L'Arc du Triomphe du Peyrou © Alonbou - stock.adobe.com.jpg
L’édifice « Pierresvives » de Zaha Hadid à Montpellier. © IstockPhoto.com - ricochet64.jpg

Une palette d'influences

Terre de rencontres et d’échanges depuis des millénaires, l’Hérault s’est développé en étant bercé de nombreux courants artistiques venus se mêler aux traditions autochtones. L’influence des Romains est encore particulièrement visible dans le département. Aux quatre coins du territoire, des vestiges vieux de plusieurs milliers d’années témoignent de l’histoire locale tels que les divers aqueducs, la via Domitia ou le site archéologique du Castellas.

A l’inverse, les Wisigoths installés sur le territoire du IIIe au VIIIe de notre ère, ont laissé peu de traces de leur présence. Pendant leur occupation et les siècles suivants, le nord de l’Empire est touché par le premier art chrétien, la renaissance carolingienne. A cette époque, le découpage du pays suffit à expliquer que cet essor n’atteint pas l’actuel territoire de l’Hérault.

Le deuxième art roman, lui, va s’exprimer principalement sur les grands édifices. C’est le temps où fleurit la sculpture représentant à la fois des humains, la flore et un bestiaire fantastique aux origines orientales.

L’intégration du Languedoc au Royaume de France va conduire à la disparition des frontières culturelles et les influences d'ailleurs vont alors irriguer le département. L’Hérault sera particulièrement touché par l’apparition du style gothique dans l’architecture aussi bien civile que religieuse. C’est l’époque de la construction des grandes cathédrales qui vont marquer l’empreinte du pouvoir religieux sur les villes de la région, à l'image de Béziers, Lodève ou Clermont-l’Hérault. Des monuments qui impressionnent toujours par la richesse de leurs traits et la majesté de leurs sommets.

Par la suite, la Renaissance marquera peu le sud de la France et il faudra attendre l’époque classique pour que l’architecture bouleverse les paysages urbains. Cette révolution, on la doit à Auguste-Charles d’Aviler (1653-1701) qui, occupant la charge d’architecte de la province, mena à terme des projets prestigieux et participa à des ouvrages plus modestes, tels que l’arc de triomphe du Peyrou, les églises Saint-Denis de Montpellier et Saint-Pierre du Vigan.

Tout autour des villes, bourgeois et notables se font construire des demeures d’été, petits châteaux entourés de vignes qui préfigurent les châteaux « pinardiers » qui apparaîtront dans la plaine au XIXe siècle lors de " l’Eldorado du Vin".

Au XVIIIe siècle, aristocrates et grands bourgeois investissent notamment les alentours de Montpellier en faisant construire des maisons de villégiature et de réception, appelées les Folies montpelliéraines. Domaines, châteaux, mas ou hôtels de luxe sont dessinés par des architectes locaux. Ces demeures raffinées abritent des salons de bal, des galeries pour les musiciens, des chambres et des boudoirs. Depuis 2022, la ville de Montpellier s'est lancée dans la construction de nouvelles "Folies" au design unique pour poursuivre cette tradition architecturale de manière contemporaine.

Les habitats issus de l’essor de la vigne

Apparues au moment de l’expansion viticole, les maisons vigneronnes ont participé à l'agrandissement des villages. Ces derniers s’étant développés de manière concentrique - " en circulade - autour d'une église ou d'un château fort, ces demeures sont généralement situées dans le deuxième ou troisième cercle de la forme en escargot. Ces alignements de maisons sont particulièrement remarquables à Saint-Thibéry et à Montagnac dans l’Hérault.

A l'époque, ces maisons servaient à la fois de lieu de travail et d’habitation. Elles possèdent des tailles et des apparences variées, qui dépendent de la richesse de leur propriétaire. Généralement, la cave à vin se situait au rez-de-chaussée et on y accédait par un grand portail appelé "magasin". Cette partie pouvait faire office de chai, de grange ou de cellier. Dans certaines de ces bâtisses, on trouve encore les cuves. L'habitation prenait quant à elle vie à l'étage. Parfois, il y avait un deuxième étage appelé "le galetas" ou grenier, où était entreposé le foin. Dans ce cas, on remarque la présence d'une fenêtre avec une poulie extérieure sur la façade pour hisser les bottes.

L’essor de la viticulture a également conduit à la fortune de riches négociants à la fin du XIXe siècle. Pour asseoir leur présence, ils bâtissent des châteaux au cœur de la plaine agricole, appelés les « châteaux pinardiers ». Symboles d’une économie triomphante, ils ne possèdent pas d’architecture ou de décor unique, ils sont le résultat d’un foisonnement architectural, mélange des caprices des propriétaires et des fantasmes des architectes. Les styles roman, gothique, classique, baroque, néo-Renaissance ou encore colonial se mélangent, les normes sont bousculées et ce sont des monuments à l’identité forte qui apparaissent au détour des sentiers. Si la construction n’a pas changé, rares sont les ensembles décoratifs restés intacts. Voici quelques exemples de châteaux pinardiers : le château de Gaujal-de-Saint-Bon à Pinet, celui de Saint-Martin de Graves à Pézenas, Sainte-Cécile à Saint-Thibéry, L’Hermitage-de-Combas à Servian ou encore La Devèze à Béziers.

L’architecture moderne et contemporaine

Depuis une cinquantaine d’années, l’architecture urbaine se montre novatrice et le département de l’Hérault est une excellente illustration de ces évolutions modernes. Déjà dans les années soixante-dix, avec le développement du nautisme dont la pratique se démocratise, les stations balnéaires se transforment. La Grande-Motte est le meilleur exemple de cette mutation, puisqu’il s’agit du plus important port créé le long de la côte du Languedoc-Roussillon, par la mission RACINE (mission interministérielle d'aménagement touristique du littoral du Languedoc-Roussillon). Ici, l’architecte Jean Balladur a rompu avec les traditions et construit des immeubles à la forme pyramidale et aux allures originales. Grâce à ces réalisations architecturales, la ville possède le label « Patrimoine du XXe siècle ». Ce vent de modernité a aussi soufflé sur Montpellier. En 2011, les architectes Jean Nouvel et François Fontès ont été choisis pour concevoir le dernier hôtel de ville. Résultat : un parallélépipède haut de 40 mètres transparents. Très contemporain, ce bâtiment est également écologique : il accueille l’une des plus importantes centrales photovoltaïques de France. La structure est en acier et habillée de façades en aluminium et en verre qui font entrer la ville dans une autre dimension. Toujours dans la capitale languedocienne, on peut citer le travail de l’architecte Zaha Hadid, responsable de Pierresvives, un espace de 3 500 m2 dédié à la culture, inauguré en 2012. Bâti en béton et en verre, cet édifice à la géométrie complexe se présente en trois dimensions. Zaha Hadid a créé des lignes fluides, des angles aigus et des jeux de transparence qui donnent une impression de mouvement. Ce travail lui a permis de devenir la première femme récompensée du prix Pritzker, l’équivalent du prix Nobel en architecture.