shutterstock_1297210756.jpg

Les danses locales

Depuis maintenant plus de soixante ans, l’Escloupeto de Rodez raconte la paysannerie rouergate et la vie dans nos campagnes de 1820 à 1880. En ce temps-là, les jeunes filles portaient un jupon et un caraco. Couronnées d’une belle coiffe, elles avaient pour unique bijou un saint-esprit autour du cou. En guise de dessous, qui étaient toujours blancs, elles enfilaient un panti ou pisse-droit –appelé ainsi parce qu’il était troué à l’entrejambe ! Les hommes aussi étaient harnachés de belle manière. Un pantalon à pont, une ceinture de flanelle, une chemise en lin, un gilet ou une blouse, des guêtres et un chapeau. Aux pieds, des sabots pour tous, indifféremment du sexe. Aujourd’hui, c’est encore ce costume qu’arborent les danseurs et musiciens de l’Escloupeto de Rodez, notamment lorsqu’en représentation, ils dansent la bourrée, un grelot agrippé à la cheville. Cette danse en trois temps, leur préférée se déclinent en plusieurs versions qui ont une signification différente. Certaines sont destinées à séduire ; d’autres reproduisent le mouvement d’un pressoir par exemple. Mais toutes s’accompagnent d’un air d’accordéon, de vielle ou de cabrette. Des instruments emblématiques du folklore aveyronnais. À tel point qu’un musée leur est entièrement dédié !

Des instruments caractéristiques

C’est Vines, village préservé de la commune de Cantoin, entre Laguiole, Chaudes-Aigues et Mur-de-Barrez, qui abrite la Maison de la cabrette et des traditions populaires de l’Aubrac, dans un beau bâtiment en pierre de pays. En 2009, qu’André Ricros, expert en musiques traditionnelles, et André Raynal, alors maire de Cantoin, ont en effet imaginé ensemble cette maison singulière. Réunis par l’amour du pays et le respect des ancêtres, ces deux fortes personnalités ont planché pendant trois ans pour concevoir ce lieu dédié à l’Aubrac et à ses richesses, ses savoir-faire et son patrimoine culturel. Cabrettes, accordéons, vielles, mais aussi objets, documents et fonds audiovisuels… Les collections du musée réunissent aujourd’hui des dizaines d’instruments de musiques du XIXe et XXe siècle, dont plus de 200 cabrettes. Ce musée bien vivant présente aussi une reconstitution de l’atelier ancien d’un facteur de cabrette datant du XIXe siècle et un espace d’exposition temporaire. A l’intérieur, Jean-Louis Claveyrole, facteur de cabrette à Mels, et conservateur des lieux, accueille le public. Depuis 2018 et une première extension du bâtiment, les lieux abritent aussi des cornemuses du monde entier.

La musique aujourd’hui

Aujourd’hui, la musique joue toujours un rôle majeur dans la culture aveyronnaise. La plupart des villes possèdent une fanfare et ou une harmonie, une antenne de l'école nationale de musique et de nombreuses formations musicales. Des temps forts comme Tout le monde contre le cancer à Villefranche-de-Rouergue, l'Estivada à Rodez (carrefour des cultures d'oc), le Cap Festival, festival musical itinérant (rock et les musiques actuelles) pour n'en citer que quelques-uns émaillent la vie musicale du département. Ces manifestations sont de véritables scènes où les meilleurs groupes se retrouvent.

Certains lieux ont même acquis leurs lettres de noblesse comme Sylvanès qui est connu à l'échelle européenne comme le centre majeur de musique sacrée. On y dispense de l'enseignement mais c'est aussi un lieu où l'acoustique de l'abbaye permet l'enregistrement de nombreux supports musicaux. Le département possède aussi un chœur départemental de très haut niveau, qui développe la pratique amateur et multiplie les représentations notamment en milieu rural.

De la musique traditionnelle au rock, du répertoire folklorique à la musique classique, tous les styles de musique sont représentés dans le département et force est de constater qu'il se dégage une nouvelle génération de musiciens de très haut niveau qui participe activement à la vie culturelle de l'Aveyron. C’est le cas du rappeur Lombre qui s’illustre dans son registre au-delà des frontières départementales. Il a notamment été lauréat du Prix d'écriture Claude Nougaro en 2016 et bénéficié du soutien de Big Flo et Oli. En 2021, cet artiste made in Aveyron a sorti « La lumière du Noir », un EP de six titres, inspiré de l’œuvre du peintre Pierre Soulages.

Les salles de spectacle

L’Aveyron, contrairement aux grandes agglomérations toutes proches -Toulouse, Montpellier, Clermont-Ferrand- ne comptent pas de grosses salles de spectacle. Le département s’appuie davantage sur des structures à dimensions humaines dont la programmation offre de jolis moments de culture aux habitants du territoire. Rodez et son Amphithéâtre, d’une capacité totale de 2 500 places assises, mise sur l’éclectisme avec des têtes d’affiche nationale -Francis Cabrel, Hugues Aufray ou Patrick Fiori sont les derniers en date- des humoristes, du cirque, des spectacles d’hypnose, de la musique classique…

A Rodez encore, la MJC se distingue avec une saison culturelle essentiellement dédiée au théâtre. Tout près, à Onet-le-Château, La Baleine, le théâtre municipal, déroule aussi un programme plus centré sur le spectacle vivant, avec du théâtre, de la danse et de l’humour -dont le festival Rire Onet, chaque année au mois de septembre.

Le Club à Rodez, une ancienne salle de cinéma réhabilitée en salle de concert et pôle de création par l’association Oc’Live, peut aussi se vanter d’un beau dynamisme. La structure accueille musiciens et compagnies en résidence ; et reçoit le public entre ses murs à l’occasion de festivals, concerts et autres actions à destination de tous.

Et parce que la danse, la musique, le théâtre sont de puissants leviers pour l’image d’un territoire, son attractivité et son dynamisme, certaines municipalités ou associations jouent un rôle primordial en ce sens, en s’attachant à enrichir la vie des gens par l’accès à la culture, et plus généralement à la convivialité. On peut citer par exemple la salle multiculturelle des Tilleuls à Arvieu dont les 114 fauteuils en gradin et les équipements audiovisuels autorisent de nombreux événements dans cette bourgade rurale. Mais aussi la troupe historique des Comédiens au chariot -elle est née en 1952- qui joue régulièrement dans son minuscule auditoire de la préfecture, et trimballe sa roulotte et son théâtre populaire mais de qualité dans toutes les campagnes du département.