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La musique traditionnelle

Aux Émirats arabes unis – et particulièrement à Dubaï, ville cosmopolite – on trouve dans les pratiques musicales traditionnelles nombre d’influences des voisins, de la région ou des différentes vagues d’immigration qui ont traversé le pays. On entend par exemple du bandari, musique envoûtante originaire du sud de l’Iran, dérivée du mot persan bandar qui signifie « port » et qui se joue avec une sorte de cornemuse en peau de chèvre, le habban. Également très populaire dans l’ensemble du Golfe et aux Émirats arabes unis, la musique liwa (ou « leiwah », « leywah ») présente dans son rythme de base quelques traces de ses origines est-africaines. Autrefois rite de possession thérapeutique, il est devenu avec le temps une pratique profane à caractère festif. Chanté et dansé en cercle d’hommes, le liwa invite des instruments clés du Golfe et du pays.

Les danses Al-Ayyala et Al-Rafza sont quant à elles inscrites au patrimoine culturel immatériel de l'humanité.

En général, la plupart des instruments traditionnels que l’on croise à Dubaï et dans le pays sont peu ou prou les mêmes – mais souvent nommés différemment – que ceux utilisés dans le reste du golfe Persique. C’est le cas de l’oud, l’un des principaux instruments arabes, assez proche d’une mandoline ou du habban, la cornemuse en peau de chèvre mentionnée précédemment. Parmi les percussions, une des plus fréquentes est le manior, une ceinture en coton ornée de sabots de chèvre produisant des cliquetis au gré des mouvements du danseur ou encore le taba, un tambour dont les tailles et formes varient.

Étant donné que la musique traditionnelle est très populaire dans le pays, le genre compte quelques stars comme Mehad Hamad, apprécié pour ses chansons sur le désert et ses chants patriotiques ou Hussain Al Jassmi, un des chanteurs émiratis les plus connus dans le monde qui a grandement contribué à propager la culture musicale de son pays dans tout le Moyen-Orient (et même le monde arabe).

Plus pop, Ahlam est adorée des Émiratis, surtout depuis qu’elle intervient en tant que juge pour des émissions telles qu’Arab Idol. Tous jouent – ou ont joué – du khaliji, une musique contemporaine très populaire dans le Golfe persique et même le monde arabe. Ce trait d’union entre musique traditionnelle et pop est riche en oud et violon et mélange beaucoup d’éléments de musiques africaine, indienne, iranienne et locale (dont le liwa). Toujours populaire, le khaliji est modernisé par les jeunes générations, comme Shamma Hamdan – chanteuse célèbre pour avoir été la première femme émiratie à être finaliste dans une saison d’Arabs’ Got Talent – qui propose une version plutôt R&B ou Fayez Al Saeed, dont le plus grand fan n’est autre que Cheikh Hamdan bin Mohammed, prince héritier de Dubaï (Al Saeed est son compositeur officiel).

La musique classique

Si, un temps, la musique classique (sous son acception occidentale) servait essentiellement de tapisserie sonore luxueuse, les choses ont beaucoup changé dans le pays depuis la création du Festival de musique classique, à Abu Dhabi en 2004. La musique classique est désormais prise très au sérieux dans le pays, chose qui se remarque à Dubaï par la majesté de son Opéra. Scène emblématique de la ville, l'Opéra de Dubaï est un théâtre lyrique à sa mesure. Installé aux pieds de la Burj Khalifa, l’édifice se distingue par son architecture (pensée par Janus Rostock) s’inspirant du boutre, embarcation de bois emblématique du pays. Depuis son inauguration fin août 2016 (avec Placido Domingo pour le coup d'envoi) l’Opéra de Dubaï cultive les affiches prestigieuses (le légendaire ténor José Carreras était star de la première saison), la ville cherchant à installer sa scène parmi les plus importantes du monde. Une excellente réputation que l’Opéra doit également à sa taille moyenne (2 000 places) et son acoustique exceptionnelle. L'Opéra n'accueille pas que du classique mais aussi des stars internationales.

Le jazz

S’il n’y a pas à proprement parler de grands ensembles émiratis de jazz, le pays inspire (et invite souvent) quelques-uns des grands talents du genre. C’est notamment le cas du pianiste libanais Tarek Yamani, dont le troisième album Peninsular marie musique khaliji et jazz et convie des musiciens locaux comme le percussionniste Wahid Mubarak ou Adil Abdallah, chanteur yéménite installé à Dubaï. Dans le même esprit, le joueur d’oud et guitariste jordanien Kamal Musallam, installé à Dubaï, travaille énormément sur la fusion entre jazz et influences arabes. Une réussite puisque ses albums se retrouvent régulièrement très bien classés dans les ventes émiratis et l’ont amené à collaborer avec des musiciens de renom comme Sting. Sting que l’on a d’ailleurs déjà vu à l’affiche du Dubai Jazz Festival, grand rendez-vous annuel où pendant trois jours le gratin du jazz (et même du blues ou du rock) se bouscule dans une programmation ébouriffante. Un des immanquables de Dubaï.

Les musiques actuelles

Capitale culturelle toujours plus dynamique, Dubaï abrite sans surprise des scènes pop, rock, hip-hop ou électroniques très vivantes et alimentées par l’immigration des pays de la région. Parmi les artistes locaux les plus connus, le Libano-Canadien Karl Wolf (longtemps résident de Dubaï) est une des pop-stars les plus en vue du pays avec son R&B qui bat des records de vente à chaque sortie. Très populaire également, le chanteur de soul Hamdan Al-Abri est une des valeurs sûres de la ville tout comme le groupe de rock Juliana Down, première signature émiratie chez une major (en l’occurrence Sony). Le duo house Hollaphonic a été quant à lui le premier groupe électro du Moyen-Orient à être signé dans un label international (Universal cette fois-ci). Côté hip-hop, le grand nom local est le MC libano-syrien Wissam Khodur, plus connu en tant qu’Eslam Jawaad, collaborateur à de nombreuses reprises de Damon Albarn sur des albums de Gorillaz. Plus intimiste, le groupe As Per Casper emmené par la chanteuse et compositrice syro-palestinienne Carla Saad, est un des groupes de pop les plus en vue de Dubaï.

L’incontournable en ville pour voir le meilleur de la scène locale est sans aucun doute The Fridge. Installé dans la très branchée « Alserkal Avenue », The Fridge défend par tous les moyens (notamment une agence de booking) les talents locaux. Sinon, niché dans le Majestic Hotel, The Music Room est une des meilleures scènes de musique live en ville. Autre adresse particulièrement courue, The Musichall est à la jonction entre la salle de spectacle et la boîte de nuit. Un lieu unique à Dubaï, imaginé par deux frères libanais et devenu très rapidement une institution sur place. Enfin, avec une capacité d'accueil de 17 000 spectateurs, la Coca Cola Arena est devenue la salle de concert la plus importante de Dubaï.