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Château de Sauliac-sur-Célé © Chris Rose - stock.adobe.com .jpg

Un patrimoine pastoral disséminé

On l'a dit, le Lot est pour l'essentiel une terre paysanne. Pour délimiter de petites parcelles, les paysans ont construit des murets en pierre sèche pendant des siècles. En déclin dès la fin du XIXe siècle dû à une forme d'exode vers les villes industrialisées, les murets ont été remplacés par des clôtures électriques dès les années 1950. Aujourd'hui, ils forment les vestiges d'un passé presque éteint. Quelques passionnés, seuls ou en associations, prennent le temps de remonter quelques mètres de ces murets écroulés.

Riche de son passé rural et de par la pauvreté de ses sols en terre végétale, le Lot possède un nombre important de petites cabanes en pierre sèche que l'on nomme ici cazelle ou gariotte. La première fait directement référence à la maison, la deuxième provient du français « guérite ». Deux noms pour une même fonction : abri de vigne, remise à matériel, cellier, bergerie poulailler, étable ou encore habitation temporaire pour domestique ou ouvrier agricole. Ces constructions, provenant de l'épierrage d'une parcelle afin de la rendre cultivable, font partie intégrante du paysage lotois. La construction de ces abris est remarquable car ne faisait intervenir aucun mortier, un simple calage de pierres permet d'édifier le mur et le toit. Ce patrimoine de pierres est présent essentiellement sur les causses de Gramat et de Limogne-en-Quercy.

Châteaux des Anglais

Le Lot a la particularité de conserver une richesse médiévale très singulière. Depuis l'époque carolingienne, l'Homme s'est servi de la topologie des lieux pour bâtir des bâtiments défensifs fortifiés à flanc de falaise, le long des vallées encaissées du Lot et du Célé. Depuis leurs châteaux forts en hauteur, on pouvait contrôler le trafic sur les rivières à l'abri. Plus tard, on baptisera des constructions « Châteaux des Anglais ». C'est une dénomination un peu romanesque, aujourd'hui les historiens s'accordent pour dire que ces fortifications étaient trop exiguës pour accueillir les troupes à cheval qui combattirent pendant la guerre de Cent Ans contre les Anglais.

Alors où admirer ces châteaux perchés à flanc de roche ? Sur la vallée du Lot, de Cahors à Saint-Cirq-Lapopie, vous pourrez apercevoir quatre châteaux des Anglais. Le premier à Laroque-des-Arcs puis à Vers situé dans la partie ouest des falaises, à Saint-Géry, suivi du plus célèbre à Bouziès aux abords du pont suspendu. Direction Cabrerets pour découvrir ceux de la Vallée du Célé. Trois châteaux sont visibles : celui du Diable à Cabrerets, un à Sauliac-sur-Célé et le dernier à Brengues qui lui date du XIIe siècle. Aucun de ces sites n'est ouvert au public, trop difficile d'accès. Néanmoins, vous pourrez les observer depuis de bas des vallées.

Dans le même esprit, vous trouverez aussi quelques traces de maisons semi-troglodytes. Nous pouvons citer le hameau de Saint-Martin-Labouval, la Toulzanie, dont les maisons sont partiellement troglodytes le long de la roche. A quelques encablures de Cabrerets, on retrouve aussi un moulin semi-troglodytique. De la même façon, Rocamadour présente aussi des exemples du genre avec des maisons semi-troglodytes qui s'échelonnent dans la ruelle de sa cité.

Le pont Valentré

Il est le symbole de Cahors et fleuron du patrimoine médiéval lotois. Son histoire comme beaucoup d'édifice du genre au Moyen-Âge se mêle à la légende. Avant de vous raconter l'intervention du diable, commençons par les faits. Nous sommes en 1306, les consuls de la ville de Cahors, voulant montrer à l'Eglise leur poids dans la ville, décident la construction d'un pont au lieu-dit « Valandre » sur la partie Ouest du méandre de Cahors, dans le prolongement de l'axe de la cathédrale. Deux autres ponts fortifiés existent déjà : un au sud et un à l'est. En 1308, le chantier est lancé et il va durer près de 70 ans. C'est en 1345 que l'on peut mettre en service le pont. Il mesure 172 mètres de long, possède 8 arches et trois tours.

En 1880, le pont se fait faire une beauté par l'architecte Paul Gout qui fera sculpter par l'artiste local Cyprien-Antoine Calmon un petit diable au sommet de la tour centrale. Le diable, le voici donc ! La durée du chantier fait naître en effet une légende dont plusieurs versions coexistent aujourd'hui. On raconte que le maître d'œuvre ne pouvant venir à bout de son chantier eu recours à Satan avec qui il fit un pacte. Satan s'engageait à l'aider par tous les moyens en contrepartie de l'âme de l'architecte à la fin de l'ouvrage. Bien sûr, l'architecte voyant son pont sur le point d'être enfin achevé, il donna au diable un crible (une sorte de seau percé) lui ordonnant de puiser de l'eau aux maçons pour délayer la chaux. Le diable échoua vingt fois et avoua sa défaite en promettant vengeance. Quelque temps plus tard, les maçons eurent presque achevé de construire la tour du milieu mais chaque matin ils trouvaient l'angle supérieur nord ouest abattu, rendant impossible l'achèvement de cette tour.

Les bastides

Entre 1236 et 1316, une douzaine de bastides a été fondée dans l'ancienne province du Quercy. Ce sont les petites villes nouvelles du Moyen-Âge, fortifiées, avec une place forte structurée. Parmi celles-ci notons Castelfranc, bastide des évêques de Cahors fondée en 1280. Aux portes de la bastide se trouve l'oratoire Saint-Roch, petite chapelle réédifiée en 1840 qui protégea les habitants lors de la peste de 1508.

A l'ouest du département, la bastide de Montcabrier a été fondée en 1298 et s'organise autour d'une place carrée bordée de belles façades médiévales avec arcades et cornières en encorbellement. L'église Saint-Louis du XIVe siècle domine la place de toute la hauteur de son clocher. Vous pourrez admirer la maison de la cour de justice du XVIe siècle, l'ancienne maison de la jugerie avec sa fenêtre Renaissance, de même que des vestiges de l'enceinte, d'anciens remparts, une porte fortifiée et une tour d'angle.

Sur un promontoire rocheux, Castelnau-Montratier était déjà habitée depuis l'époque gallo-romaine. Au milieu du XIe siècle, on édifie un château du nom de Castelnau-de-Vaux qui sera rasé pendant la guerre des Albigeois. En 1250, le Seigneur de Ratier reconstruit la ville  sur le schéma des bastides et lui donne son nom.