Des gens qui dansent la sardane, à Cerbère. © IstockPhoto.com - MarcoZouvek.jpg
Statue en l’honneur de Molière à Pèzenas. © shutterstock.com - Gaby Fitz.jpg

La musique en Languedoc

Les traditions languedociennes s’admirent et s’écoutent. Au cours des fêtes traditionnelles,  il n’est pas rare d’entendre retentir le son typique d’un instrument de la région ou des « coblas », les orchestres catalans.
Côté matériel, le territoire est particulièrement tourné vers les instruments à vent. Le plus connu est possiblement le hautbois languedocien. Jusqu’à la Révolution, il animait les cérémonies consulaires et les réjouissances populaires organisées d’Agde à Nîmes et du piémont cévenol à la vallée de l’Hérault. Après une brève disparition dans les années 70, l’instrument connaît un renouveau. Il est aujourd’hui visible dans de nombreux événements tels que les carnavals et les joutes languedociennes. Un autre instrument typique de la région est le fifre, une sorte de petite flûte traversière sur laquelle on peut jouer tous les styles de musiques. Deux techniques de jeu, fournissant chacune un son différent, sont possibles : jouer comme sur une flûte traversière occidentale ou utiliser ses phalanges comme sur un instrument oriental.
Lors des représentations estivales des coblas, sur les places des villages catalans, la musique traditionnelle est reine. Produite par une douzaine de musiciens, elle fait appel à des accessoires typiques tels que le flaviol, une flûte à bec, et le tambori, un petit tambourin qui se joue avec une massette (baguette en bois). Historiquement, ces instruments sont les plus anciens et les plus représentatifs de la musique populaire catalane. Dans l’orchestre, on trouve également des tible (hautbois à son aigu), tenora (hautbois à treize clefs, fabriqué à partir de bois de jujubier) et fiscorn (cuivre muni de pistons de la famille des bugles).
Il est important de souligner que le Languedoc-Roussillon n'est pas qu'une terre de soleil où chantent les cigales. Il est un pays qui vit naître des joyaux de la culture française dont on a de quoi être fiers. Hommes de passage, natifs et adoptifs, musiciens et chanteurs, une gamme augmentée d'artistes a forgé l'identité culturelle de la région. Parmi les poètes qui ont su mettre leur amour du Languedoc en musique, on peut citer les grands Charles Trenet de Narbonne (La MerY'a d'la joieDouce France), Georges Brassens de Sète (Chanson pour l'Auvergnat,  Les Copains d'abordSupplique pour être enterré à la plage de Sète)  et Bobby Lapointe de Pézenas (Le Poisson Fa, Ta Katie T’a Quitté). Plus récemment, le territoire, et plus particulièrement Carcassonne, a pu se vanter d’être le lieu de naissance d’Olivia Ruiz (La Femme chocolat, J’traine les pieds).

Les danses locales

Traditionnellement, le son des coblas va de pair avec la sardane, la danse catalane par excellence. La discipline nécessite que des danseurs forment une ronde et se tiennent par les mains, ils doivent ensuite lancer ou abaisser les bras, animant le cercle, l’agrandissant ou le réduisant, au rythme de la musique. Cette danse a acquis sa forme définitive au XIXe siècle, elle est alors pratiquée durant l’été, lors des «  aplecs  », des rassemblements traditionnels au cours desquels les passants peuvent rentrer dans la ronde et se mêler aux danseurs. La transmission de cette danse traditionnelle, qui fut chantée par Charles Trenet et peinte par Picasso, est assurée par diverses associations.
Lors des férias (Carcassonne, Nîmes, Béziers…) et autres rassemblements taurins, on peut aussi contempler la beauté du flamenco et de la sévillane. Ces deux danses traditionnelles originaires de l’Espagne viennent souvent animer les rues en parallèle des festivités. Pour les différencier, c’est très simple : le flamenco se danse seul et s’accompagne de claquements de mains et de pieds, tandis que la sévillane, plus joyeuse, se pratique à deux, à un ou plusieurs couples, en cercle ou en groupe.
Dans l’Hérault, et plus particulièrement à Montpellier, c’est la danse du chevalet (appelée aussi « jeu du chevalet ») qui a gagné sa place dans l’histoire locale. Elément important de la tradition, elle est partie intégrante du patrimoine immatériel du Languedoc. Cette danse essentiellement carnavalesque, qui peut revêtir des tailles et des formes différentes selon les lieux où elle se pratique, est née au Moyen Âge. Si on ne connaît pas sa véritable origine, une légende lui est rattachée. Elle raconte que les consuls de Montpellier, lassés de voir Pierre II d’Aragon se désintéresser de Marie de Montpellier, réussirent à introduire la conjointe dans le lit conjugal par une belle nuit de 1208. De cette soirée est né Jacques d’Aragon. Après sa naissance, Pierre d’Aragon ramena sur son cheval Marie de Montpellier et l’enfant, de Mireval jusqu'à la ville Montpellier. Arrivés en ville, les habitants fêtèrent autant les époux et leur enfant que le cheval. Ils demandèrent au roi de garder la précieuse monture, droit qui leur fut accordé. L’animal vécut 20 ans et chaque année, il devenait le centre d’intérêt de grandes fêtes. On dansait autour de lui, festoyant en mémoire de la naissance de Jacques 1er. La danse du chevalet était née.
On accorde une dernière mention à la « Lo butavant », une forme de bourrée propre au Languedoc. Considérée aujourd’hui comme disparue, elle se dansait dans une partie du Haut-Languedoc (Monts de Lacaune, Somail, Espinouse...) et dans une bande de l’Hérault allant de Bédarieux à Minerve. La musique qui l’accompagnait était composée d’accordéon, d’une éventuelle bodega (instrument à vent de la famille des cornemuses) et d’une grailha (un hautbois à anche double représentatif du Bas Languedoc).

Le théâtre et l’opéra

Si les artistes contemporains font vibrer avec talent les salles de spectacle du Languedoc-Roussillon, il est un personnage qui, à l’évocation seule de son nom, est synonyme de théâtre : Molière. Suite à des débuts difficiles à la capitale, Jean-Baptiste Poquelin et sa troupe, l'Illustre Théâtre, décidèrent de se lancer dans une aventure provinciale afin de faire leurs premières armes.
Entre 1647 et 1657, les artistes ont sillonné le Languedoc, fait des rencontres qui ont permis d’observer les mœurs de l’époque et glané des informations qui ont intégré des pièces de l’auteur, notamment La Comtesse d’Escarbagnas et  Monsieur de Pourceaugnac. Au cours de leur voyage, ils ont fait des arrêts à Carcassonne, Béziers, Narbonne, Montpellier, Nîmes et bien sûr Pézenas. Ce passage, la cité piscénoise le cultive avec passion, citant le grand Marcel Pagnol : « Si Jean-Baptiste Poquelin est né à Paris, Molière est né à Pézenas ». Elle organise chaque année une série d’événements en son honneur.
Pendant son séjour dans le Languedoc, l’écrivain fit la rencontre de figures étonnantes qui le marquèrent : le comte d’Aubijoux, Pierre Goudouli, Armand de Bourbon prince de Conti, le libertin Sarrasin, le poète d’Assoucy... Après leur voyage, Molière et l’Illustre Théâtre retournèrent à la capitale en 1657. Ils trouvèrent alors la protection directe de Louis XIV. Rebaptisés « La Troupe du Roi », ils connaîtront un grand succès à la ville et à la cour.
Dans un autre genre, l’opéra a également sa place dans le Languedoc. Célébré par de nombreuses associations et écoles de musique, c’est à Montpellier qu’on trouve le plus grand représentant de l'ancienne région Languedoc-Roussillon en la matière : l’Opéra Orchestre national Montpellier/Occitanie. L’organisme est né en 2001, lors de la fusion de l’Opéra de Montpellier, un véritable centre de création et de production lyrique, avec l’Orchestre qui, à sa création en 1979, contribue à donner un nouvel élan à l’activité de l’opéra intra-muros en France et à l’étranger. Cet ensemble est aujourd’hui constitué de la salle Molière, la grande salle de l’Opéra Comédie, l’Opéra Berlioz et la Salle Pasteur au sein du Corum. Il peut ainsi accueillir près de 100 000 spectateurs chaque année. Afin de ne pas limiter cet univers à la préfecture héraultaise, un important réseau artistique et pédagogique a été tissé sur tout le territoire. L’Opéra et l’Orchestre y sont présents au fil des saisons musicales.

Les salles de spectacle

Concernant l’accueil des événements culturels, le Languedoc a tout pour plaire. Son offre varie du bar à spectacles au gigantesque zénith, en passant par les théâtres de poche et les monuments de portée internationale. En extérieur ou dans des cadres grandioses datés de plusieurs siècles, les artistes expriment leur talent devant un public de curieux toujours ravis de pouvoir contempler la richesse de l’ancienne région.
S’il est difficile de citer toutes ces salles de spectacle, une liste lapidaire donne une bonne idée des différentes options laissées aux interprètes et aux spectateurs. On remarquera que, pour la majorité des départements membres de l’ancienne région Languedoc-Roussillon, les adresses varient de quelques dizaines de places à plusieurs centaines. Une diversité d’installation qui permet d’accueillir toutes les formes de représentations, des Pyrénées-Orientales jusqu’au Gard.
Dans le Gard d’ailleurs, les amateurs de scène et de poésie seront séduits par les théâtres de Nîmes, tels que le Périscope ou Le Petit Subito, à moins qu’ils préfèrent s’installer dans le cadre majestueux des Arènes. Plus à l’ouest, dans l’Hérault, l’offre varie de l’impressionnant Zénith Sud de France à Lattes, à la frontière de Montpellier, aux Arènes de Béziers, en passant par les étonnants Théâtre de la Mer à Sète et Théâtre de Pézenas. Sans compter sur les innombrables petits théâtres et espaces verts qui accueillent régulièrement les artistes dans le département. Il en est de même dans les Pyrénées-Orientales où le très insolite Théâtre de l’Archipel côtoie le Palais des Congrès et la Boîte à rire à Perpignan, le Palais des fêtes à Rivesaltes et le Théâtre des Aspres à Thuir. Dans l’Aude, on mise davantage sur les théâtres et cafés-théâtres pour les sorties animées, à moins d’aller chercher du grand spectacle à la Narbonne Arena. En Lozère, à Mende, on notera la présence de Scènes croisées, l’unique scène conventionnée du département.