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Une architecture religieuse remarquable

La Manche, c’est d’abord un patrimoine architectural religieux de toute première importance. Dès le haut Moyen Âge, les bâtisseurs se mettent à l’œuvre, et l’architecture romane puis gothique – les deux styles pouvant se côtoyer sur un même bâtiment – font des merveilles ici. Dans le département, les lieux de culte catholiques sont si nombreux qu’il est bien délicat d’établir une liste exhaustive, et surtout d’en distinguer certains au détriment d’autres. Malgré tout, on retiendra tout d’abord la cathédrale Notre-Dame de Coutances qui, à elle seule, résume les remaniements que devaient subir les lieux de culte, en fonction de l’Histoire : entre la date de la pose de la première pierre et celle de la fin des travaux, plusieurs siècles ! C’est au XIe siècle qu’est achevée la première cathédrale, romane : moins de deux siècles plus tard, à l’image de nombreux lieux de culte du nord de la Loire, on décide d’en faire une cathédrale gothique ! À Coutances, on a gardé de grandes parties de l’édifice initial, le choix des architectes a été de le recouvrir avec de nouveaux ornements : efficace ! Aujourd’hui, la cathédrale reste un témoignage éclatant de l’architecture religieuse dans la Manche.
Au-delà, vous trouverez ici des multiples œuvres architecturales religieuses : les abbayes de Lessay ou de Hambye, ou celle de Cerisy-la-Forêt pour n’en citer que certaines : elles sont nombreuses, fort heureusement protégées et classées. La plus célèbre de toutes, reste néanmoins celle du Mont-Saint-Michel, située tout en haut du rocher, et qui se termine par son immense flèche surmontée de l’archange : une prouesse architecturale, au-delà de la majesté des lieux.

Des châteaux aux hôtels particuliers en passant par les manoirs

L’architecture dans la Manche, ce sont aussi des châteaux et des manoirs par dizaines. Les seigneuries moyenâgeuses sont, dans la plupart des cas, à l’origine de ces constructions, dont beaucoup ont traversé les siècles : à Bricquebec par exemple, le château féodal et son donjon surplombent la cité depuis près d’un millénaire. À Saint-Sauveur-le-Vicomte, à une douzaine de kilomètres plus au sud, un autre château, du XIIe siècle, témoigne de l’architecture féodale en cours à l’époque : autour d’une enceinte fortifiée polygonale se trouvent plusieurs tours circulaires. D’autres tours, des XIIe et XIVe siècles, sont encore visibles au château de Gratot. Vous le comprenez : jusqu’à la Révolution, l’architecture dans la Manche, en ce qui concerne les bâtiments d’importance, ne souffre pas d’exception : elle est défensive ou religieuse.
Plus tard, à compter des XVIe et XVIIe siècles, les châteaux se font villégiatures : ils sont parfois également appelés hôtels particuliers. Valognes en compte encore de nombreux. L’architecture de ces derniers est davantage axée autour des ornementations et des aménagements intérieurs : escaliers à double rotation, fer forgé, pièces d’eau et jardins comptent désormais parmi les réalisations nouvelles.

L’architecture maritime

Chaque port édifié est une prouesse contre les éléments, et l’architecture de ceux de la Manche épouse des rivages parfois difficiles. Le port de Granville est à l’abri de son promontoire rocheux, et celui de Cherbourg, qui prend la forme d’une immense rade (la seconde au monde, encore aujourd’hui, par sa taille), a nécessité plus d’un siècle de recherches architecturales puis de travaux. D’autres ports, de taille plus restreinte, valent le coup d’œil : ceux de Goury, de Fermanville, de Barfleur ou de Saint-Germain-des-Vaux en témoignent. Seul bâtiment d’importance du département en rapport avec la mer, la gare maritime de Cherbourg, inaugurée en 1933, transformée en Cité de la Mer, est l’un des seuls témoignages de l’architecture Art déco qui subsiste encore aujourd’hui dans la Manche. En parallèle, des phares balisent les côtes, et sont pour bon nombre d’entre eux de vraies prouesses contre les éléments : à Goury, Gatteville-le-Phare, Carteret ou Granville par exemple.

Des habitations diverses

Il n’existe pas à proprement parler d’architecture typique de l’habitat dans la Manche. Ici, un seul impératif : être au sec, dans un département qui peut s’avérer humide. Les toits de tuiles, parfois de pierres, sont légion. Pour le reste, on a longtemps construit ici avec les matériaux les plus proches : maisons de granit dans le sud de la Manche, extraites dans le massif armoricain ; en roche ailleurs, et en schiste bleu dans le nord du Cotentin. Ici, l’habitat ne compte que rarement plus de deux étages. Beaucoup d’anciennes fermes, qui comprenaient dans un seul et même corps habitat et étables, ont été rénovées.

Les ravages de la guerre et la reconstruction

Si la Première Guerre mondiale n’a pas abîmé le moindre bâtiment, les choses furent différentes en 1944. Pendant près de deux mois, la Manche a vécu au rythme des combats, des destructions et des bombardements : Saint-Lô est en ruines, de même que de nombreuses petites villes. Dans la cité préfectorale, si l’on a su intelligemment mettre en évidence le patrimoine architectural resté debout, comme les remparts, certaines villes n’ont pu faire de même. À compter des années 1950, la priorité est à la reconstruction : dans la Manche comme en Normandie, la pression démographique et la nécessité de reloger au plus vite les habitants démunis prévalent. Sont alors construits des maisons, des bâtiments administratifs, des infrastructures diverses selon des plans architecturaux simples : l’apparente modernité du bâti, lors de l’inauguration, laissera rapidement place à une impression de froideur fonctionnelle. Il faudra attendre plusieurs décennies pour que ces témoignages architecturaux soient mis en avant : à la Haye-du-Puits (devenu La Haye en 2016), les façades cimentées sont désormais peintes de couleurs vives, dans d’autres cités, d’astucieuses rénovations urbaines ont permis de trouver un juste équilibre entre sauvegarde des témoignages de la reconstruction et adaptations pratiques.

Aujourd’hui

Du côté de l’architecture contemporaine, il y a peu à signaler. Tout juste certains bâtiments publics nouvellement construits épousent-ils les standards actuels en la matière : des lignes courbes, des habillages de bois, et nécessités environnementales. Mais, à proprement parler, aucun bâtiment dont on peut se dire qu’il restera un témoignage majeur de l’architecture du début du XXIe siècle n’a été édifié ici : est-ce si grave ?