Guide de voyage Lac Rwihinda

Le lac Rwihinda est de petites dimensions par rapport à ses voisins du Nord (Cohoha, Rweru), mais il est le seul à constituer une réserve naturelle, ce qui a permis, bon an mal an, de mieux préserver sa faune et sa végétation. De forme arrondie, à une altitude de 1 420 m, il appartient comme les autres au complexe marécageux du Bugesera qui englobe des milieux naturels uniques.Le Rwihinda est un lac de prédilection pour les oiseaux, d’où son surnom de « Lac aux oiseaux ». Des espèces aviaires, migratrices ou sédentaires, s'y reposent, y nidifient ou y transitent simplement, en route vers d’autres horizons. Les rivages sont fréquentés par ces oiseaux, mais c’est surtout au milieu du lac qu’ils préfèrent s’abriter, sur des îlots marécageux. Le plus important d'entre eux est l’île d’Akagwa, où la végétation naturelle reste préservée, et sur laquelle se concentrent les colonies d’oiseaux, ainsi que de petits mammifères et des singes.Une réserve en danger. A l’instar de tous les lacs du Nord, le « Lac aux oiseaux » a vu son environnement fortement perturbé par les activités humaines. Les riverains, qui courent après leur survie alimentaire, ont agi sur les délicats équilibres écologiques, et des espèces ont disparu, ne trouvant plus leur habitat familier. La mise en valeur agricole de nouvelles terres, de plus en plus près des berges, a en effet conduit à la destruction de nombreuses papyraies, sites de nidification de plusieurs espèces d’oiseaux aquatiques. On peut constater ce phénomène sur les rivages, que les bananeraies dominent désormais. Sur l’île d’Akagwa aussi, des terres ont été mises un moment en culture, qui ont fait reculer d’autant l’habitat des oiseaux et des quelques singes qu’elle abritait. Enfin d'autres effets « collatéraux » de l'agriculture ont aussi été observés, comme des phénomènes d’envasement du lac, liés à l’érosion.Le prélèvement animal direct a aussi provoqué des dégâts, parfois irréversibles. Le dernier hippopotame de Rwihinda a été tué en 1989, et les singes et les oiseaux sont chassés pour leur chair ou leur fourrure. La pêche, qui offre aux riverains un apport protéinique essentiel, s’est développée ces dernières décennies, mais là encore avec son lot de dommages. Les poissons du Rwihinda sont réputés, mais les techniques de pêche épuisent exagérément la ressource (en particulier, les filets à petite maille qui ramassent des alevins).L’INECN qui gère la réserve a pris la mesure du problème et a établi avec les associations locales de pêcheurs un plan de gestion pour améliorer la protection du lac en respectant les besoins locaux. Lancé en 2005, il a porté quelques fruits mais ne pourra assurément pas ramener le lac à son statu quo ante.