08_The American Radiator Building © VIIIPhotography - Shutterstock.com.jpg
09_Entrée du General Electric Building © LEE SNIDER PHOTO IMAGES - Shutterstock.com.jpg

Art nouveau

Héritier du mouvement Arts and Crafts initié en Angleterre par William Morris, l’Art nouveau se fonde sur 4 grands principes : le refus de l’héritage esthétique, le rejet de l’académisme, l’abolition de la distinction entre arts majeurs et mineurs, et la revendication de la nature comme unique source d’inspiration. Il se caractérise par un usage répété de l’arabesque, de l’asymétrie et de lignes courbes associées à des éléments floraux et végétaux. Il renouvelle le langage décoratif en faisant coïncider forme, matériau et fonction. Ainsi ses formes légères et fluides s’adaptent-elles très bien aux nouveautés industrielles. Le verre et l’acier sont associés aux briques et pierres traditionnelles dans un élan décoratif stylisé. Aux États-Unis, l’Art nouveau est appelé Tiffany, littéralement « tissu fin ». À New York, il s’est peu répandu, ce qui rend ses témoins encore plus étonnants. Parmi les beaux exemples Art nouveau, notons le Little Singer Building, daté de 1902 dont les encadrements de fenêtres en fer forgé finement travaillé attirent l’œil. Le New York Evening Post Building de 1907 en propose une version aux sinuosités plus modérées, à l’image de ses trois travées de fenêtres en vague. Le CUNY Graduate Center est très largement inspiré de ce style avec ses canopées de verre et métal incurvé. Mais on retrouve surtout l’Art nouveau dans de nombreux petits détails tels les lampadaires de Central Park, les ornements de façade comme cette Medusa de la Saint Mark’s Place ou bien encore dans les enseignes de métro. Le plus bel intérieur Art nouveau de la ville, la Wisteria Dining Room, est exposé au Metropolitan Museum of Art.

Art déco

En 1925 à Paris se tient la première Exposition Internationale des Arts Décoratifs célébrant l’alliance de l’art et de l’industrie. Héritier de l’Art nouveau, l’Art déco peut se penser comme l’art de la réconciliation, sorte de mélange de cubisme, d’expressionnisme, de modernisme et d’esthétique industrielle. C’est l’art de la modernité, du mouvement, de la vitesse, du jazz… c’est l’art des années folles et de Gatsby le Magnifique ! De même que l’Art nouveau abolissait la distinction entre arts majeurs et mineurs, l’Art déco fait la part belle aux savoir-faire artisanaux pour créer de superbes décors et mobiliers aux couleurs foncées et aux matières douces. Trésors de marqueterie, d’orfèvrerie ou de céramique, l’Art déco se cache dans tous les détails, y compris les poignées de porte et les sanitaires ! Alors, surtout dès que vous entrez dans un building Art déco, prenez le temps d’observer tous les détails… Ou mieux, optez pour une visite guidée avec l'Art Deco Society of New York !

Le premier grand édifice Art déco est l’American Radiator Building, conçu en 1924 par Raymond Hood. Noir comme un morceau de charbon, il est couronné d’un majestueux sommet ambre et or. En 1929, un autre building amorce le succès de l’Art déco : le Chanin Building, dont on retiendra surtout les délicats bas-reliefs de sa base créés par René Chambellan et Jacques Delamarre avec des frises faisant alterner animaux et motifs végétaux. En 1930, William van Allen inaugure son Chrysler Building, splendeur architecturale mêlant les styles avec audace. Son hall Art déco fait dialoguer les bois exotiques avec le marbre et l’acier dans une lumière ambrée. Le plafond, lui, est décoré par une œuvre d’Edward Trumbull considérée comme l’une des plus grandes fresques au monde. Quant au placage des ascenseurs, il est fait de motifs de lotus égyptiens incrustés en frêne japonais, noyer oriental et prunier cubain. À mi-façade, on peut apercevoir 4 paires d’aigles en acier étincelants et de gigantesques enjoliveurs ailés rappelant les bouchons de radiateurs des voitures Chrysler. Au sommet, enfin, se trouve sa flèche de 56 m, reconnaissable entre toutes par ses cercles concentriques. Un an plus tard, surgit l’Empire State Building, dont la silhouette élancée rappelle celle des campaniles italiens, tandis que ses décorations de façade rappellent le gothique. Mais son hall, lui, est une symphonie tout en marbre et formes géométriques, baigné de cette lumière ambrée si caractéristique de l’Art déco. L’ornementation de l’entrée du Brill Building, construit en 1931, est un superbe exemple d’Art déco avec ses dorures aux formes géométriques. Le General Electric Building frappe par l’originalité de sa flèche, sorte de dentelle de pierre, de céramique vernissée et de brique rehaussée d’or et dont les chevrons et éclairs représentent les ondes hertziennes transmises par la RCA, toute première propriétaire de l’édifice. Les immeubles résidentiels portent aussi la marque de l’Art déco, tel l’iconique Eldorado sur Central Park West… qui tient son nom de la couleur ocre de sa terracotta. Dynamisant la verticalité par un savant jeu de redents, l’immeuble impressionne par ses deux tours jumelles comme posées sur le bâtiment principal. La géométrie du mouvement caractérise l’Art déco qui trouve son apogée dans le style Paquebot ou style Streamline Moderne. Ses formes lisses et son mélange de longues lignes horizontales contrastant avec des surfaces verticales incurvées en font une sorte d’esthétique de l’aérodynamisme… d’où la référence au paquebot. Le Marine Air Terminal de l’aéroport de La Guardia en est un bel exemple, dont on peut souligner également les belles frises représentant des poissons volants. Autre représentant de ce courant, le Mcgraw Hill Building à la façade géométrique scandée de bandes de couleur bleue et surmontée de lettres géantes stylisées… que l’on retrouve tout en dorures juste au-dessus de l’entrée. Les hôtels ne sont pas en reste avec le Waldorf Astoria, l’un des lieux mythiques de la ville. On remarquera particulièrement son entrée surmontée du nom de l’hôtel inscrit dans un lettrage doré typiquement Art déco… Sa façade a été classée et est donc protégée… en revanche son intérieur, lui, ne l’est pas… Or, l’hôtel a entamé depuis 2017 une grande phase de rénovation et beaucoup s’inquiètent de voir disparaître certains joyaux Art déco, telles la salle de bal ou la mosaïque de son lobby. Affaire à suivre…