Cathédrale de Mende © rysan34 - stock.adobe.com.jpg
Château de Florac © Antonio - stock.adobe.com.jpg

Des particularités géographiques

En Aubrac et en Margeride, on suit deux modèles d’implantation : en ligne, ou en L. L’étable et le logis au rez-de-chaussée sont dans le prolongement l’un de l’autre. L’habitation reçoit une grande salle commune qui profite de la chaleur dégagée par l’étable et se voit dotée d’une imposante cheminée, le cantou, où des niches aménagées permettaient de garder au sec certaines provisions, comme le sel. Une arrière-cuisine, la patouille, sert de cellier. Il n’est pas rare de trouver également un puits, moins fréquemment un four à pain. A l’étage, les cloisonnements en bois dessinent les chambres, placards et lits-clos. Au-dessus des chambres, le grenier où sont conservés les grains ainsi qu’un espace aménagé pour le séchage de la charcuterie, le charnier. Côté exploitation, au-dessus de l’étable, se trouve le fenil ou la grange, d’une grande hauteur sous toit, avec le plus souvent une charpente en arbalétrier. La couverture est faite de lauzes épaisses, souvent patinées par la mousse, couleur rouille, qui s’y installe. Entre l’Aubrac et la Margeride, seul l’emploi des pierres diffère : basalte en Aubrac, granit en Margeride.

Sur le mont Lozère, les constructions sont encore en granit mais les lauzes remplacées par un toit de chaume sont encore visibles dans les habitations gérées par l’écomusée du mont Lozère. L’inclinaison du toit toujours à deux pentes augmente avec l’altitude, en raison de l’enneigement et de l’importance des précipitations.

Dans les Cévennes, la maison est généralement construite dans le sens de la pente, le mur pignon ouvert sur la vallée. En raison du peu de place disponible au sol, les agrandissements se font en hauteur, certaines habitations atteignent cinq à six niveaux. A sa base, la maison est faite en encoches dans le rocher. Le sous-sol à demi enterré abrite la cave, la bergerie et la chèvrerie parfois voûtées. Au-dessus se trouve la salle commune et, dans les niveaux supérieurs, les magnaneries, le grenier et le fenil, le garde-manger, le tout accessible de plain-pied par la pente. La construction en petit appareillage de schiste est souvent agrémentée d’une treille.

Sur le Causse, le calcaire est roi, le bois rare. C’est pourquoi, dans la construction traditionnelle, on ne trouve pas ou très peu de poutres ou charpente. L’utilisation de la voûte de pierre est préférée. Le rez-de-chaussée qui abrite la bergerie, afin aussi de profiter de la chaleur animale, est bâti d’une voûte cintrée, souvent très plate, permettant d’atteindre une assez grande largeur, généralement recouverte d’un dallage de pierres servant ainsi de sol à la pièce d’habitation. Les deuxième et troisième niveaux de la maison sont recouverts d’une seule et même voûte. Celle-ci, en arc brisé, permet d’obtenir un grand volume divisé par des planchers, afin d’y aménager les différents étages. Dans la région du Massegros, quelques maisons dites « aragonaises » sont dotées de beaux porches à arcades.

Des châteaux en nombre

En 1724, le Père l’Ouvreveul recense 136 châteaux en Lozère. Certains ont depuis succombé face aux ravages du temps ; d’autres témoignent encore de la présence et de l’influence des huit grandes baronnies d’antan : la baronnie du Tournel à qui l’on doit le château de Saint-Julien-du-Tournel, dont on pense qu’il fut le plus grand du Gévaudan, et le château de Boy, où la famille de Tournel s’établit dès le XIVe siècle. De la baronnie de Peyre, il reste le château de la Baume, surnommé le Versailles lozérien. Remanié au XVIIIe siècle, il représente le type parfait de la demeure classique en Gévaudan. Autre château qui a su traverser le temps, celui de Florac abrite désormais la maison du Parc national des Cévennes. Du siège de la baronnie d’Apcher ne reste comme vestige que la tour d’Apcher, mais il subsiste une autre de ses demeures : le château de Billières à Saint-Chély-d’Apcher, qui a connu bien des péripéties mais qui est toujours resté debout ! Défensif, à vocation militaire au Moyen Age, le château se civilise à la Renaissance (XVe et XVIe siècles) et commence à être utilisé comme demeure. Parmi les plus beaux exemples, le château de Castanet à Pourcharesses ou le château du Champ à Altier. Ce dernier montre le passage du castrum médiéval à la demeure type du XVIIIe siècle, où l’harmonie et l’apparat donnent le ton. Dans le même ordre d’idées, le château de La Caze montre bien les changements : à partir de fondations anciennes, on évolue désormais vers des châteaux de résidence plus raffinés.

Des temples et des églises

L’architecture religieuse catholique, composée essentiellement d’églises rurales, massives ou de petites tailles, est basée sur l’art roman, qui subit, d’une part, l’influence d’un milieu naturel pour les matériaux de constructions, en basalte sur l’Aubrac, granit sur la Margeride, calcaire pour les Causses, schiste pour les Cévennes ; et d’autre part, d’apports extérieurs, auvergnat au nord, languedocien au sud, la partie centrale donnant un style gévaudanais, synthèse des deux.

Les clochers peignes dominent et s’intègrent parfaitement au paysage environnant. Dans le nord apparaît le clocher octogonal caractéristique du style auvergnat. La cathédrale de Mende, symbole de la puissance des évêques, est le seul témoin important de la période gothique. Dans les Cévennes, fortement marquées par le culte protestant, seuls deux temples sont antérieurs à la révocation de l’Édit de Nantes : celui du Collet de Dèze et celui de Vialas. Ailleurs, ils ont été construits après la Révolution et, surtout, entre 1820 et 1840, quand un grand mouvement populaire de reconstruction des temples s’organise, financé par les communautés protestantes. A l’époque, les Cévennes, avec la sériciculture, connaissent la prospérité et une démographie au plus haut. Les temples doivent pouvoir accueillir un grand nombre de fidèles (1 300 à Saint-Germain de Calberte !). Construits le plus souvent sous la maîtrise d’œuvre du pasteur ou de l’architecte du village, ils obéissent à des impératifs de solidité et d’économie de moyens, le plan ne fait donc pas démonstration d’habileté architecturale : rectangle, cercle… Exception à cette règle, le temple de Meyrueis a un plan octogonal.