Guide de voyage Man

L’Ouest montagneux ivoirien, proche des frontières libérienne et guinéenne, diffère énormément du reste du pays, se démarquant par un climat et un relief qui lui sont propres. Ce territoire recouvert d’un épais manteau sylvestre à la pérennité assurée par une saison des pluies quasi permanente (la saison sèche s’étale de décembre à janvier) est jalonné de montagnes boisées culminant pour certaines à plus de mille mètres d’altitude (mont Nimba, mont Tonkoui) et d’imposants pics granitiques polis par l’érosion (Dent de Man). Cette région à la réputation d’impénétrabilité et connue comme étant la terre d’origine présumée de « petits hommes rouges » à la force terrifiante, considérés comme les ancêtres des Dan (le nom de Dan dériverait en effet de dinn, terme par lequel on désignait les fameux petits hommes rouges), entretient les fantasmes de tribus farouches tapies dans l’ombre de forêts peuplées de génies redoutables.Les Dan. L’essentiel du peuplement est constitué par les deux grands groupes ethniques des Dan (ou Yacoubas) et des Wês, les Dan appartenant à la famille des Mandés Sud, tandis que le terme générique de Wê englobe les deux grands sous-groupes Krou des Guérés et des Wobés. Le peuplement de la région s’est fait par vagues d’invasions successives : ancêtres des habitants actuels de Man, les Yacoubas seraient venus de la Guinée (plus précisément de N’Zérékoré, au sud-est du pays) avant que l’assaut des Mandés Nord (Malinkés) les pousse à se réfugier dans les montagnes et les forêts, les Diomandés (ancêtres des Maous, fraction la plus méridionale des Malinkés) achevant de les soumettre et imposant leur hégémonie militaire sur l’ensemble des ethnies de la région, tandis que sur le plan de la culture et de la langue, l’influence des Dan restait prépondérante. Cette région est un condensé de mystère et de sacré, de nature impénétrable suscitant en égale mesure crainte et respect, de paysages enchanteurs (cascades, montagnes et forêts denses brumeuses...) et de traditions culturelles d’une grande richesse qui fait toujours très forte impression au visiteur. Particulièrement les ponts de lianes, danseurs-échassiers, jongleurs aux couteaux et masques dan, réputés dans le monde entier pour la pureté de leurs lignes et particulièrement prisés des collectionneurs. Le Grand Ouest ivoirien fut longtemps considéré comme l’un des joyaux touristiques du pays. Dans les années 1970, la Capitale des 18 montagnes avec son joli centre-ville bien tracé était surnommée Yacoubadougou Paris (« le village des Yacoubas qui ressemble à Paris »)... Malheureusement, la région a énormément souffert de la crise politique des années 2000 et Man, à l’instar de Duékoué, Danané ou Guiglo, a connu de graves violences. En ville, plusieurs bâtiments portent encore les stigmates de la guerre et pendant des années, la triste carcasse de l’agence BCEAO, saccagée, pillée et laissée en l’état pendant de nombreuses années, sonnait comme un sinistre rappel de ces temps de braise. Aujourd'hui, Man présente un visage en reconstruction.