Berceau de l’histoire et de la civilisation afghanes, Hérât a été fondée il y a 5 000 ans. C'est une ville surprenante, très différente des autres visuellement et assez moderne. De toutes les villes d’Asie centrale, c’est sans doute la plus riche, non seulement en termes d’histoire et d’importance stratégique, mais aussi par sa culture, son architecture, sa peinture, sa poésie et sa musique. Le voyageur qui a déjà parcouru l’Afghanistan sera surpris par les aspects modernes de cette ville, comme l'existence de « vraies » routes asphaltées. Contrairement aux autres villes du pays, Hérât a l’électricité 24h/24 et l’eau courante. Elle a aussi des écoles pour filles et garçons, des parcs publics joliment aménagés... Le tout grâce à l’Iran, qui investit dans cette province. La route qui relie Hérât à la frontière a d'ailleurs été totalement refaite. Ainsi, Hérât est une ville « à l’iranienne », et l’influence de ce pays voisin y est plus sensible que celle de l’Afghanistan. C’est une oasis de verdure en plein désert, ave des allées de pins et de nombreux parcs. Hérât est accueillante et donne l’envie d’y rester. Ses habitants sont hospitaliers. Vous y trouverez des hôtels dignes de ce nom et des restaurants de cuisine variée.Troisième ville d’Afghanistan en termes de population, capitale de la province du même nom, Hérât se trouve à 650 km à l’ouest de Kaboul. Ses frontières avec l’Iran et le Turkménistan lui ont valu le statut de site stratégique et d’important point d’échanges commerciaux. Elle a longtemps pratiqué le commerce du coton, du raisin et des fruits. Pour apprécier l’atmosphère de la ville, il faut y marcher, flâner dans les dédales de ses petites ruelles escarpées aux couleurs ocre. Ses vieilles portes en bois, magnifiques, ont survécu à la détérioration ambiante.La population locale s’est convertie très tôt à l’islam. Peu de femmes ici portent la burqa, mais plutôt le voile noir « à l’iranienne », long et ne couvrant que le haut de la tête. Ce qui reflète, une fois encore, la culture de l’Iran. La ville est habitée par de nombreux groupes ethniques : pachtounes, perses, ouzbeks, turkmènes, baloutches et hazaras. Beaucoup de chiites s’y sont également installés. Avant l’invasion soviétique, Hérât comptait 160 000 habitants. Au cours des diverses guerres de ces dernières décennies, bon nombre des habitants de la région se sont exilés en Iran. Les chiites ont choisi l’Iran, alors que les sunnites ont préféré le Pakistan. Aujourd’hui, ces anciens immigrés reviennent en masse à Hérât. Soit parce qu’ils pensent que la situation du pays s’améliore, soit parce qu’ils sont expulsés d’Iran. Il faut donc les reloger ; c’est un problème auquel la municipalité d’Hérât doit faire face. Des villages de fortune ont été construits sur la route qui relie Hérât à la frontière.L’habitat de la région consiste en de petites maisons de terre aux dômes ronds. Cette ville a été le foyer d’une brillante civilisation. Les couleurs turquoise, du bazar coloré aux mosaïques de la mosquée, et les faïences de ses minarets sont là pour le rappeler. Appelée la « Florence de l’Islam », en raison de son épanouissement, Hérât fut un des centres culturels et artistiques majeurs du pays. Envahie par des conquérants successifs, Cyrus, Darius, Alexandre, Gengis Khan et Tamerlan, Hérât a chaque fois réussi à se relever, faisant toujours preuve d’indépendance. Dans les années 1930, le gouverneur d’Hérât a entrepris de grands travaux d’urbanisation et réaménagé des parcs et des avenues.Aujourd’hui, les principales activités de la ville et des environs sont basées sur l’agriculture et l’industrie. Plantations de coton, cultures du riz et du blé, fabrication des tapis et de la soie de renommée mondiale. La vallée de la rivière Hari Rod est fertile et propice aux cultures.Sécurité : La ville d’Hérât est plutôt calme, bien que, dans la région, des combats entre talibans et forces étrangères se poursuivent. La province a encore connu un attentat très meurtrier revendiqué par les talibans en avril 2012. Aussi il faut rester très vigilant. La situation sécuritaire évolue rapidement, mais en 2012 il était encore possible de visiter Hérât et les sites qui l'entourent. La ville connaît tout de même quelques tensions liées à des luttes internes entre divers clans politiques.Histoire. Comme c’est le cas pour toutes les villes du pays, la fondation d’Hérât a donné lieu à de nombreuses légendes. La plus connue attribue l’apparition de la ville et son rapide développement aux mythiques rois iraniens, Lohrasp, Gushtasp et Baghman. Quant à l’historien hérati, Sayf Ibn Muhammad Harawi, il écrivit, vers 1300, que la ville a été bâtie par des colons qui, ayant quitté Kandahar au temps du roi Baghman, cherchaient à s’établir quelque part. Fondée, en principe, à l’époque de l’Empire assyrien de Mésopotamie, Hérât était alors connue sous le nom d’Haïrava. Alexandre le Grand y pénétra pour la première fois en 330, déguisé, paraît-il, en perse. Il y installa une petite garnison de soldats. Il détruisit la ville, puis la reconstruisit. Hérât devint alors une étape essentielle, un passage obligé pour les caravanes sur la route de la soie.Au VIe siècle avant J.-C., à l’époque de l’Empire achéménide, la ville est mentionnée sous le nom d’Ariana. Elle est toujours un important centre de commerce en Asie centrale. En 822, alors que le pouvoir local décline, la cité tombe sous le contrôle d’un islamique de la dynastie des Tâhirides. Au début du IXe siècle, Hérât est incorporée à l’émirat samanide, gouverné par la cité de Boukhara. A la fin du Xe siècle, la ville passe aux mains des Ghaznavides puis, en 1038, sous le contrôle de Selkirk Türk et de Torgau Bego. Malgré ces changements de gouvernements, la ville continue à prospérer durant toute cette période. Elle est renommée pour sa grandeur et ses terres pour leur fertilité. Partout, on parle de ses jardins majestueux. Les sultans ghôrides prennent la ville en 1175.Avec l’arrivée de Gengis Khan, la ville est dévastée. Mais, une fois encore, Hérât se reconstruit rapidement grâce à ses avantages naturels, comme la fertilité de son sol, la profusion de son eau et sa position de centre commercial. En peu de temps, elle retrouve sa grandeur passée. Les murs de la ville sont reconstruits au milieu du XIVe siècle. En 1381, la ville s’apprête de nouveau à souffrir. L’empereur Timur (Tamerlan) s’empare du pouvoir dans toute la région. Hérât décide de résister et Timur saccage la ville. Les murs et les portes sont de nouveau détruits et les trésors pillés. Mais, en quelques jours, Timur se rend compte de l’importance stratégique de la ville et envoie son fils Mirant Shah pour qu’il la restaure. En 1396, il envoie son quatrième fils, Shah Rush, pour gouverner le Khurasan. Paradoxalement, ce sont les descendants de Tamerlan qui relèvent Hérât de ses cendres. C’est le début d’une période d’une floraison culturelle et artistique, une renaissance, à travers tout l’Empire timuride.En 1404, Shah Rush remplace son père. Avec sa femme Gerhard Shah, il déplace la capitale de l’empire de Samarkand à Hérât. Devenue capitale, la ville connaît une période d’expansion architecturale, culturelle et littéraire. C’est un véritable chantier de mosquées, de bains publics, de bibliothèques, etc. Peintres, savants, écrivains affluent de tout l’empire pour y exercer leur art. Hérât accueille ainsi l’un des plus fameux poètes soufis, Ansari. Ce dernier se consacre aux mystères de la vie spirituelle. Toute sa vie, il défendra la parole de Dieu contre les théologiens et les philosophes de son époque. C’est en référence à cette période qu’on appelle souvent Hérât « la Florence de l’Islam », pour sa renaissance artistique et culturelle. De tout le monde musulman, on vient à Hérât. Les somptueux jardins fleurissent et les habitants sont cultivés. La majeure partie de cet héritage architectural a malheureusement disparu aujourd’hui. Un des magnifiques monuments construits à cette époque est le site de Musalla, un collège religieux dont il reste encore les minarets. Après la mort de Shah Rush (1447) puis de sa femme, et le court règne de son fils comme empereur d’Hérât, une période de troubles commence pour les Timurides. Le sultan Hussain Baïqara (1468-1506) accède ensuite au trône impérial. Avec lui, l’expansion de la ville se poursuit. Il est connu pour avoir été l’un des plus grands princes de la dynastie. Il s’entoure des meilleurs conseillers, historiens, écrivains, et de poètes soufis comme Jami, l’un des plus grands poètes mystiques d’Hérât et de tout le monde islamique. Après la mort du sultan Hussain, l’empereur Babur visite Hérât. En 1507, la ville est prise par les Ouzbeks, ce qui met fin à sa période brillante et à son histoire. Mais seulement trois années plus tard, la ville tombe aux mains des Perses, qui la détiennent jusqu’à la fondation de l’Empire afghan, au XVIIe siècle.Durant les XVIIIe et XIXe siècles, Hérât est un fief semi-autonome, dirigé par des Pachtounes. Alors Hérât tombe un peu dans les oubliettes de l’histoire. En effet, les XVIIe et XVIIIe siècles sont marqués par la valse des couronnes et l’instabilité politique. Jusqu’à l’arrivée d’Ahmad Shah Durrani, le père fondateur de l’Afghanistan, dont le pouvoir s’étend de Delhi à Mashad. Hérât retrouve une certaine stabilité, mais devient rapidement la cible des guerres afghano-russes. Sous Abdur Rahman (1880-1901), l’ « émir de fer », Hérât est reconstruite et fortifiée et, en 1885, des monuments comme Musalla sont démolis. Les Britanniques et les Russes sont intéressés par la situation stratégique d’Hérât. En 1931 et 1951, de très forts tremblements de terre secouent Hérât et endommagent bon nombre de ses monuments.Les années 1970 marquent son retour sur la scène culturelle. En 1976, l’Unesco décide de restaurer la citadelle, mais l’arrivée des Soviétiques puis les guerres civiles stoppent cet effort de reconstruction. Sous les Soviétiques, quelques familles d’officiers russes viennent s’installer à Hérât. Le 15 mars 1979, la population d’Hérât se dresse contre les Soviétiques. Ce soulèvement urbain est sans précédent en Afghanistan. Ismaël Khan prend d’assaut la garnison de la ville, tuant Soviétiques et communistes afghans. Moscou ordonne le bombardement de la ville, bombardement dans lequel plus de 20 000 Hératis trouvent la mort. En 1992, lors de la chute de gouvernement communiste afghan, Ismaël Khan, le Lion d’Hérât, réussit à asseoir son autorité sur la province d’Hérât. Le 18 avril, il s’empare de la ville. Les hommes d’Hekmatyar tentent de l’en empêcher en lançant des offensives sur la ville. Après des mois de combats, les Pachtounes d’Hekmatyar se rendent en janvier 1993. Le pouvoir d’Ismaël Khan s’étend alors jusqu’à la région de Badghis. La province commerce avec l’Iran, restaure ses bazars antiques et voit le retour d’Iran de nombreux réfugiés. Des ONG comme Handicap International réintègrent la ville. Ismaël Khan essaie d’étendre son pouvoir au maximum. Mais, en s’approchant de trop près des zones ouzbeks du Nord-Ouest, il se heurte à Abdul Rachid Dostom. Si bien qu’en mai et juin 1994, Abdul Rachid Dostom fait bombarder la ville. En représailles, Ismaël Khan bombarde Mazar-e-Charif. En juillet 1994, la paix est signée entre les deux hommes.Dès 1992, Hérât redevient une place commerciale, autonome de Kaboul. Beaucoup de marchandises arrivent en provenance d’Iran. Ismaël Khan perçoit des taxes de transit et ces grosses sommes d’argent lui permettent de reconstruire la ville. Des accords sont signés, dans les années 1990, avec le Turkménistan pour assurer les ressources en électricité, en essence et en pétrole. Sous son règne, les enfants sont scolarisés, y compris les filles, et les services de santé améliorés. Le 5 septembre 1995, les talibans prennent Hérât. En février 1995, les talibans poursuivent leur avancée et prennent les provinces de Nimroz et de Farah, contrôlées par Ismaël Khan. Ils progressent ensuite vers l’ancienne base soviétique de Shindand. Le gouvernement s’inquiète alors de l’incapacité d’Ismaël Khan à défendre son territoire. L’aviation de Massoud ainsi que 2 000 de ses combattants tadjiks sont envoyés en renfort. Les talibans essuient de lourdes pertes et perdent les territoires acquis.Mais, en septembre, les talibans, réarmés par le Pakistan et l’Arabie Saoudite, repoussent les hommes d’Ismaël Khan et regagnent Shindand. Ils contrôlent alors tout l’Ouest du pays. Les talibans ferment la totalité des écoles d’Hérât et imposent la charia à cette population non pachtoune. De temps en temps, des révoltes éclatent dans la ville contre la répression des talibans. En janvier 1997, par exemple, des centaines de femmes vêtues de burqa ont marché à travers la ville pour protester contre la fermeture des hammams (bains publics). Elles ont alors été arrosées au jet d’eau par les talibans puis maltraitées. Par ailleurs, les femmes n’étaient plus autorisées à travailler pour des agences internationales, sauf dans le secteur de la santé. Plusieurs familles ont créé pour leurs filles des écoles clandestines dans leur maison. Hérât est connue, peut être plus que toute autre ville d’Afghanistan, pour sa constante résistance et pour sa capacité à se relever même après les plus douloureux événements. Tout comme elle s’est reconstruite après les dévastations causées par Gengis Khan et Timur, aux XIIIe et XIVe siècles, elle s’est montrée capable de préserver sa culture face à la répression des talibans.Géographie. La ville d’Hérât compte approximativement 400 000 habitants. Il y en aurait 2 millions dans toute la province. Située dans la vallée fertile de la rivière Hari-Rud, Hérât se trouve dans une vaste oasis de piémont irriguée par cette rivière et ses ramifications. Ses 300 km2 de terres fertiles et irriguées, dans une vallée sertie de montagnes, ont la réputation d’être les plus riches d’Asie centrale. Le climat est sec et chaud, dominé par le vent des « cent vingt jours », ou Bad-e-Sad o Bist. Comme son nom l’indique, il soufflerait environ 120 jours par an, de la fin du printemps au début de l’automne. Très poussiéreux, il rend l’air irrespirable. L’hiver, il peut faire très froid. Chaque année, plusieurs milliers de personnes meurent de froid dans l’Ouest afghan. Le désert du Séistan se trouve à 370 m au-dessus du niveau de la mer. D’une longueur de 850 km, il constitue la frontière avec l’Iran. Autrefois, Hérât était un point de convergence des routes pour Balkh, Bamiyan, Boukhara et Kandahar. Au sud-ouest, les montagnes et les plateaux débouchent sur le désert du Registan. A l’ouest, se trouvent la vallée et les plaines fertiles de Hérât, ville frontière avec l’Iran. Cette région est irriguée par la rivière Hari-Rud et, au nord-ouest, par le Murghab et le Farah-Rud. Outre Hérât, Shindand et Farah sont les deux agglomérations de cet Ouest afghan. L’agriculture a une part très importante dans l’économie d’Hérât. Le blé et le riz ont remplacé peu à peu les cultures de coton. Hérodote décrivait la ville comme le grenier à blé de l’Asie centrale. Hérât est peuplée principalement de Tadjiks. Mais aussi de Farsiwans ou Parsibans : environ 600 000, ils parlent le farsi et vivent à Hérât, à Kandahar et à Ghazni, ainsi que dans d’autres villes du Sud-Ouest. Ils sont une émanation de la secte chiite Schia-Imami. Les Baloutches vivent du côté de Hérât et dans le désert du Séistan. Ils sont divisés en sous-tribus. Ils élèvent du bétail, parlent le baloutche et sont adeptes du hanafisme sunnite. Le Dasht-e-Margo, le désert de la mort, est le grand désert qui s’étend jusqu’à l’Iran.

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