Grâce à son parc hôtelier, la ville de Syrte, à 402 km d'Ajdabya, est la halte confortable du trajet.

Il faut arriver à Syrte à la nuit tombée, quand l'abondance de luminaires confère aux grandes avenues désertes les fastes d'une cité lumière. Elle le doit à Kadhafi, qui souhaita valoriser cette ville dont il fréquenta l'école primaire. Il voulut que Syrte, bourgade de sa région natale, le golfe de Syrte, terre de Bédouins, qui ne fut dans l'histoire qu'une frontière désertique entre la Tripolitaine et la Cyrénaïque, devienne la capitale de la Libye. Elle l'est devenue dans une certaine mesure : certaines administrations centrales ont leurs bureaux à Syrte, et c'est à Syrte que Kadhafi accueille le plus volontiers ses homologues étrangers en visite, particulièrement dans le cadre de grandes conférences africaines.

Il faut aussi passer devant l'imposant palais des Congrès (l'un de ses grands murs affichait auparavant l'image d'un Bédouin avec sa tente, comme un rappel) où se réunit le Congrès populaire général et qui a vu naître le projet d'Union africaine, le 9 septembre 1999.

Syrte abonde en pancartes parfois anciennes à la gloire de la Jamahiriya (une gigantesque pancarte, en arabe, reproduit le texte de la Déclaration de l'autorité du peuple fondatrice de l' " Etat des masses ", mais souvent très récentes, glorifiant le 2 mars, date anniversaire de cette Déclaration, ou glorifiant l'Union africaine (dont les slogans sont en arabe, en anglais et en français) ainsi que l'action en Afrique du leader Kadhafi. Les avenues endormies ont l'aspect d'une galerie à la gloire du régime et de ses nouvelles orientations panafricaines.

Pourtant cette nouvelle ville est loin d'être totalement fantomatique. Pour s'en convaincre, il suffit, à la nuit tombée, de jeter un coup d'oeil à la partie commerçante de son avenue principale (avant que celle-ci ne forme un coude qui rejoint la route du littoral au sud-est en passant devant le palais des Congrès et l'université) lorsque les grands magasins de mode, de robes de mariées, et même un grand supermarché flambant neuf, attirent les familles et que les hommes s'attardent aux terrasses des cafés et des petits restaurants de shawarma (à côté d'un de ces restaurants côté nord se trouve la pharmacie El-Kasbah qui ferme tard, pharmacien parfaitement anglophone).

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