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Les Wolofs, l’ethnie majoritaire du pays

Représentant plus de 43 % de la population, les Wolofs constituent sans conteste l’ethnie la plus importante du pays. Arrivés par le nord-est du Sénégal au XIIIe siècle, ils ont régné sur le royaume du Djolof jusqu’au XVIe, avant que le territoire soit divisé en chefferies puis conquis par le pouvoir colonial français. On les retrouve aujourd’hui principalement à l’ouest du pays, de Saint-Louis à la frontière gambienne, en passant par Thiès, Dakar et Kaolack. À l’instar des Sérères, ils sont organisés traditionnellement selon un système de castes bien défini, où les geer, les aristocrates de l’ethnie, dominent cette pyramide hiérarchique. Bien que certaines castes aient disparu avec l’évolution de la société comme celle des esclaves, les Wolofs restent encore attachés aujourd’hui à ce système. Ils vivent depuis toujours de l’agriculture et cultivent traditionnellement le mil, qui était à l’époque la principale base de leur alimentation. Ils sont aussi éleveurs dans les campagnes, pêcheurs à Saint-Louis ou cadres et commerçants à Dakar. Apparentés aux Wolofs, les Lébous sont installés sur la presqu’île du Cap-Vert, bien avant l’arrivée des premiers colons. Ils sont radicalement tournés vers la mer, gardant l’agriculture pour les moments où le poisson se fait plus rare. Mais au-delà d’être une ethnie, le wolof est aussi une langue qui est parlée par environ 80 % de la population, toutes ethnies confondues, en plus du français ou d’autres langues. Outre ce dialecte, la culture wolof s’est aussi répandue dans tout le pays et l’on parle aujourd’hui de « wolofisation », liée à la concentration urbaine et à ce « vivre ensemble » harmonieux.

Les Halpulaars, une langue commune partagée

Peuls et Toucouleurs, qui représentent ensemble près de 25 % de la population sénégalaise, partagent une langue commune, appelée le pulaar, formant ainsi un groupe ethnique à part entière, dont certaines traditions et modes de vie différents selon le peuple. Les Peuls sont des bergers nomades et semi-nomades vivant de l’élevage, qu’on retrouve dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, comme au Sénégal, Mali et Mauritanie. Leur origine reste mystérieuse, certains historiens pensant qu’ils viennent d’Égypte, d’autres des Indes. Dès le XVe siècle, on les associe à l’islam, aux grands marabouts et à l’arrivée en Afrique noire des premiers éléments de l’écriture arabe. Au Sénégal, on les retrouve sur une grande partie du territoire, notamment dans le Ferlo, les montagnes du Fouta-Djalon ou en Haute-Casamance. Nombre d’entre eux sont aujourd’hui sédentarisés aux côtés des Wolofs, mais d’autres ont conservé leur tradition nomade, et se déplacent pour nourrir leur troupeau. Leur style de vie est alors rudimentaire, et les familles très nombreuses. Quant aux Toucouleurs, depuis longtemps sédentarisés, ils vivent principalement le long du fleuve Sénégal, de Saint-Louis à Bakel. Le mot Toucouleur serait la déformation du nom de l’ancien royaume qu’ils ont fondé, le Tekrour. Organisé aussi en un système de castes, ce groupe ethnique est très tôt converti à l’islam au contact des commerçants berbères et devient par la suite l’un des principaux diffuseurs de l’islam en Afrique de l’Ouest. Pratiquant encore la scarification, les Toucouleurs se distinguent par les deux incisions réalisées près des tempes. Comme les Peuls, ils sont traditionnellement agriculteurs et éleveurs.

Le peuple sérère, le plus ancien de Sénégambie

Troisième groupe ethnique au Sénégal, les Sérères concentrent environ 20 % de la population. Moins dispersés que les autres peuples, ils vivent principalement dans le Sine-Saloum, le long de la Petite Côte et au nord-ouest de la Gambie. Ce sont les plus anciens habitants de Sénégambie, apparentés par leurs traditions à la culture diola, et par leur dialecte aux Peuls et Wolofs. Ces animistes, résistants à l’islam dès l’arrivée des Almoravides au XIe siècle, sont aujourd’hui majoritairement musulmans, même s’ils comptent de nombreux catholiques dans leur rang. Paradoxalement, les rites animistes font toujours partie intégrante de la vie quotidienne des Sérères, qui portent encore des talismans et organisent des initiations ésotériques dans les forêts sacrées. Traditionnellement pêcheurs et cultivateurs de mil, ils s’illustrent aujourd’hui en politique, littérature, musique et commerce, entre autres domaines. Léopold Sédar Senghor n’était-il pas d’ailleurs sérère et grand politicien et écrivain à la fois ? Héritiers d’un passé prestigieux de guerriers, les Sérères sont avec les Diolas, à l’origine de l’introduction de la lutte comme sport national au Sénégal, eux qui luttaient pour célébrer la fin des récoltes. Ils sont relativement proches des Diolas et Toucouleurs, avec qui ils entretiennent un lien de cousinage, appelé parenté à plaisanterie. Ils ont alors l’obligation de se critiquer et se taquiner, dans une ambiance détendue, mais aussi de s’entraider et de se respecter.

La Casamance, une pluralité d’ethnies

Estimée à moins de 10 % de la population sénégalaise, l’ethnie diola peuple principalement les terres de Basse-Casamance. Son histoire est assez similaire à l’ethnie sérère, car ils ont tous deux résisté à l’envahisseur musulman et au pouvoir colonial. Bien que la population se soit peu à peu convertie autant à l’islam qu’au catholicisme, les traditions animistes restent fortement ancrées dans la culture. Contrairement aux autres ethnies, la société diola est très égalitaire : il n’y a pas de castes, et seuls des rois sont au service du peuple, vivant en toute modestie dans les forêts sacrées du village, à l’instar du roi des Floups, à Oussouye. Les Diolas sont pour la plupart pêcheurs ou agriculteurs, et excellent dans la culture du riz. Outre ce peuple majoritaire dans la région, la Casamance est une zone où se rencontrent plusieurs ethnies. Des Baïnouks aux Balantes, en passant par les Manjaques, Mancagnes, Karones et Bandias, ces groupes minoritaires se distinguent par leurs dialectes, car leurs coutumes animistes sont proches de celles des Diolas.

Les peuples minoritaires du Sénégal

Outre les principales ethnies présentes sur les terres sénégalaises, il existe une myriade de groupes dispersés à travers le pays, mais plutôt minoritaires. Les Mandingues, qui sont originaires du Mali, sont présents en Afrique de l’Ouest autour des fleuves Sénégal et Niger. Bien qu’ils connurent l’islam au XIe siècle, ils ne se convertirent en masse que beaucoup plus tardivement. Au Sénégal, ils représentent seulement 3 % de la population, et se divisent en plusieurs ethnies : Malinkés, Sociés, Bambaras, Diakhantés et les plus nombreux, Soninkés. Sur les hauteurs du Sénégal oriental, vivent en mode rural trois autres groupes ethniques minoritaires, aux cultures très marquées. Bassaris, Bédiks, qui appartiennent tous deux au groupe Tenda, et Jalonkés conservent ainsi des traditions animistes très fortes. Les plus nombreux, les Bassaris sont connus pour leur rite d’initiation en mai, et vivent autour de Salémata, à 80 km de Kédougou. Entre les deux villes se trouvent les Bédiks, concentrés autour de Bandafassi et d’Iwol. Quant aux Jalonkés, ce peuple de chasseurs venus de Guinée, ils ont passé la frontière pour s’installer au sud de Kédougou. Cohabitant harmonieusement avec les Peuls installés eux aussi depuis longtemps dans la région, ils vivent cependant isolés dans la plus pure tradition villageoise.

Le Sénégal, une terre d’accueil

Des Mauritaniens aux Libanais, en passant par les Cap-Verdiens et les Chinois, sans oublier les Français, la communauté étrangère représente environ 2 % de la population au Sénégal. Terre de migrations et de chassés-croisés, le Sénégal est connu pour son accueil chaleureux et son hospitalité légendaire. Outre les Cap-Verdiens et les Guinéens, les Mauritaniens constituent l’une des communautés africaines les plus importantes vivant sur le territoire sénégalais. Réfugiés dans le pays lors de la crise de 1989, ils ont aujourd’hui trouvé leur place dans le pays en devenant propriétaires d’une bijouterie ou d’un bazar. Ils se partagent ainsi le petit commerce avec leurs homologues sénégalais, ouest-africains, libanais ou chinois. Estimés à environ 25 000 personnes, les Libanais sont pour une grande partie d’entre eux nés au Sénégal, parlent wolof et ne connaissent que très peu le Liban. La première vague migratoire date de la fin du XVIIIe siècle, et à cette époque-là, les Libanais obtiennent le monopole des activités commerciales, notamment celles de l’arachide. Plus tard, lors de la guerre du Liban (1975-1990), une nouvelle vague migratoire mène beaucoup d’entre eux en Afrique, notamment au Sénégal. Les Wolofs pouvant alors ouvrir leur propre commerce, la situation des commerçants libanais se dégrade à la fin des années 90. Les Libano-Sénégalais sont également présents à des postes en profession libérale, mais parviennent encore difficilement à accéder à la classe politique. Il n’y a eu qu’un seul ministre d’origine libanaise nommé au sein du gouvernement, Haïdar El Ali. Pays en sous-développement où les échanges interculturels ont leur importance, plusieurs coopérations bilatérales ont été signées avec de nombreux pays étrangers tels que la France, l’Espagne, et la Chine, pour ne citer qu’eux, entraînant la venue de milliers d’expatriés sur le territoire sénégalais. Depuis la reprise des relations diplomatiques entre Beijing et Dakar en 2005, le nombre de Chinois vivant au Sénégal s’est multiplié, mais reste difficilement chiffrable. On les retrouve dans toutes sortes de métiers, comme dans les commerces et le bâtiment. Du côté des Européens, c’est sans grande surprise la diaspora française qui est la plus importante, dont la communauté est estimée à 25 000 personnes au Sénégal. Certains sont à la tête d’hôtels ou de restaurants, d’autres travaillent dans les écoles françaises, Instituts ou associations et les retraités profitent du soleil, dans leur résidence secondaire.