Guide de voyage Bondoukou

Située à 416 km d'Abidjan, Bondoukou est le chef-lieu de la région administrative du Gontougo et la capitale du pays Zanzan, au nord-est de la Côte d'Ivoire. Surnommée « la ville aux mille mosquées » Bondoukou est un important centre coranique et compte en effet de nombreuses mosquées. Cette paisible cité offre le spectacle étonnant de multiples minarets surplombant les toits de la ville, blottie dans un écrin de collines boisées sur les hauteurs desquelles se nichent plusieurs villages koulango. On y accède par un long ruban de route goudronnée qui file en ligne droite jusqu'à l'entrée de la localité, déroulant sous les yeux du voyageur étonné ce panorama pour le moins inhabituel.Ancien cercle colonial, Bondoukou n'était jusqu'en 1964 qu'un gros bourg rural dont seul le quartier administratif était loti. Celui-ci contrastait fortement avec la médina, la « ville traditionnelle » constituée d'une multitude de sous-quartiers socio-ethniques ordonnés autour d'édifices religieux. La médina était construite selon le style soudanien, avec des maisons à terrasse souvent embellies de créneaux et soigneusement entretenues. C'était une ville fermée avec quatre portes principales qui seules, en permettaient l'accès. Bondoukou compte aujourd'hui près de 80 000 habitants et abrite une « population mosaïque » composée d'une dizaine d'ethnies : Abrons, Koulangos, Malinkés, Lobis, Lorhons, Gbins, Noumous, Agnis Bonas, Agnis Binis, Nafanas, Gorombos, Gorombossos. Ici ce sont des Malinkés dit « orientaux » (concentrés dans les régions de Kong, Bouna et Bondoukou), par opposition aux Malinkés dit « occidentaux » (les plus nombreux), principalement présents à Séguéla, Touba et Odienné. Conformément à la trame historique de la ville, on dénombre une quinzaine de sous-quartiers, nés autour des grandes familles de la région. À ces quartiers, fortement marqués d'un point de vue ethnique et religieux, sont venus s'adjoindre ces dernières années d'autres quartiers aux populations hétérogènes, plus étendus, développés autour des infrastructures publiques : il s'agit des quartiers Mont Zanzan, Lycée, TP et Camp Militaire.L'activité économique de Bondoukou se concentre principalement autour du commerce et de la culture des ignames, des céréales et de la noix de cajou, qui a même supplanté la production de cacao dans la région. Vivant au rythme des prières, Bondoukou affiche une existence à la fois paisible et dynamique, où toutes les ethnies et obédiences religieuses cohabitent en parfaite harmonie. Ce qui fait la particularité et la grande fierté de cette ville exemplaire, qui se veut à l'image d'une Côte d'Ivoire rêvée. À travers deux édifices religieux emblématiques, la cathédrale Sainte-Odile et la mosquée du défunt imam Koudous, elle incarne la cohabitation pacifique des deux plus importantes religions du monde, le Christianisme et l'Islam.Bien qu’elle soit marginalisée par une grande partie de l’opinion publique et que beaucoup d’Ivoiriens la considèrent à tort comme une « terre d’exil » ou une « ville du bout du monde », Bondoukou présente un charme et des attraits qui retiennent le visiteur. Cité « passage », cité « frontière », elle présente un mélange architectural et humain à la fois unique et éclectique qui ne peut qu’intriguer et évoque, dans la lumière poussiéreuse du couchant, quelque ville sortie tout droit d’une BD de Bilal, mêlant influences architecturales et religieuses diverses, perdue dans les limbes d’un temps décalé qui n’est ni tout à fait présent ni tout à fait passé. Parmi les bâtiments dignes de retenir l’intérêt, citons, en plus de ceux appartenant officiellement au patrimoine touristique de la ville, les édifices religieux qui relèvent d’une curiosité moins formelle, comme les mosquées des quartiers Bambarasso, Koko, Limasso et Kamagaya, ou encore les quelques maisons coloniales dispersées sur le rond-point de l’ancien marché et le long de l’artère centrale qui traverse les quartiers Koko et Kamagaya. En fin d’après-midi, appréciez l’ambiance du marché du mont Zanzan, puis perdez-vous dans les environs de l’ancien jardin public veillé par ses eucalyptus solennels, en même temps que les marchandes qui rentrent chez elles. Poursuivez ensuite la balade à travers les chemins de terre de ce quartier animé, à l’heure où écoliers et étudiants sortent de cours et se préparent à aller « faire la nuit », les uns en jouant dans la rue ou la cour familiale, les autres dans des maquis où le tube du moment ambiance le coin.