A la fois verrou géographique, terre d'histoire, berceau du plus vieux vin brut du monde, et haut lieu de festivités païennes, Limoux est la capitale d'une microrégion à forte identité. Cette sous-préfecture, passage quasi obligé pour accéder à la haute vallée de l'Aude, est en effet réputée pour sa blanquette et son carnaval, mentionné pour la première fois en 1605,  qui dure de janvier à la mi-mars. Direction donc le Languedoc-Roussillon !

 

Un peu d'histoire...

Aux portes de la Haute Vallée de l'Aude, en bordure de cette même rivière, Limoux tire probablement ses origines d'une agglomération d'époque romaine. La première mention connue du nom de la ville remonte au milieu du IXe siècle, et un développement urbain s'est sans doute affirmé à partir du XIe siècle, à proximité de l'église Saint-Martin aujourd'hui située au coeur du centre ancien de la ville. Des fortifications sont mentionnées au début du siècle suivant, et vers la même époque, " une ville haute " s'est formée au nord-ouest de la première agglomération. Mais cette ville haute est supprimée définitivement suite aux épisodes militaires de la Croisade contre les Albigeois, vers la fin des années 1220. A cette période, Limoux est un important foyer du catharisme et oppose une forte résistance au roi de France et à l'Eglise. C'est vers 1240 qu'apparaît le quartier de la rive droite de l'Aude appelé aujourd'hui la " Petite Ville ". Ce secteur a, dans un premier temps, accueilli des activités liées à l'artisanat du cuir, l'un des secteurs économiques les plus florissants de la ville, avec la fabrication des draps de laine et le transport du bois par flottage sur l'Aude. En 1355, pendant la guerre de Cent Ans, le Prince Noir prend et dévaste la ville, et les fortifications devront être reconstruites. Entre la fin du Moyen Age et la Révolution, Limoux se maintient au rang des petites villes languedociennes peuplées de 5 000 à 8 000 habitants.

Aujourd'hui, on compte près de 10 000 Limouxins. 10 000 chanceux qui profitent d'un riche patrimoine et qui font la fête chaque année grâce au plus long carnaval du monde.

 

Berceau du plus vieux crément au monde

Comme toutes les grandes inventions, celle de la fameuse Blanquette de Limoux est en fait un pur hasard. C'est un moine bénédictin de l'abbaye de Saint-Hilaire, près de Limoux, qui découvrit de façon fortuite en 1531 des bulles dans son vin blanc ! Ce n'était pas habituel qu'un vin prenne mousse dans son flacon de verre bouché de liège. Et sur sa foi et celle de ses confrères le résultat était plutôt, contre toute attente, fort délicieux. Il ne manquait plus qu'à reproduire cette erreur pour qu'un divin breuvage naisse. Le premier crémant du monde venait de voir le jour.
Donc, après avoir trouvé " d'où venait l'erreur ", la méthode fut enseignée aux vignerons de Limoux qui n'ont eu de cesse au cours des siècles de peaufiner cette technique complexe, subtile et rigoureuse pour obtenir une délicate effervescence des vins qui connut l'engouement qui perdure encore de nos jours. Et quelle était " l'erreur ", devez-vous vous demander ? La réponse est : une deuxième fermentation en bouteille. Celle-ci est obtenue en ajoutant une liqueur de tirage et le vin prend mousse. Mais il faut être patient car les bouteilles doivent alors reposer sur lie pendant 9 mois. Avant d'obtenir un vin à la robe jaune pâle et brillante au nez mutin qui peut accompagner tout un repas et donne depuis près de cinq siècles maintenant une ambiance festive à la tablée dès que le bouchon saute.

 

Quelques visites...

Plutôt méconnu, le site de la basilique Notre-Dame-de-Marceille a été bâti dans le style typique gothique méridional au XIVe siècle au sommet d'une colline dominant Limoux. Accessible en quelques minutes par une " voie sacrée " pavée, toutes sortes de croyances et de mystères entourent cette basilique. Elle serait étroitement liée à l'étrange histoire de Rennes-le-Château et Rennes-les-Bains. Une source d'eau miraculeuse qui guérirait les maladies des yeux et une Vierge noire attirent grand nombre de pèlerins, notamment le 7 septembre. Cependant depuis 2007, la Vierge noire ayant été sauvagement décapitée et c'est une réplique qui se trouve dans le choeur de la chapelle. Peu importe car le site a presque tout gardé de sa superbe, notamment grâce à une nef unique à cinq travées, et a fait l'objet d'un classement aux Monuments historiques dans les années 1940.

Côtés musées, il ne faudra pas manquer le musée des Automates, installé dans un ancien bâtiment industriel des années 1930. Un décor baroque et flamboyant qui vous accueille dans 1 500 m2 de féerie et vous transporte dans un monde irréel de couleurs et de figurines animées (de 1 m à 3,5 m de haut). Plus de cent personnages en mouvement sont mis en scène. Un univers où des personnages inspirés des contes et des mythes jouent et prennent vie dans une ambiance musicale. Vous pourrez également pénétrer dans les ateliers : l'antre du secret de leur fabrication...

Le musée du Piano présente lui une collection unique en France d'une centaine de pianos datant de 1790 à nos jours, avec les modèles des grands facteurs français tels que Pleyel, Erard... Enfin, le musée Petiet, fondé en 1880, occupe l'atelier de peinture de la famille éponyme. Il en a conservé le mobilier de salon et les toiles s'exposent sur les cimaises hautes en couleur de salles non dénuées de charme. Ce musée est riche d'oeuvres de la seconde moitié du XIXe siècle et du début du XXe siècle.

 

... avant les festivités !

Car Limoux peut s'enorgueillir d'avoir le plus long carnaval du monde. Ici, le carnaval dure près de 3 mois ! Il a également la particularité de ne pas être un spectacle à proprement parlé : il n'y a aucune reconstitution, pas de char ou de parade. C'est la ville toute entière qui depuis des générations, tous âges confondus, participe dans son intégralité à ce folklore si pittoresque et absolument unique. Une tradition qui a plus de 400 ans...

Le premier dimanche des festivités, les " meuniers " - vêtus de blanc avec un foulard rouge autour du coup, des sabots aux pieds et un fouet à la main - reçoivent sous les arcades de la place de la République le mannequin de paille de Sa Majesté Carnaval. Le tout, au son de la musique traditionnelle menée par des bandes de carnavaliers ou " fécos " (différents corps de métiers et quartiers).

A partir de ce jour, tous les samedis et dimanches, et le Mardi gras, ces bandes vêtues de costumes chatoyants, masquées et armées de leurs carabènes magiques (long roseau décoré et enrubanné qui servent à suivre la musique et à tapoter au passage la tête d'un spectateur pour indiquer qu'on le connaît) vont de café en café et autour de la place de la République, accompagnés d'une quinzaine de musiciens. Ces bandes sont souvent suivies de " goudils ", qui sont des individus seuls ou en petits groupes, ces derniers - hommes, femmes et enfants - dans une totale improvisation se déguisent à leur gré et suivent les bandes, juste pour le plaisir de participer à la fête. D'ailleurs, à Limoux, on note la réussite d'une bande au nombre de " goudils " qu'elle draine derrière elle.

Les festivités se concluent un dimanche, le jour de la Blanquette de Limoux. Durant cette journée le jugement de Carnaval est prononcé en occitan. Et, encore une fois, on fait la fête dans toute la ville ! Un événement à ne pas manquer.

 

Infos futées

 

Quand ? On peut s'y rendre toute l'année avec une préférence pour le printemps et l'été indien. Pour le carnaval 2016, rendez-vous entre le 3 janvier et le 13 mars.

 

S'y rendre. En train, en voiture ou en avion (via Toulouse ou Montpellier), tout est possible.

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