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Les Adja-Fon, les majoritaires habitants du Sud

La cité de Tado, au Togo actuel, est le berceau des peuples du sud du Bénin d’origine adja. La migration de ces peuples est associée à une légende selon laquelle la fille du roi de Tado rencontra un jour une panthère inoffensive qui lui donna, quelques mois plus tard, un fils nommé Agasu. Elevé à la cour du royaume, il devint ensuite père de nombreux enfants. L’un d’entre eux, Adjahuto, tua le prince héritier et s’enfuit avec le crâne et la lance d’Agasu vers Allada, où il fonda un royaume. Ses fils devinrent rois : Meidji régna sur Allada, Zozérigbé sur Porto-Novo et Do-Aklin sur la région de Bohicon, et le neveu de ce dernier, appelé Houégbadja, créa le royaume d’Abomey. Leurs descendants sont les Adja (à Aplahoué), Xwla, Xuéda ou Huéda (sur la côte), Ayizo (à Allada), Mahi et Gun (à Porto-Novo). Mais la branche la plus importante apparentée aux Adja est celle des Fon, à l’origine du puissant royaume d’Abomey. En allant vers l’est, le groupe adja s’est assimilé aux peuples existants, guédévi et sans doute aussi yoruba. Les Adja devinrent ainsi des Fon, qui migrèrent par la suite vers l’est, à Cové et Kétou, et vers le nord, à Savalou et Ouèssè. La supériorité numérique des Fon est très nette, ils constituent à eux seuls 40 % de la population. Les Gun sont, quant à eux, majoritaires à Porto-Novo et représentent 15 % de la population. Les peuples d’origine adja et les peuples assimilés représentent ainsi plus de la moitié de la population béninoise et sont essentiellement concentrés dans le sud du pays. Les Fon sont fortement présents dans l’administration béninoise et dans l’armée. L’importance de ce groupe ethnique se traduit d’ailleurs par l’utilisation courante de la langue fon dans la vie de tous les jours.

Les Yoruba, peuple venu du Nigéria

Les Yoruba, appelés Nago au Bénin, occupent le sud-est et le centre du pays. Originaires de l’actuel Nigéria, les Yoruba sont implantés de très longue date au Bénin. On raconte qu’Odudua, ancêtre mythique qui a fondé la ville d’Ifé au Nigéria, envoya ses fils fonder de nouveaux royaumes. Les descendants du royaume d’Ifé créèrent ainsi les royaumes de Savé et de Kétou. Constituant 12 % de la population, les Yoruba sont concentrés dans le sud-est et le centre-est du pays. La plupart sont des commerçants et dominent le marché de Dantokpa à Cotonou. Les Nago, qui sont installés plus au nord de Porto-Novo, pratiquent essentiellement l’agriculture. Enfin, les Afro-Brésiliens, ces descendants d’anciens esclaves affranchis revenus du Brésil, sont également d’origine yoruba et se distinguaient dans le passé par leur bon niveau d’instruction.

Les Bariba, les cavaliers qui ont conquis le Nord-Est

Venus de Busa au Nigeria, les cavaliers bariba auraient envahi le Borgou il y a environ 500 ans. Leur chef se nommait Sounon Séro, et l’un de ses descendants, Séro Sykia, fonda la ville de Nikki qui devint le centre d’un puissant royaume de type féodal coiffant les royaumes de Kouandé, Parakou, Kandi… Les Bariba sont essentiellement présents dans le Borgou au nord-est du pays, et constituent 9,6 % de la population béninoise. Ils se différencient selon leur appartenance sociale. Il y a notamment les Wassangari, l’aristocratie des cavaliers originaires de Busa, les Gando, jadis esclaves et aujourd’hui cultivateurs ou artisans, et les roturiers, également cultivateurs ou artisans, qui descendent des populations préexistantes. Enfin, les étrangers, éleveurs peuls ou commerçants haoussa, constituent la dernière composante sociale. Contrairement aux Yoruba et aux Adja, les Bariba pratiquent une religion traditionnelle centrée sur le culte des ancêtres et des génies. Toutefois, ils sont de plus en plus perméables à l’islam, comme le montre le nombre croissant de mosquées dans le nord du pays.

Les Peuls, les nomades du Nord

Aussi appelés Fulbe et Fulanis, les Peuls ont fait l’objet de nombreuses recherches sur leurs origines. Disséminé dans toute l’Afrique de l’Ouest, ce peuple de pasteurs est vraisemblablement issu de populations qui habitaient le Sahara à l’époque néolithique et qui ont peint les fresques du Tassili. Nomades et éleveurs de bovins, certains ont été islamisés (Peuls noirs), d’autres ont gardé leurs croyances traditionnelles (Peuls rouges). Au Bénin, les Peuls cohabitent harmonieusement avec les peuples sédentaires et se rencontrent surtout dans le nord du pays, faisant paître leurs troupeaux de vaches dans la vallée du fleuve Niger. Ils représentent 7,1 % de la population. Chaque année, à la fin de la saison des pluies, toute la communauté se retrouve à Kandi pour célébrer la grande fête du Gereol. Le bétail est leur principale richesse. Ils l’accumulent en prévision de la sécheresse, de la dot et des échanges traditionnels, et ils échangent le lait contre du mil ou des produits manufacturés.

Des dizaines d’autres ethnies

Parmi la quarantaine d’autres ethnies réparties sur l’ensemble du territoire béninois, il faut citer les Bétammaribé, dits Somba (6,9 % de la population), qui vivent autour de la chaîne de l’Atacora depuis plusieurs générations. Ce peuple s’était réfugié dans les montagnes pour échapper aux cavaliers bariba et aux razzias esclavagistes du royaume d’Abomey. Puis, à ce groupe se sont mêlés les Berba, les Yowa venus du Togo, et les Gulmaceba venus du Burkina Faso. Il y a aussi les Dendi, qui ont quitté le Mali à partir du XVIe siècle en descendant le fleuve Niger et qui vivent aujourd’hui dans le nord-ouest du pays. Quant aux Mina (2,8 % de la population), ils sont originaires du Ghana et ont peuplé la région de Grand-Popo où ils ont formé, avec les Xweda d’origine adja, les Popo, un vocable vraisemblablement donné par les Portugais.

Des dialectes… et le français bien sûr !

La langue officielle est le français, et c’est souvent aussi la langue de communication entre différentes ethnies, car c’est la langue d’enseignement à l’école. En général donc, ceux qui n’ont pas été scolarisés et qui habitent dans des régions défavorisées ou des villages reculés ne maîtrisent pas le français. La majorité des habitants, dans le Sud, parlent le fon, tandis que le bariba et le dendi sont les langues les plus parlées dans le Nord. Du côté de la frontière avec le Nigeria, c’est le yoruba ou le nago, dans sa version locale, que l’on entend, mais il y a bien d’autres langues  : l’adja-éwé, le ditammari…