Victor Hugo avécu sur l'île de Guernesey © pictore - iStockphoto.com.jpg
iStock-1070550034.jpg

Sur les pas de Victor Hugo (et d'autres grands noms)...

Nombreux sont les grands écrivains à avoir foulé le sable de nos plages, mais c'est peut-être celui qui restera le plus dans les mémoires. Et pour cause, une partie de son roman emblématique, Les Misérables, prend place à Montreuil-sur-Mer. C'est après un voyage dans le Nord et en Belgique que Victor Hugo découvre la ville en 1837, qu'il décrit à sa femme en des termes élogieux : « Montreuil-sur-Mer serait mieux nommé Montreuil-sur-Plaine. Des remparts on a une vue magnifique de coteaux et de prairies, car la ville est haut située. » Des années plus tard, lorsqu'il commence l'écriture des Misérables, le souvenir est pour lui si marquant qu'il décide de faire figurer la première partie de son intrigue dans la cité des remparts. Le roman sera publié en 1862, et est depuis considéré comme un roman emblématique de la littérature française.

Une vingtaine d'années plus tôt, l'écrivain Alexandre Dumas publiait également un autre grand classique dont l'action se passe en partie sur notre littoral, le fameux roman Les Trois mousquetaires. L'écrivain décide ainsi de faire figurer des scènes à Boulogne et à Béthune, qu'il a pris soin de visiter afin d'en retranscrire l'ambiance.

Parmi les autres écrivains célèbres venus sur nos côtes, on peut citer en vrac J. R. R. Tolkien, Laurence Stern, Arthur Young, Paul Verlaine, C.S. Lewis... Ian Fleming, créateur du personnage de James Bond, a laissé ainsi son empreinte au Touquet. Le premier roman sur James Bond écrit en 1952 se déroule dans la station de Royale-les-Eaux, une station balnéaire imaginaire qui a pour rivale... Le Touquet ! Il faut dire que l'auteur est habitué de la station et aime y séjourner. Au très prestigieux Hôtel Westminster, vous pourrez retrouver d'ailleurs son portrait.

Des polars nombreux à prendre vie

Les polars figurent parmi les genres de prédilection parmi les nombreux romans qui ont pour sujet ou décor la Côte d'Opale. Mais que viennent-ils tous chercher chez nous ? Lors d'une interview pour la Voix du Nord, Franck Thilliez expliquait : « J'aime beaucoup les ambiances du Nord. Notamment la Côte d'Opale, c'est très inspirant. » Et à France 3 régions, il confiait : « J’adore la Côte d’Opale, c’est pour moi la plus belle côte qu’on puisse rencontrer avec des plages magnifiques à perte de vue. » Paru en 2018, son roman Le Manuscrit inachevé prenait en partie place à Berck et au fort d'Ambleteuse.

La Côte d'Opale est, il est vrai, une terre de contrastes. Les jours ensoleillés succèdent à des jours plus gris ou pluvieux, et font varier l'humeur comme les ambiances. C'est peut-être cette dualité qui plait tant aux écrivains, la beauté des plages de sable opalin versus les jours gris et le passé parfois lourd de la région.

D'autres romans ont ainsi pris place dans nos villes. Paru en 2005, En terre hostile de François Prunier raconte la rencontre du personnage principal avec un jeune garçon, Diego, à Dunkerque. Celui-ci va tenter de venir en aide au garçon lorsque sa mère meurt assassinée à coups de couteaux et qu'il devient le principal suspect. L'écrivain Olivier Thérond a quant à lui choisi de faire figurer trois de ses romans dans les rues de Calais. Dans Un bien bel endroit pour mourir de la Wimereusienne Rosalie Lowie (2017), tout part de la découverte d'un cadavre aux falaises de la Pointe aux Oies. Et en 2020, le roman policier L'Enfant retrouvé prend place sur la Côte d'Opale, écrit par Franck Jendro, originaire d'Etaples-sur-Mer.

La liste n'est pas exhaustive, bien sûr, et illustre bien tout l'intérêt des romanciers pour notre belle région, dont les paysages peuvent être si saisissants.

Des romans inspirés par les conflits

Fin mai 1940, l'opération Dynamo ou « bataille de Dunkerque » permet l'évacuation de plus de 330 000 hommes – dont la moitié sont belges et français – vers le Royaume-Uni. De nombreuses unités françaises se retrouvent encerclées à Dunkerque, où elles doivent mener une résistance acharnée sous le feu des bombardements. La ville de Dunkerque fut en grande partie détruite, et on peut encore aujourd'hui voir, à marée basse, les épaves de Zuydcoote. Durant cette opération, 200 bateaux et plus de 600 petits bateaux ont été ainsi coulés, voire jamais retrouvés.

Ainsi, il n'est pas étonnant de constater que de nombreux livres ont été publiés relatant ces faits. Week-end à Zuydcoote de Robert Merle (1949) figure parmi les plus connus et appréciés. Il raconte la lutte d'un groupe de soldats piégés à Dunkerque pour permettre l'embarquement sur un navire anglais. Mais de nombreux autres romans sont à lire sur le sujet, adoptant des points de vue des différents acteurs et témoins de la bataille. Paru en 1941 et aujourd'hui très rare, La Glorieuse histoire du Siroco de Pierre Varrillon raconte le sacrifice héroïque d'un torpilleur français pour permettre l'évacuation. Publié en 1942, L'Épopée silencieuse de Georges Blond raconte aussi le conflit du côté de la marine. Plus récents, on peut se tourner vers Expiation de Ian MacEwan, Dunkerque, 1940 de Jacques Duquesne, ou Dunkerque de Jacques Mordal. Côté BD, Dunkerque : opération Dynamo de Pierre Dupuis livre des scènes de conflits aussi réalistes que saisissantes.

Plus récemment dans notre histoire, la « jungle de Calais » est aussi le décor de nombreuses œuvres. Ce terme désigne l'ensemble des camps qui ont accueilli dès 2000 et jusque 2016 des milliers de migrants dans des conditions parfois précaires à Calais. On retrouve ainsi bien sûr des œuvres documentaires, comme l'excellent La Jungle de Calais paru en 2018, mais aussi des œuvres de fiction.

Paru en 2007, A l'abri de rien d'Olivier Adam raconte la rencontre de Marie avec ces migrants, il a été récompensé par le prix du roman France télévisions. Dans La Mer à l'envers de Marie Darrieussecq paru en 2019, une psychologue parisienne en croisière dans la mer Méditerranée rencontre Younès, un migrant qui fait naufrage. Côté polar, on peut citer l'excellent Entre Deux Mondes d'Olivier Norek paru en 2017 : l'auteur a passé plusieurs semaines auprès des migrants pour son travail documentaire. Côté BD, paru également en 2017, Des Nouvelles de la jungle de Yasmine Bouagga et Lisa Mandel témoigne des conditions de vie et du travail des associations sur place.