Bercée par un rythme tranquille et indolent, point de départ des voiliers de croisière et s'ouvrant chaque jour davantage vers des voies commerciales, Raiatea est une île assez développée, sans l'inconvénient des embouteillages.

Sa position centrale dans l'archipel (à 230 km à l'ouest de Tahiti) a motivé la construction d'un port capable d'attirer les navires de gros tonnage et peut permettre des échanges plus importants entre Uturoa, la ville principale, deuxième agglomération de Polynésie, et les autres îles. Certains murmurent déjà que Uturoa pourrait être la prochaine Papeete, et Tahaa sa Moorea...

En tout cas, à l'heure actuelle, même si elle dispose de tous les atouts pour un tourisme de masse, Raiatea reste encore relativement épargnée.

Elle ne possède, certes, pas de mythiques étendues de sable fin, si ce n'est sur les magnifiques motus qui l'entourent, mais elle présente d'autres atouts. L'île possède un charme authentique, celui de la richesse de son histoire, de ses multiples légendes, de sa fleur unique, de sa montagne sacrée...

Les amoureux de la nature y trouveront leur bonheur : sites de plongée sous-marines, reliefs tranchants (surtout au sud), et quelques petites plages désertes. De bonnes surprises pour ceux qui prennent le temps de la découvrir.

Beaucoup plus encore que Tahiti, Raiatea est l'île qui a le plus compté dans l'histoire de la Polynésie, pas seulement française, mais la Polynésie dans son ensemble géographique. C'est en effet de la profonde baie de Faaroa que seraient parties les majestueuses pirogues doubles à la conquête des îles de la Société, des Australes et de la Nouvelle-Zélande. Selon d'autres légendes encore plus anciennes, elle aurait été la première des îles Sous-le-Vent à avoir été colonisée.

Pour avoir peuplé un espace et des pays si vastes à partir d'une si petite île, Raiatea, berceau d'une civilisation millénaire, mérite bien le titre d'île sacrée.

Encore imprégnée d'une certaine aura sacrée, Raiatea est aujourd'hui une île paisible, deuxième par sa taille et troisième par sa population dans l'archipel de la Société, mais la plus importante du groupe des îles Sous-le-Vent, avec environ 12 500 habitants. Elle partage avec Tahaa, sa petite soeur, le même lagon.

Ce sont les deux seules îles en Polynésie possédant une telle configuration. Raiatea, dont la forme évoque un triangle isocèle, est un massif volcanique dont les dernières coulées de lave se sont produites il y a 2,5 millions d'années. Au nord, on découvre des trachytes et des phonolites. Le massif est échancré par plusieurs vallées : baie de Vairahi, Faaroa, Opoa à l'est, Faatemu au sud, Vaihuti et Vaiaau à l'ouest.

Une histoire particulière

Havai'i Nui (ou Havai'i fanau'ra fenua) est le premier nom connu de Raiatea. Il signifie " grande eau jaillissante ", probablement parce que la rivière Faaroa est la seule navigable en Polynésie. Cela dit, le titre Havai'i ou Hawai'i a été employé pour désigner beaucoup d'îles en Polynésie, comme aux Tonga... ou à Hawaii. Le nom de Raiatea a une origine bien plus mythique.

La possession de cette île symbolique a été longtemps débattue. À la fin du XVIIIe siècle, les chefs de Bora Bora s'emparèrent de Raiatea, suivis de la famille Pomaré, qui régna sur l'archipel entier (à l'exception de Huahine). James Cook découvrit l'archipel en 1769. Raiatea et Tahaa étaient alors soumises au roi Puni de Bora Bora.

Puis des renversements successifs portèrent tour à tour les Tapoa et les Tamatoa, qui refusèrent le protectorat de la France. Les résistances furent ardentes jusqu'à l'annexion en 1888, mais la fin de la rébellion polynésienne ne s'acheva que le 16 février 1897 par la poudre à canon, les maladies et l'alcool (batailles de Tevaitoa). Teraupoo, le dernier chef de Raiatea, fut exilé en Nouvelle-Calédonie jusqu'en 1906.

Selon l'ethnologue Peter Buck, qui a recueilli de nombreuses informations sur place, Tahiti et les autres îles du vent auraient été créées à partir d'un poisson-terre dérivant de Havai'i vers le sud-est.

Raiatea était une métropole religieuse et un centre cérémoniel au XVIe siècle, comme en témoigne le grand marae de Taputapuatea - officiellement inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco en juillet 2017 -, construit à Opoa et dédié à Oro, dont le culte gagna ensuite les îles du vent et s'avère à l'origine de nombreux marae à Moorea (Papetoai) et Tahiti (Tautira, Atehuru), supplantant les anciens cultes de Taaroa et de Tana pratiqués sur le marae de Vaerarai. Des prêtres venaient des quatre coins de l'archipel. Des fouilles assez récentes ont mis au jour des ateliers de taille, des pétroglyphes, des terrasses de culture, surtout dans la vallée d'Avera.

La légende d'un déluge (rapportée par W. Ellis et T. Henry), bien ancrée dans la tradition locale, s'apparente au déluge biblique, mais elle aurait existé avant l'évangélisation selon les missionnaires : Ruahatu, dieu de la mer de la mythologie polynésienne, ressemblait à un homme terminé par une queue d'espadon. Quand un pêcheur le surprit dans sa demeure de corail (avant d'avertir prestement la population du danger imminent), il décida de submerger le Temehani (alors considéré comme le domaine des âmes et le principal endroit où pousse le Tiare apetahi, fleur symbole de l'île) pour se venger, et provoqua des pluies torrentielles. Les seuls rescapés furent le pêcheur, son ami, sa femme et son enfant, ainsi que quelques bêtes (un chien, un cochon et quelques volailles) ; tout ce petit monde gagna alors l'îlot de Toa Marama. Preuve de la véracité d'un tel déluge, selon les autochtones : la présence de farere, coraux et coquillages au sommet des plus hautes montagnes (le mont Temehani correspond bien à un affleurement de trachytes).

La population se concentre essentiellement au nord de l'île, de forme triangulaire, et dont la pointe fait face à Tahaa. Cette pointe est d'ailleurs l'endroit où l'aéroport a été construit, et qui dessert aussi Tahaa, qui n'a pas d'aéroport. Uturoa et la zone densément habitée sont proches de l'aéroport et s'étendent le long du littoral.

L'île aujourd'hui

La route de 98 km qui fait le tour de l'île est asphaltée. De nombreux marae parsèment l'île. A l'extrémité sud-est, on ne manquera pas celui de Taputapuatea dans le village d'Opoa. Il est le plus grand et le plus sacré de toute la Polynésie : tous ceux construits après dans les autres îles devaient comporter une pierre de ce marae pour avoir un peu de son mana. Taputapuatea se prononcerait à la française Tabou-tabou-Atéa, tellement il est sacré. Dédié à Oro, populaire dieu de la Guerre avant la christianisation, il ne date que du XVIIe siècle et fait face à la non moins sacrée passe Ava Moa. Parmi les six types de marae connus, il est le seul dans sa catégorie : c'est le seul marae international. Des processions et des cérémonies de tous les pays de la Polynésie s'y déroulaient.

Plusieurs petits villages aux noms de Tevaitoa, Avera ou Fetuna parsèment le littoral. La montagne est belle, et il faut également découvrir la beauté de Raiatea dans le lagon et les motus qui le ponctuent. Le lagon dispose de dix passes, dont la célèbre Te Ava Piti, chantée par le groupe du même nom connu dans toute la Polynésie. Huit d'entre elles sont situées en face de Raiatea, les deux dernières en face de Tahaa. Deux motus qui semblent vraiment souhaiter la bienvenue délimitent cette passe, qui est celle que les gros bateaux franchissent pour gagner Uturoa. La plupart des autres passes sont, elles aussi, encadrées de deux motus, parfaits îlots de cartes postales.

Une fleur unique

Montagneux, les reliefs de Raiatea sont pourtant modérés et accueillent le vaste plateau de Temehanirahi. Deux montagnes dominent l'ensemble, dont le Toomaru (1 017 m), et le Temehani, unique endroit au monde où pousse le Tiare apetahi - jolie petite fleur blanche -, formé d'une demi-corolle de pétales presque semblable à celui du Tiare Tahiti. Des chercheurs ont essayé vainement de faire pousser ce gardénia ailleurs, sans jamais éclaircir les raisons de sa longévité sur cette montagne. Elle est protégée (interdit de la cueillir, mais vous pouvez la photographier) et est le symbole de Raiatea.

Hébergement

Vous pouvez loger à Uturoa même ou dans les proches environs, sur la côte ouest et la côte est, ou alors tout au sud, pour un repos total. Compter environ 40 minutes de voiture pour aller du sud à l'aéroport, en roulant comme il se doit.

Restaurants

Les hôtels et pensions de l'île ont le plus souvent un service de restauration. Il existe aussi quelques tables dans l'île. Partout, vous pourrez vous restaurer pour 1 000 à 3 000 CFP. Pensez à réserver pour manger dans les pensions. Dans le centre d'Uturoa, vers la place en face du nouveau bâtiment, il y a toujours quelques roulottes préparant des plats classiques. Sur le reste de l'île, on trouve rarement des roulottes, mais de temps en temps des snacks.

Sortir

Il n'y a que très peu de choses à faire la nuit venue à Raiatea, dans cette île qui compte pourtant plus de 12 000 habitants. Pas de cinéma ou de bar, hormis ceux des hôtels.

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Photos et images de Raiatea

Pêcheur au coeur ! Laurent BOSCHERO
TAHITI - POLYNÉSIE
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