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Un patrimoine musical peu connu

À la différence de régions voisines (regardez vers l’ouest…), le folklore musical normand est très largement méconnu. Parmi les raisons que l’on pourra invoquer, la langue. En effet, la langue normande a très longtemps été divisée en patois parfois très différents, dans des zones géographiques multiples – certains perdurent un peu aujourd’hui, surtout parmi les plus âgés. Difficile, dans ces conditions, de permettre aux œuvres de se faire connaître, et de perdurer. Dans le même registre, certaines danses typiques de la Manche ont disparu : si la mémoire permet de garder le souvenir de ces techniques artistiques, peut-être les reverrons-nous un jour. Néanmoins, on pourra tout de même noter que certaines expressions musicales ayant un rapport avec le département ont libre court ici. Ainsi les chants marins sont encore entonnés dans quelques rares fêtes marines. Mais reconnaissons-le : la musique manchoise n’a pas encore fait l’objet d’une sérieuse réhabilitation. Un jour, peut-être ? En attendant, la Manche se rattrape grandement, et d’abord au moyen d’une incroyable liste de festivités.

Des événements pour tous, toute l’année

Difficile de dresser la liste, mais gardez bien en tête que le département est connu pour être le cadre de l’organisation d’innombrables manifestations, des plus modestes aux plus imposantes. Musicalement parlant, les styles mis à l’honneur sont, là aussi, difficiles à dénombrer, tant ils pullulent. On commencera notre revue de ces derniers avec l’incontournable « Jazz sous les Pommiers », à Coutances. Rien ne prédestinait l’événement, lors de sa création en 1982, à devenir un tel succès. Et pourtant, rapidement, le bouche-à-oreille a joué à plein, et les organisateurs ont travaillé dur pour faire émerger l’événement parmi les grands du genre. En mai, des dizaines de milliers d’amateurs du genre se pressent à l’ombre de la cathédrale pour écouter les grands noms nationaux et internationaux du jazz. En parallèle, le succès aidant, les animations dans la ville sont nombreuses. Plus récent, un autre festival dédié, « Jazz en Baie », se tient l’été depuis une bonne dizaine d’années dans la baie du Mont-Saint-Michel, de Granville aux grèves de la merveille.  Enfin, toujours côté Jazz, les communes rurales comprises sur le territoire de Saint-Lô Agglo bénéficient d’une programmation dédiée, appelée logiquement « Jazz dans les Prés ».
Autre événement bien connu, le festival « Papillons de Nuit ». L’événement, qui voit affluer des dizaines de milliers de festivaliers chaque année, se tient sur 3 jours vers la fin mai, dans les champs de Saint-Laurent-de-Cuves au sud-est du département. Le plateau artistique est toujours très impressionnant, et l’équipe réussit chaque année le tour de force de faire venir des artistes internationalement connus : Charlie Winston, Pete Doherty, Placebo ou Iggy Pop, par exemple, ont fait danser les foules ici. On vous épargnera la liste incroyable de références hexagonales, qui elle aussi tient la comparaison avec les plus grands festivals. Et pourtant, rien ne prédestinait le rendez-vous à devenir ce qu’il est devenu : les premières éditions se tenaient dans la petite salle communale ! Dans la même veine, on retiendra « Chauffer dans la Noirceur », à Montmartin-sur-Mer : programmation éclectique et têtes d’affiches se succèdent chaque année en juillet ! En parallèle, le public se déhanche sur les sons rock, hip-hop, reggae ou électro lors du festival au « Son d’Euh Lo » (l’interjection étant très fréquente ici !), à Tessy-Bocage, devenu une référence en la matière depuis 2012.
Du côté de la chanson française, Saint-Lô accueille les « Rendez-Vous Soniques ». Dans plusieurs salles de la ville, les artistes se succèdent pendant plusieurs journées, généralement étalées pendant la première quinzaine de novembre : Etienne Daho, Grand Corps Malade, Benjamin Biolay ou Catherine Ringer comptent parmi les plus prestigieux artistes ayant fait chanter le public de la cité préfectorale.

Dans un autre registre, la musique classique n’est jamais très loin : à Lessay par exemple, la splendide abbaye est le cadre des « Heures Musicales ». De la mi-juillet à la mi-août, de la musique de chambre au récital vocal en passant par l’orgue, rien ne manque pour vous permettre de passer des moments poétiques, sereins et, parfois, palpitants. Enfin, le Festival « Les Traversées de Tatihou » propose sur la petite île un joli événement, accessible à marée basse seulement, et qui invite au voyage et au dépaysement avec une programmation souvent éclectique. On s’y rend pour la musique bien sûr, mais aussi pour l’ambiance marine.

Le cinéma et les arts

Si la Manche est une terre de cinéma, les bandes sonores dédiées sont nombreuses. Comme ne pas évoquer ici les Parapluies de Cherbourg ? « Non, je ne pourrai jamais vivre sans toi / Je ne pourrai pas, ne pars pas, j'en mourrai / Un instant sans toi et je n'existe pas / Oh mon amour, ne me quitte pas » chante Catherine Deneuve à son aimé, qui doit quitter la capitale du Cotentin. Les 17 titres de l’œuvre, mondialement connue, ont participé à la notoriété de la cité. La création manchoise de Jacques Demy et Michel Legrand donne à voir de nombreux de quartiers de la ville, lesquels y sont le cadre d’un parcours touristique. Notez enfin qu’ici, la musique est l’accompagnatrice naturelle d’autres arts. Ainsi les « Art’Zimutés », à Cherbourg-en-Cotentin, explore toutes les formes culturelles, et notamment les arts vivants. L’ensemble est naturellement accompagné de spectacles musicaux d’envergure, dans le cadre propice de la plage verte de la ville. Notez enfin que c’est dans la capitale du Cotentin que se tient le festival « Spring ». Désormais étendu géographiquement sur l’ensemble du territoire normand, il développe une soixantaine d’événements autour des arts du cirque.

Des espaces de qualité

Vous le constaterez : les équipements sont de très haute qualité ici. Sur l’ensemble de son territoire, la Manche dispose d’un réseau de salles dédiées, souvent très récentes, et dont l’acoustique est souvent très prisée. En parallèle, le patrimoine, notamment religieux, est mis à profit : les concerts et récitals y sont nombreux. Décidément ici, on aime la musique sous toutes ses formes.