par embrasser le Sénégal et la Mauritanie, qu’il sépare, en y creusant une bande de terre fertile au cœur de la plaine aride sahélienne, avant de se jeter dans l’océan Atlantique, du côté de Saint-Louis. Le fleuve Gambie est le deuxième cours d’eau du pays par sa taille et son débit. Mais, en réalité, à son entrée sur le territoire sénégalais depuis la Guinée, à peine a-t-il le temps d’irriguer le pays bassari que déjà, il s’évade vers la Gambie pour se jeter près de Banjul. Le fleuve Casamance, quant à lui, sillonne le sud du pays d’est en ouest, sur plus de 320 km, avant de terminer sa course dans l’océan Atlantique, de manière assez incongrue. À plus de 200 km de là, le delta s’élargit en des centaines et des centaines de bras de mer, appelés bolongs, dont plusieurs se perdent dans les terres, formant ainsi des marigots dont l’eau stagnante est salinisée par les marées montantes. Plus marquant encore qu’en Casamance, le delta du Sine-Saloum, classé Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2011, est une ria irriguée par l’eau de mer qui contribue à alimenter les deux fleuves fossiles éponymes lors des marées montantes. Asséchés une bonne partie de l’année, le Sine et le Saloum ne sont alimentés en eau douce qu’en saison des pluies, mais en quantité insuffisante pour qu’ils puissent se soustraire au mouvement des marées pour s’écouler vers la mer. Ce canal de bolongs offre à ceux qui s’y aventurent en pirogue de superbes paysages de mangroves, ponctués d’une myriade d’îlots sauvages. Outre ses trois grands fleuves, plusieurs lacs, lagunes et mares complètent le réseau hydrographique du pays à l’instar du lac de Guiers et des mares de la région des Niayes.

Les zones humides protégées

Bien que le Sénégal possède un climat plutôt sec et aride, le pays est ponctué de plusieurs zones humides, abritant une exceptionnelle diversité biologique. La convention Ramsar, l’un des plus anciens accords sur l’environnement, vise à enrayer leur dégradation ou disparition, en reconnaissant entre autres leurs fonctions écologiques. Parmi les 170 pays signataires, le Sénégal a ratifié cette convention en 1977. Depuis, huit sites sénégalais ont été inscrits sur la Liste des zones humides d’importance internationale. Citons entre autres la Réserve ornithologique de Kalissaye, nichée dans le delta du fleuve Casamance, le Parc national des oiseaux du Djoudj, vaste réseau de lacs et d’étangs saumâtres, la Réserve naturelle d’intérêt communautaire de la Somone, composée d’une lagune, de chenaux, d’une mangrove et d’un estran sableux ainsi que le Parc national du Delta du Saloum, avec son labyrinthe de bras de mer. Ces aires protégées, dont la superficie atteint près de 160 000 hectares au Sénégal, ont vocation à préserver les milieux les plus productifs de la planète.

Lompoul, l’unique désert du Sénégal

Quasiment à mi-chemin entre Dakar et Saint-Louis, se dévoilent à moins de 10 km de l’océan les paysages féeriques du désert de Lompoul. Un peu comme sorti au milieu de nulle part, il offre un avant-goût des déserts mauritaniens, bien que beaucoup plus petit puisqu’il s’étend seulement sur plus de 30 km. Ses dunes, d’un sable fin de couleur ocre, voire rouge à certaines heures de la journée, atteignent parfois jusqu’à 50 mètres de hauteur. Ici, la végétation pousse peu et les températures peuvent grimper à plus de 40 °C en pleine journée et descendre à moins de 20 °C la nuit. Outre ce petit désert de dunes, on trouve quelques zones semi-désertiques constituées principalement de savanes arbustives, dans la région du Ferlo, au nord-est du Sénégal. Depuis plusieurs décennies maintenant, le désert gagne de plus en plus de terrain sur les régions du Sahel, dont celle du Ferlo n’est pas épargnée. Pour lutter contre cette désertification, onze pays africains, dont le Sénégal, se sont engagés à planter une Grande Muraille Verte de 7 800 km de végétation de Dakar à Djibouti, mêlant dattiers du désert, acacias et jujubiers. Le projet, qui a commencé en 2008, est loin encore des aspirations visées, et seulement près de 15 000 hectares ont été plantés jusqu’à présent au Sénégal.

Des îles à perte de vue

Au large des côtes ou perdues dans les méandres des bolongs, le Sénégal recèle une kyrielle d’îles, dont certaines sont de véritables refuges pour oiseaux. Nichée dans la baie de Dakar, l’île de Gorée est assurément la plus connue du pays, de par son lourd passé lié à la traite négrière. Mais elle offre également de jolis paysages, elle qui est formée de laves refroidies et dominée au sud par un plateau granitique. Au milieu de la rade que forme la côte sud de la presqu’île du Cap-Vert, ce joyau de l’Atlantique est abrité des vents océaniques, pour le bonheur des navires qui peuvent facilement y accoster. Également à quelques encablures de Dakar, ses voisines : l’île de Ngor et celles de la Madeleine, elles aussi d’origine volcanique. D’un côté, le paradis des touristes qui viennent profiter des plages, protégées par une barrière rocheuse. De l’autre, un archipel vierge composé de deux îles et doté d’une biodiversité remarquable. Le delta du Sine-Saloum n’est pas en reste, lui qui offre un environnement exceptionnel ponctué de près de 200 îles et îlots. Au fur et à mesure que l’on s’enfonce dans les bolongs, on découvre des îles vierges tapissées de coquillages et peuplées d’une myriade d’oiseaux, mais aussi quelques îles habitées à l’instar de Mar Lodge. Avec son dédale de bras de mer qui s’avancent dans les terres, la Casamance recèle également de nombreuses îles, sauvages ou habitées. La plus grande d’entre elles est celle de Carabane, située à l’embouchure du fleuve Casamance. Constituée d’un banc de sable et d’alluvions, elle offre un cadre paradisiaque, avec ses belles plages bordées de palmiers. Citons également les îles d’Egueye, Ehidje, Eloubaline et Wendaye, véritables petits coins de paradis, parmi toutes les autres.

Le lac Rose, un phénomène singulier

Situé à 35 km au nord-est de Dakar et à quelques centaines de mètres de l’océan, le lac Retba, plus connu sous le nom de lac Rose, fait partie de la zone des Niayes, qui s’étend de la presqu’île du Cap-Vert à Gandiol. Autrefois rattaché à l’Atlantique, il s’est asséché avec le temps et la sécheresse, jusqu’à être séparé de l’océan par des dunes de sable. Ce lagon de 3 km², peu profond, concentre environ 380 grammes de sel par litre, soit cent fois plus que la mer Morte :  autant dire qu’on y flotte comme un bateau ! Mais ce qui attire surtout les voyageurs curieux est la beauté du site, qui dévoile une couleur rose orangé, lors des journées ensoleillées et peu venteuses. Cette teinte est due à des micros algues qui, pour se protéger du soleil et de la forte concentration en sel, fabriquent un pigment rouge de la famille des carotènes. Ce phénomène se produit également dans les lagunes du delta du Saloum, notamment à Palmarin, où les femmes creusent des puits dans lesquels s’infiltre une eau très salée du bras de mer. Ces cônes prennent alors des couleurs multiples, passant du jaune au rose ou du bleu au vert, qui sont dues à des micros algues. Du ciel, le spectacle est magnifique !

Des cordons sableux fragiles

De la presqu’île du Cap-Vert à Saint-Louis, le littoral de la Grande Côte est protégé sur environ 180 km par un cordon sableux, qu’on appelle les Niayes. Entre ses dunes blanches, qui peuvent s’élever jusqu’à 20 mètres de hauteur, se trouvent d’anciens lits de rivières gorgés d’eau douce. Les terres y sont très fertiles, et les cultures maraîchères, nombreuses. Tomates, choux, oignons, salades et même courgettes y poussent aisément au plus grand bonheur des habitants. Plus au nord, entre fleuve et océan, la Langue de Barbarie, bande de sable blanc, s’étend sur une trentaine de kilomètres de la frontière mauritanienne jusqu’à l’embouchure du fleuve Sénégal. Elle qui était une véritable barrière naturelle protégeant les villages de la côte Atlantique, est aujourd’hui menacée de disparition. À la suite de fortes crues et un risque d’inondation de la ville de Saint-Louis en 2003, les autorités agissent rapidement et décident d’ouvrir une petite brèche, à 7 km au sud de la ville, pour évacuer l’eau douce. Or, cette décision non réfléchie mène à une véritable catastrophe écologique :  la brèche s’élargit vers le sud à vue d’œil et l’eau salée envahit le fleuve, entraînant la montée des eaux, la salinisation des terres autrefois fertiles et la disparition de villages. Aujourd’hui, aucune mesure durable n’a été mise en place pour enrayer ce phénomène. De plus, avec la montée des eaux dues au réchauffement de la planète, le littoral sénégalais est particulièrement exposé à l’érosion. Ce phénomène est notamment visible entre autres sur la Petite Côte où les hôtels sont menacés par l’avancée de la mer et au village de Guet Ndar, à Saint-Louis où l’eau commence à détruire les habitations des pêcheurs.