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Le système de caste

Les Javanais introduisirent le système de castes lorsqu’ils conquirent Bali en 1343. Avec ses princes vassaux, ses rois guerriers et ses marchands, cette institution sociale va chercher ses racines dans l’Inde profonde, environ en 4000 av. J.-C., quand Brahma fut sacrifié et coupé en petits morceaux pour créer les choses de ce monde. Le mythe védique justifiait une stricte division féodale de la société, mais Bali hérita d’un système déjà fortement édulcoré par les Indo-Javanais. A la fin du XVIe siècle, le système de castes javanais s’était établi dans toute l’île et perdure encore.

Les castes sont l’une des conséquences des principes du karma et samsara, c’est-à-dire de la foi en la fructification de ses propres actes (karma phala), ou dans le processus de la naissance et de la mort (samsara), c’est l’existence du système de caste balinais avec lequel l’individu hérite de son statut comme étant la conséquence des actes de la vie antérieure. A Bali, on ne peut donc perdre sa caste, puisque c'est la naissance et la vie antérieure qui gèrent et définissent l’avenir et le retour dans son propre système de parenté. Il y a pourtant une exception et elle est de taille : une femme satria par exemple perdra les avantages de sa caste si elle se marie avec un sudra – l'inverse en revanche est moins vrai. Mais avec le temps et le développement du tourisme, on peut voir à Bali des phénomènes sociaux qui ont largement dépassé les problèmes de castes et du pouvoir qui leur étaient auparavant dévolus. A présent, on peut voir des satria chauffeurs de taxi emmener un sudra fort riche à l’aéroport !

A la tête de cette hiérarchie, Triwangsa qui signifie les trois peuples, à savoir les brahmanes, les satria et les wesia, ou les prêtres, les guerriers et les marchands. Ces trois castes privilégiées constituent environ 10 % de la population, et sont respectées par les sudra, les roturiers.

La caste des sudra représente 90 % de la population balinaise et forme ce qu’on pourrait appeler la roture. Ceux qui appartiennent à cette caste ont échappé aux principes de rejet indien comme les « Intouchables » à qui on ne confie que certaines tâches considérées comme impures. Pourtant, ils possèdent certains privilèges, en particulier le privilège quasiment religieux de choisir parmi eux les sungguhu pour chasser les mauvais esprits et autres démons qui hantent la vie et les nuits balinaises.

Les enfants et l'éducation

Les plus petits sont pris en charge par les plus grands. Ils sont libres et ont tout l’espace à leur disposition. Les garçons d’un côté, les filles de l’autre, ils parcourent les rizières en emmenant les canards, attrapent les libellules et les embrochent sur de petites badines de bambou. Les plus gracieux apprennent la danse, d’autres, assis sur les genoux de leur père et mains dans les mains, s’initient à la musique, le soir, au banjar. Le reste vit malicieusement, occupe et délimite l’espace de leur culture. Ils forment des petites bandes et arpentent le village, quelquefois suivent les touristes, offrent leur savoir-faire. Les enfants balinais sont peu bruyants. Ils pleurent peu, les accès de colère sont rares. Certaines cérémonies viennent marquer la fin de l’enfance, celles du limage de dents par exemple qui souligne le passage de l’enfance à l’adolescence. Cette cérémonie, importante et spectaculaire, consiste à limer et égaliser les dents pour empêcher toutes similitudes avec les dents d’animaux, acérées et pointues, signes de bestialité et d’impureté.

La plupart des enfants balinais vont à l’école (qui a lieu le matin) jusqu’à l’âge de 16 ans. Excepté dans les villages ruraux très pauvres, quand les parents ont besoin de l’aide de leurs enfants à la ferme ou aux champs, les enfants balinais apprennent donc à lire et à écrire l’indonésien, ce qui explique le très haut taux d’alphabétisation de l’île comparé au reste de l’Indonésie. L’apprentissage de l’anglais est bien moins développé, mais reste également une langue enseignée à l’école.

De surprenants rites liés au mariage

C’est la fonction naturelle de tout être humain adulte. Au départ, les travaux d’approche, pendant la fin de l’adolescence. Aux bains, par exemple. Les jeunes hommes et les jeunes filles peuvent prendre leur bain quotidien à distance respectueuse dans la rivière, en jetant quelques coups d’œil furtifs. Toutes ces joutes de regards font partie de la « drague », que ce soit du côté des filles comme des garçons. Après le bain, le soir, selon la disposition des maisons, on se retrouve à plusieurs, au marché de nuit, où l’on discute et rit. L’affaire devient plus sérieuse quand la fille accepte de se faire conduire quelque part sur la motocyclette du prétendant. Assise en amazone, elle défie les copines en riant sous cape. C’est là un témoignage de confiance que le garçon se fera fort de mettre à profit. Après deux ou trois jogèd bumbung (spectacle musical) et quatre ou cinq drama gong (théâtre balinais), l’affaire est dans le sac. Le prétendant ira chez la fiancée en faisant sa demande avec peur et défi, tandis qu’elle lui apportera thé et café en baissant la tête avec pudeur et respect. Les copains attendent dehors. Les familles s’en mêlent et il faut convenir de toutes les cérémonies, rites et jours propices au mariage… Ou alors il y a enlèvement de la jeune fille sur la sepeda motor du prétendant qui l’emmène dans la forêt sans autre forme de procès. Le père de la fiancée s’époumone, le village entre en ébullition, des bandes de jeunes s’organisent pour retrouver les fugueurs... et ne les trouvent pas. La romance se termine par le retour satisfait et l’œil lumineux du couple fugueur. Le vin est tiré, il faut le boire. Le mariage sera décidé par consentement forcé avec parfois du soulagement chez les deux familles qui n’ont plus besoin de dépenser tant d’argent pour les fiançailles et les cérémonies du mariage.

Santé et retraite

Le régime de santé balinais est calqué sur la politique du gouvernement indonésien. Ainsi la population bénéficie de la sécurité sociale qui est financée par l’Etat, avec une épargne obligatoire des citoyens dans un fonds de prévoyance. L’assurance santé universelle a été mise en place en 2014. Concernant les infrastructures, hôpitaux publics et cliniques privées sont présents surtout dans les grandes villes avec tous les équipements modernes nécessaires. L’accès aux soins n’est donc pas une problématique sur l’île, excepté dans les villages éloignés et pour les populations à faibles revenus. En revanche, les cliniques privées du sud sont réputées offrir des soins de meilleure qualité. Ainsi l’espérance de vie a tendance à augmenter ces dernières décennies : 67 ans pour les hommes et 72 ans pour les femmes. Alors qu’en 1990, elle était de 53 ans en moyenne hommes et femmes confondus. Dans un même temps, le taux de mortalité tend à diminuer puisqu’il est estimé à 6 %.

En 2010, le gouvernement indonésien a mis en place une réforme intitulée « Healthy Indonesia 2010 », afin de faciliter l’accès aux soins, notamment pour les habitants pauvres vivants en milieu rural. Cette politique est toujours en cours et tend à combler ces inégalités. Les provinces bénéficient d’une plus grande autonomie pour la gestion et la mise en place d’équipements en évaluant les besoins auprès des populations directement sur le terrain.

En Indonésie, les salariés sont couverts par un régime de retraite à cotisations définies mis en place dans les entreprises. Partir à la retraite n’est pas une obligation. L’âge normal de la retraite est fixé à 55 ans.

Les coutumes balinaises

Cette société hindouiste qu’est la société balinaise, tout en étant localisée dans un pays musulman et en vivant au contact d’étrangers, surtout depuis le développement du tourisme, est très attachée à ses traditions et à ses coutumes. Même si elle est très fortement hiérarchisée, le respect de l’autre, quelle que soit sa caste, y est une valeur dominante. Chacun s’adresse à son interlocuteur en haut balinais, dans le style soutenu qu’exigent les circonstances. Pour éviter l’impair lorsqu’on parle à un inconnu, le plus simple est de recourir à l’ambigu Ibu (mère) pour « madame » ou Bapak (père) pour « monsieur ». Il existe aussi, en guise de salut, un clin d’œil balinais mais utilisé seulement entre amis. La communication physique est importante pour les Balinais. Vous pourrez voir des enfants ou même des adultes du même sexe se tenir par la main ou par les doigts sans que cela implique la moindre connotation sexuelle.

En revanche, et cela vaut pour le touriste, on se gardera d’embrasser son ami(e) ou son conjoint dans la rue : cela serait très mal vu. Le sourire étant la manière la plus simple d’établir le contact, et les Balinais n’étant pas méfiants, ils sourient en toute occasion. Les Balinais parlent toujours doucement, sans élever la voix et sans montrer la moindre émotion. Si l’on parle un peu trop fort, ils croient qu’on est en colère et sont paralysés. Mais le plus impressionnant est leur maintien, leur manière de marcher en file indienne, leur nonchalance, leur stature…

Pour les Balinais, la partie inférieure du corps est impure. Ainsi, désigner quelque chose avec son pied peut être pris pour une grave insulte par un Balinais. Pour des raisons similaires, il y a peu encore, il était inconvenant de porter des shorts. Le milieu du corps étant neutre, les Balinaises allaient autrefois les seins nus. La tête passe pour la partie du corps la plus sacrée. La fontanelle étant considérée comme la porte de Shiva, par laquelle l’âme vient au corps, personne ne doit toucher le haut de la tête de quelqu’un d’autre.

Les Balinais et les Indonésiens en général sont un peuple très propre. Ils se baignent au moins deux fois par jour, tôt le matin et en fin d’après-midi, au coucher du soleil. Ne leur rendez pas visite à ces moments-là. Ils ont l’habitude aussi de se coucher tôt, alors n’allez pas chez eux après 21h. Excepté lors des grandes occasions comme le mariage, les gens ont l’habitude de se rendre visite les uns aux autres sans prévenir. S’il vous arrive de le faire, apportez un oleh-oleh (souvenir) qui fera toujours plaisir. Si c’est à vous qu’un cadeau est offert, vous êtes redevable d’un cadeau en retour. Lors des cérémonies, la place que chacun occupe dépend de son statut social. Si vous êtes invité à déjeuner ou à dîner chez un Balinais, ne soyez pas surpris qu’il garde le silence. L’action de manger est une pratique individuelle qui ne s’accompagne pas forcément de discussions. Parfois, des gens s’isolent pour manger et le font très rapidement.