Al-Masjid al-Haram, " la Mosquée sacrée ", est la plus grande mosquée du monde.

Ses 40 hectares peuvent accueillir 900 000 fidèles. Le pèlerinage à La Mecque figure parmi les 5 piliers de l'islam, au même titre que la shahada (profession de foi), le zakat (l'aumône), le jeûne (ramadan) et les 5 prières quotidiennes. Les pèlerins viennent à La Mecque toute l'année pour la umra et le hajj et se recueillir devant la Kaaba, le sanctuaire le plus sacré de l'islam, ce grand cube renfermant la pierre noire. Le nom de masjid al-haram est tiré du Coran et de la sourate al-Isra - Le voyage nocturne, qui débute ainsi : " Gloire et pureté à Celui qui a fait voyager Son serviteur de la Mosquée sacrée [masjid al-haram] à la Mosquée la plus lointaine [masjid al-Aqsa] dont nous avons béni les alentours, afin de lui faire voir certaines de nos merveilles. C'est Lui qui, en vérité, voit et entend tout ". Ainsi, le prophète Mahomet a désigné La Mecque comme lieu sacré, qui était déjà un lieu de pèlerinage à l'ère préislamique. La mosquée la plus lointaine serait celle de Jérusalem.

La construction de la Mosquée al-Haram. En 630, Mahomet revient à La Mecque, dont il avait été chassé huit ans plus tôt. Il se rend à la Kaaba et détruit les idoles qui l'entourent et les peintures qui la décorent. La Kaaba devient la qibla, la direction vers laquelle doivent se tourner tous les musulmans lors de la prière. Jusque-là, ils se tournaient vers Jérusalem. A partir de ce moment, les califes qui se succèdent vont apporter leur pierre à l'édifice. Le deuxième calife Omar ibn al-Khattab est à l'origine de la construction de la mosquée qui ceint la Kaaba. Il fait ériger un mur d'1,5 mètre de haut tout autour du sanctuaire pour le séparer de la ville et délimiter une zone de prière. Son successeur Othman ibn Affan ajoute un toit de bois au-dessus du mur soutenu par des colonnes et des arches. Le cinquième calife Abd al-Malik fait relever le mur, le toit est reconstruit en teck et les colonnes sont dorées. Le sixième calife Al-Walid ibn Abd al-Malik augmente la superficie de la mosquée et remplace les colonnes par des colonnes de marbre venu de Syrie et d'Égypte. Elles sont décorées de mosaïques. Cinquante ans plus tard le calife abbasside Abou Ja'afar Al Mansour adjoint une vaste superficie à la mosquée. Il fait construire un couloir circulaire, augmente la taille de la salle de prière et fait édifier le premier minaret au-dessus de Bab al-Umra à l'angle nord-ouest de l'édifice. En 776, le calife Al-Mahdi débute son règne en faisant annexer les maisons construites entre les rochers d'al-Safa et d'al-Marwah. Il les fait détruire. La mosquée couvre désormais une superficie de près de 3 hectares. Il fait également construire 3 autres minarets qui marquent l'emplacement des portes Bab al-Salam, Bab Ali et Bab al-Wadi. En raison d'un nombre croissant de pèlerins, la mosquée est à nouveau agrandie en 918, sous le règne du calife abbasside al Mouqtadir Billah.

Les travaux de rénovation. Les dynasties suivantes des Fatimides, des Ayyoubides, des Mamelouks, puis les Ottomans se contentèrent de travaux de rénovation, certains importants, mais sans modifier la surface de la mosquée al-Haram. En 1399 la mosquée prend feu. Une centaine de colonnes et les plafonds sont endommagés. Le sultan mamelouk An-Nasir Faraj ben Barquq remplace les colonnes de marbre par des colonnes en pierre venues des montagnes du Hejaz. Le bois est sélectionné dans les forêts proches de Taïf. En 1571, le sultan ottoman Selim II ordonne une rénovation en profondeur de l'édifice. Le toit est remplacé par des dômes dorés dont les intrados sont ornés de calligraphies reprenant des sourates du Coran. Des colonnes sont ajoutées afin de soutenir le nouveau toit. En 1611, des inondations endommagent à nouveau la mosquée. En 1629, le sultan Mourad IV ordonne de nouveaux travaux de rénovation d'importance dont la reconstruction de la Kaaba. Le nouveau bâtiment en pierre est fait d'arcades reposant sur de fines colonnes. Des médaillons sont apposés sur les arches. Les dalles de sol autour du sanctuaire sont remplacées par des dalles de marbre coloré et trois minarets sont ajoutés.

Les développements de la dynastie Saoud. Le fondateur de l'Arabie saoudite n'imprime pas sa patte à la mosquée de La Mecque. Tout juste fait-il percer une porte qui porte son nom, Bab Abdulaziz. Son fils Saoud ibn Abdulaziz entame un chantier d'importance en 1955, qui s'achèvera en 1973. L'objectif est d'augmenter la capacité d'accueil des pèlerins qui sont toujours plus nombreux à effectuer le hajj. La superficie sera décuplée pour atteindre 20 ha. Cela implique d'importants travaux de démolition pour construire une arcade à deux étages autour de la Kaaba. Les galeries sont plaquées de marbre, tout comme les sols. Les plafonds sont décorés de caissons de plâtre moulés. Le Mas'a, le corridor qui relie les deux rochers de Safa et Marwah, est prolongé pour être intégré à la mosquée. Le tunnel forme désormais un sas entre la mosquée et la rue. Les portes Bab al-Salam et Bab al-Umra sont reprises pour être harmonisées avec la porte Bab Abdulaziz. Quatre minarets sont ajoutés et les trois plus anciens sont modifiés pour atteindre une hauteur de 89 mètres.

A peine dix ans après l'achèvement de ces travaux, le roi Fahd bin Abdulaziz entreprend lui aussi un chantier d'agrandissement. Les travaux s'étalent entre 1982 et 2005. Il porte la superficie de la mosquée à 32 ha. Une grande salle de prière climatisée est ajoutée au sud-ouest. Elle est surmontée de trois dômes reposant sur des tambours percés de 32 fenêtres. Ses murs sont plaqués de marbre dans lequel sont dissimulés haut-parleurs et câblages électriques. Le toit est aménagé en zone de prière en plein air. Une porte monumentale, Bab Fahd, est percée pour permettre l'accès à la nouvelle aile.

Une troisième phase de travaux est lancée en 2007 sous le règne du roi Abdallah. La superficie de la mosquée est portée à 40 ha. Elle est reconstruite sur deux étages. En 2015, une tempête fait tomber une grue à quelques jours du début du hajj. 100 personnes trouvent la mort et 200 personnes sont blessées, un drame qui a eu un grand retentissement. Les travaux d'agrandissement s'accompagnent de travaux logistiques permettant l'acheminement des pèlerins. Un nouveau terminal est construit à l'aéroport de Djedda. Une ligne de train à grande vitesse relie l'aéroport à la ville sainte et de nouvelles routes sont également construites.

En 2023, environ 2 millions de personnes ont effectué le grand pèlerinage. La mosquée est constituée d'un ensemble d'édifices entourant la Kaaba. Le grand cube recouvert d'un dais noir occupe le point central. Il est entouré d'une vaste esplanade et ceint de galeries sur deux étages. Au nord, la salle de prière principale, dont il ne reste que peu d'éléments anciens à force de remaniement. Au sud-ouest, la grande salle ajoutée par le roi Fahd qui comprend aussi une bibliothèque. A l'est, le corridor du Mas'a. L'accès à la mosquée se fait par le nord-est où se trouvent les espaces d'ablution.

La prise de la Grande Mosquée de 1979. Le 20 novembre 1979, premier jour de l'an 1400 de l'hégire, un groupe de fondamentalistes islamistes tentent un coup de force contre la dynastie des Saoud. Ils sont environ 200 étudiants saoudiens et égyptiens de l'Université islamique de Médine à pénétrer dans la mosquée lourdement armés. A l'intérieur, 50 000 fidèles sont assemblés. Les terroristes libèrent la plupart des otages pour en garder 130 avec eux. Le gouvernement saoudien tarde à répondre à cette attaque, car il doit d'abord obtenir une fatwa des oulémas. En effet, la loi islamique interdit les effusions de sang à La Mecque et le port d'armes est strictement prohibé dans la mosquée. Le 24 novembre, la Garde nationale saoudienne lance un assaut inefficace et perd 127 hommes. Les Saoudiens demandent alors l'aide de la France et des États-Unis. Le 4 décembre, les Saoudiens aidés des Français parviennent à reprendre le contrôle de la mosquée, au terme d'une crise sanglante qui dura 15 jours et fit 244 morts et 600 blessés. Les 63 terroristes capturés seront décapités le 9 janvier 1980 après un procès expéditif.

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