Un Quercy épicé !

On ne présente plus la truffe noire, tuber melanosporum, celle qui fait saliver tous les gourmets. La truffe naît en mai et juin à une vingtaine de centimètres de profondeur, se développe à la faveur des pluies des orages estivaux et commence à mûrir à partir des premiers froids. L'hiver, de fin novembre jusqu'en mars, la récolte de la truffe s'organise dans les sols calcaires des causses du Lot, plus particulièrement dans les causses de Martel et de Lalbenque.

Qu'est-ce qui est plus cher que le caviar et est le fruit d'une fleur mauve rapportée chez nous par les Croisés ? Le safran ! Dans le Lot, sa terre d'élection depuis le XIe siècle, on l'appelle l'or rouge. Il vaut d'ailleurs presque aussi cher que le précieux métal : autour de 30 000 € le kilo. Mais pas besoin d'en utiliser autant : 0,1 g suffit à parfumer un plat pour 4 personnes. Il faut récolter à la main 200 000 fleurs pour obtenir 1 kilo de safran sec ! Bien adaptée au sol des causses, la plante se récolte aux environs du 15 octobre, surtout dans les cantons de Limogne et Cajarc.

Canard, brebis, chèvre, etc.

Le canard

La gastronomie a un nom : le canard. On le déguste en magret, confit, aiguillettes, fritons... et bien sûr en foie gras. Mi-cuit, en conserve ou cru, il y en a pour toutes les papilles ! Spécialité culinaire millénaire devenue emblématique d'un certain savoir-faire français, le foie gras est le produit terroir par excellence. L'élevage et le gavage des canards sont pratiqués dans tout le département du Lot.

La brebis

Le cercle de couleur foncée autour des yeux leur donne l'air de porter des lunettes : il s'agit d'une race de brebis endémiques appelée Caussenarde, implantée sur les causses quercynois. On recense quelque 230 exploitations pour presque 200 000 brebis allaitantes, pour une commercialisation annuelle d'environ 40 000 labellisées en Agneau Fermier du Quercy. A l'origine, les élevages produisaient de la laine. Au XXe siècle, la production de la viande prend le dessus, secondée par celle du lait. Ce dernier, mélangé à celui de la chèvre, était destiné à la production du fromage roquefort. Le tendre Agneau du Quercy détient le Label Rouge depuis 1990 et est reconnu sous l'Indication Géographique Protégée (IGP) depuis 1996.

Le fromage Rocamadour

Il est petit, tout rond, tout doux et les bergers du Causse le fabriquaient déjà au XVe siècle. De vieux grimoires attestent qu'il servait à payer la dîme des seigneurs de l'époque. Les pèlerins en route vers Saint-Jacques l'emportaient dans leur besace. On l'appelait alors « cabécou » (de cabec, la « chèvre » en patois). Le fromage Rocamadour a son Appellation d'Origine Protégée (AOP) depuis 1996.

La mique

Préparation très ancienne indispensable aux paysans lorsque la vie aux champs était difficile, elle réchauffait, nourrissait et apaisait les estomacs affamés pour l'hiver. La recette est complexe et il faut avoir eu l'enseignement d'une grand-mère d'ici pour en comprendre toutes les subtilités. La mique en elle-même est une sorte de pain de campagne élaboré avec du lait, de la graisse d'oie, des œufs et du beurre. Une fois la pâte de la mique levée, elle cuira dans le faitout avec une soupe au petit-salé. Pour les hivers rudes, une autre recette vous réchauffera : le mourtariol. Célèbre soupe aromatisée au safran, elle était autrefois synonyme de fête dans les campagnes. Aujourd'hui, plus personne ou presque ne sait cuisiner cette recette de grand-mère quercynoise.

Quelques douceurs

Le pastis

Tout séjour dans le Lot s'accompagne de la dégustation de cette sorte de tourtière garnie de pommes marinées à la vieille prune. Une pâte aussi fine qui rappelle... la pastilla. Ce sont les Maures qui ont laissé la recette dans le Sud-Ouest. Traditionnellement, le pastis est un gâteau des campagnes, réalisé par les femmes d'agriculteurs, les mamies, pour les fêtes religieuses ou familiales. La préparation est fastidieuse, la difficulté étant d'obtenir une pâte très fine qu'il faut laisser sécher pendant 4 à 5 heures tout en gardant encore de la souplesse. Le gâteau donne toutes ses saveurs lorsqu'il est servi tiède.

 Les merveilles

Les beignets des grands-mères quercynoises ont leur propre petit nom tant ils ont comblé les enfants pendant des générations. On les appelle ici des merveilles ! Saupoudrés de sucre, ces beignets étaient toujours très attendus les jours de fêtes. La Pescajoun est une grosse crêpe épaisse cuite en une seule fois, servie tiède ou froide avec du sucre ou de la confiture.

La châtaigne

Base alimentaire dans la région bien avant que n’apparaisse la pomme de terre, la châtaigne a, depuis cent ans, conquis ses lettres de noblesse culinaire. Le Lot produit environ 400 tonnes de châtaignes par an, principalement dans le Ségala et la Bouriane.

Le melon du Quercy

Gorgé de sucre et de soleil, ce fruit offre sa tendre chair fraîche et parfumée. L’exposition plein sud des coteaux du Quercy blanc, ses sols riches en argile et en calcaire conviennent parfaitement à sa production. Voici quelques critères pour bien le choisir : couleur légèrement dorée, côtes encore visibles, forme régulière, fruit lourd et bien rempli avec pédoncule présent. Les melons ornés d’une sorte de broderie irrégulière sont souvent excellents. Les producteurs de melons du Quercy ont obtenu en 2004 l'Indication géographique protégée (IGP).

La noix

Appellation d’origine protégée (AOP), la noix dite du Périgord se cultive dans le Lot (ainsi que la Corrèze, la Dordogne et la Charente) – 4 640 hectares de production pour une récolte de 6 200 tonnes en moyenne sur l'aire géographique. On dénombre environ 300 nuciculteurs faisant de la commercialisation. Riche en magnésium, en phosphore, en potassium, pur cocktail de vitamines, la noix contribue à lutter contre le cholestérol, le stress, le vieillissement... Elle apparaît sur les marchés dès la mi-septembre, fraîche pour quelques semaines seulement.

Des alcools locaux

Dans le sillage du beau parcours de Christopher Ratz, premier aventurier brassicole du département (depuis 2001), de nombreuses micro-brasseries ont vu le jour dans le Lot. On compte aujourd'hui une quinzaine de producteurs de bières artisanales sur le territoire. Il est difficile d'en dresser la liste complète tellement l'engouement est important. Il se crée de nouvelles micro-brasseries régulièrement. Toutes ont leurs caractéristiques et chacun se forgera son idée sur celle qui remportera sa prédilection. Notre parcours gourmand se termine dans l'une des plus belles maisons du Lot : la distillerie Louis Roques. Il faut entrer et humer les parfums de la prune distillée pour saisir ce qui se cache derrière ce nom. Ici, on fabrique la Vieille Prune de Souillac, un des fleurons de la gastronomie locale. Basée à Souillac dans la Vallée de la Dordogne, cette entreprise centenaire produit une somptueuse eau-de-vie depuis 1835 !