L'arrivée sur Kiji est spectaculaire, car après avoir croisé de nombreuses îles plus ou moins boisées, l'ensemble se détache au loin et prend des aspects très divers en fonction de l'angle de vue. Voilà un des moments forts de la croisière, tout comme le passage de l'écluse du Bas-Svir qui permet d'entrer sur le lac Ladoga, ultime étape avant de s'émerveiller devant les fastes de la grandeur pétersbourgeoise.

Petite île du nord-est du lac Onega, Kiji est tout en longueur (sa largeur dépasse à peine un kilomètre par endroits), possède un ensemble architectural unique en Russie : plus de 80 constructions en bois, dans toute la région du lac, ainsi que les deux perles de la Russie du Nord, l'église de la Transfiguration et l'église de l'Intercession. En 1966, l'île est devenue un musée en plein air, les édifices en bois ayant par miracle échappé aux destructions bolcheviques et soviétiques. Le bateau remonte le long de l'île pour aller s'amarrer à l'embarcadère donnant ainsi le temps de profiter pleinement de la beauté de l'ensemble. L'attrait principal est l'ensemble dit de Kiji composé de la cathédrale de la Transfiguration et de l'église de l'Intercession. Il est entouré par une enceinte de bois et de pierre. Ce sont les seules structures qui ont été construites sur l'île et qui ont donné naissance au musée. De nombreuses croyances sont rattachées à cette île. Notamment celle qui assure le succès en affaires à quiconque verra une sirène se peigner sur la passerelle près de la cabane en bois ; ou cette autre qui prédit un mariage dans l'année à celui qui y prendra un bain à base d'herbes et de kvas sur lequel une sorcière a jeté un sort. Plus réalisable, le fait de se frotter contre les murs de la chapelle de l'archange Michel résoudrait les problèmes dentaires.

Kiji offre aussi de beaux exemples d'architecture traditionnelle paysanne : maisons, greniers, granges, moulins à vent. La plupart de ces édifices sont des édifices complexes. En effet, l'architecture civile du nord est caractérisée par le fait que l'hiver long et rigoureux impose l'organisation de la vie à l'intérieur.

À deux pas de l'église de la Transfiguration se trouve une grande maison à deux étages ayant appartenu à un riche paysan nommé Ochevnev. Datée de la fin du XIX^e siècle, elle montre la qualité de l'art décoratif des paysans du nord, avec ses serviettes ornant les toits, ses balcons et ses volets décorés.

Les demeures les plus impressionnantes, par leurs décorations sur trois étages, sont sans conteste la Maison Serguine et la Maison Iakovlev, datant des années 1880 et 1890. À l'intérieur, vous trouvez de belles collections d'objets usuels : vaisselle en bois, samovars, métier à tisser, barattes, rouets... Comme dans toutes les isbas russes traditionnelles, on y voit le pietchka qui faisait office de four, de chauffage, de cuisinière, et au-dessus duquel se trouvait le lit autrefois. Autre curiosité évoquant un objet très design, le banc qui longe les murs, et où l'on pouvait non seulement s'asseoir, mais aussi dormir...

Les maisons russes possédaient toutes un lieu saint avec son icône, krasnii ougol, situé en principe dans le coin opposé gauche en entrant dans la pièce principale. Les greniers et remises de ces maisons ont conservé tous les ustensiles des activités quotidiennes : filets de pêche, traîneaux décorés, outils pour le travail du bois, métiers à tisser et à filer la laine...

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