Le Port de Dieppe de Paul Gauguin, 1885© Wikimedia Commons

Après avoir explorer notre beau pays l'été dernier, on se prend à rêver d'un road trip aux quatre coins de la France. Pourquoi ne pas mêler alors culture artistique et voyage ? Les peintres ont su capturer au cours des siècles les plus beaux paysages de notre pays : les impressionnistes ont élu domicile sur les bords de Seine et en Normandie, Van Gogh et Cézanne dans le Sud, Courbet dans la verte Franche-Comté, et l'école du Crozant dans la Creuse. Ils nous offrent avec leurs tableaux un extraordinaire panorama des plus beaux paysages de France, un fil d'Ariane à suivre pour découvrir des lieux magnifiques et bien souvent cachés, qui ont inspiré certains des plus grands génies de la peinture.

Courbet et son pays natal : la Franche-Comté 

© Gustave Courbet

Pour commencer ce top 10, impossible de ne pas citer l'un des plus célèbres paysagistes : Gustave Courbet. Malgré son départ à Paris et son engagement politique là-bas, il a gardé de très fortes attaches avec son pays natal : la Franche-Comté, et plus particulièrement la ville d'Ornans, dont il a peint et repeint tous les alentours et les habitants. Ses oeuvres représentent une nature généreuse et verdoyante, des cours d'eau et falaises, ainsi que l'une de ses grandes spécialités : la neige, dont la texture et la couleur sont toujours admirées. À l'occasion d'une visite d'Ornans, il ne faut d'ailleurs pas manquer de venir admirer un grand nombre de ses toiles au Musée Courbet. En quête d'inspiration, on peut également suivre les Sentiers Courbet que l'artiste a si souvent empruntés.

La falaises d'Étretat, haut lieu de la peinture 

Femmes lavant leur linge à Étretat© Eugène Boudin

Étretat, petit port de Haute-Normandie, est certainement l'un des paysages les plus représentés en peinture. Ses falaises qui se jettent dans la mer fascinent et captivent, elles sont constituées de craie blanche qui tranche avec la météo souvent grise de la Normandie. Courbet, Monet, qui y a peint une cinquantaine de toiles pas tous les temps et Boudin dont le tableau illustre ce numéro 2, s'y sont succédé. Impressionistes, réalistes, fauvistes ou bien encore romantiques, nombreux sont les artistes qui sont tombés sous le charme de ce territoire légendaire. On a aussi pu y croiser des écrivains qui ont permis de construire le mythe des lieux : Flaubert, Maupassant ou encore Maurice Leblanc. 

La Provence de Paul Cézanne

La vallée de Riaux près de l'estaque© Paul Cézanne

Qui mieux que Paul Cézanne a peint la Provence ? L'artiste originaire d'Aix-en-Provence a donné à son pays natal une peinture lumineuse, qui si elle se rapproche de l'impressionnisme, la dépasse par une utilisation de la peinture en volume, où la texture a autant d'importance que le dessin. On lui attribue près de 300 tableaux, dont de nombreux de la montagne Sainte-Victoire. Cézanne fut très proche de Zola, son ami d'enfance, avant de se brouiller avec ce dernier 20 ans avant sa mort. Il n'est pas possible de dissocier Cézanne de sa Provence natale. Peu connu jusqu'en 1895, une exposition monographique lui est dédiée cette même année et les artistes sont nombreux à tomber amoureux de son travail, parmi eux, Monet, Degas ou bien encore Renoir. 

L'école de Barbizon, la peinture les pieds dans la nature 

Hêtraie dans la forêt de Fontainebleau© Constant Dutilleux

L'école de Barbizon marque un tournant dans l'histoire de la peinture. L'école classique classait jusque-là les genres de peinture en fonction de leur importance : les paysages ne figuraient qu'en 5e position sur 6. L'École de Barbizon va participer à l'effondrement de cet ordre en prônant une peinture au plus près de la nature, pour ne pas dire en pleine nature et non pas en atelier. Les peintres posèrent leur chevalet dans la forêt de Fontainebleau près de Barbizon. Parmi ces peintres qualifiés de paysagistes, on retrouve des noms comme Alexandre Desgoffe, Antoine-Louis Barye ou bien encore Jean-Baptiste Camille Corot. 

La cité phocéenne selon Signac 

Notre Dame de la Garde© Paul Signac

Marseille est une ville qui regorge de vie, d'activité. On ne présente plus son Vieux Port qui symbolise parfaitement son ancrage profond aux bords de la Méditerranée. De nombreux artistes s'y sont intéressés, pour la décrire, la chanter ou encore la peindre. À se balader dans les différents quartiers, sur le port, à travers les rues, ou en rejoignant la basilique, la composition est exceptionnelle tout comme l'atmosphère et les couleurs de la ville. Signac, leader de la Société des artistes indépendants et grand paysagiste assimilé au pointillisme, représente ici Notre-Dame-de-la-Garde au loin, régnant comme une matrone sur la ville. 

Ce que la Bretagne apporta aux nabis 

Le Talisman© Paul Sérusier

Le Talisman est le tableau fondateur du mouvement nabi. Peint par Paul Sérusier en 1888, le tableau dépasse l'impressionnisme pour se concentrer uniquement sur les sensations, en laissant de côté toute nécessité de rendu réaliste. Les formes sont couleurs, on entre dans l'abstraction. Il ne s'agit plus de recopier la nature mais plutôt de créer un rendu illusionniste de celle-ci. Sérusier représente ici un paysage d'automne à Pont-Aven où Gauguin l'a guidé pour approfondir son travail. Ce sont les paysages de Bretagne et l'atmosphère locale qui ont aidé à la composition du Talisman. Le mouvement nabi qui vit le jour dans la foulée de cette toile, tire son nom de l'hébreu et signifie " prophète ".

Céret, la Mecque du cubisme 

Le gros arbre© Chaïm Soutine

La ville de Céret attira à partir du début du XXe siècle un grand nombre d'artistes. Située dans le Vallespir dans les Pyrénées-Orientales, elle offre une grande diversité de paysages de montagne. Avant la Première Guerre mondiale, ce sont les deux artistes Manolo Hugué et Franck Burty-Haviland qui viennent prendre le soleil dans la Catalogne française et en tombent amoureux. Puis ce sont de artistes de la " Ruche " à Montparnasse qui s'y rendent avant que Céret ne devienne un refuge pour artistes et intellectuels durant la Seconde Guerre mondiale. Parmi les plus célèbres résidents, on peut compter Braque, Picasso, Marc Chagall et Chaïm Soutine. Les formes angulaires des massifs alentour furent une source d'inspiration inépuisable pour les cubistes. Ils furent si nombreux à s'y rendre, que Céret fut bientôt renommée la " Mecque du cubisme ". 

L'École Dauphinoise, un détour à la montagne 

L'abbe Guetal et Ernest Hareux sur le chemin du petit séminaire du Rondeau© Ernest Hareux

Si les cubistes et les impressionnistes s'inspirent de leurs émotions pour traduire sur la toile les paysages qu'ils voient, il en va autrement des peintres de l'École Dauphinoise. Parfois taxés d'académistes, ils cherchent à reproduire au mieux ce qu'ils voient : des paysages de montagne qui sont à la mode à cette époque, des cimes enneigées, et des ciels d'un bleu infini. Ils s'imprègnent de la sensation de liberté que ces panoramas de la région du Dauphiné leur inspirent. Parmi les noms qui caractérisent ce mouvement, on retrouve Laurent Guétal, Ernest Victor Hareux et Théodore Ravenat, qui fut l'un des premiers élèves de Jean Achard, initiateur du mouvement.

Sur les traces des impressionnistes 

Impression, soleil levant© Claude Monet

Qui n'est jamais tombé en pâmoison devant l'une des oeuvres de Monet, Sisley ou encore Pissarro ? Les impressionnistes ont réussi le tour de force de faire vibrer leurs tableaux en s'éloignant pourtant des représentations hyperréalistes. Les sujets de leurs toiles tranchent avec les traditions académiques : on y voit des scènes de la vie quotidienne, des paysages ou des natures mortes. Ils ont élu domicile sur les bords de Seine à l'extérieur de Paris et en Normandie, pour la tranquillité et la beauté de ces lieux. Les peintres sont alors des peintres de plein air et la nature tout comme le contact de l'homme avec celle-ci est une source infinie d'inspiration.

L'étoile Van Gogh 

Nuit étoilée sur le Rhône© Vincent van Gogh

Pour finir ce top 10, l'un des plus célèbres peintres au monde pour une toile iconique : Nuit étoilée sur le Rhône, de Vincent Van Gogh, du mouvement postimpressionniste et symboliste. Ce top 10 comporte de nombreux paysages de nature, en voici un plus citadin, de la ville d'Arles. L'artiste à la vie tumultueuse marquée par ses crises de folie et ses séjours en asile, offre ici un paysage émouvant et captivant. À partir du moment où il pose ses valises à Arles, Vincent Van Gogh a le souhait profond de peindre une nuit étoilée et en fera part à son frère Théo dans une lettre envoyée en 1888. Au mois de septembre de la même année, il réalise le mythique tableau aujourd'hui visible au musée d'Orsay à Paris. L'artiste est l'un des premiers à avoir peint une nuit.