Guide de voyage Basilicate
Encastrée entre les Pouilles au nord-est, la Campanie à l'ouest et la Calabre au sud, la Basilicate s'étend sur une superficie de 9 992 km2 et compte 570 000 habitants, répartis dans 131 communes et 2 provinces. C'est probablement la région la plus petite, la plus discrète et la plus méconnue d'Italie. Son nom actuel, datant de l'époque fasciste, vient du grec basileus, qui signifie " roi, juge, administrateur ". Mais le nom originel de la province, Lucanie, vient du latin lucus, désignant une " terre recouverte de bois ", et c'est celui auquel s'identifient les poètes et les natifs de la région. Montagneuse à l'intérieur des terres avec des sommets s'élevant à 2 000 mètres, baignée par la mer Ionienne au nord-est et par la mer Tyrrhénienne au nord-ouest, tour à tour plate et vallonnée, la province présente sur son modeste territoire un riche échantillonnage de reliefs et de panoramas. A l'instar de la plupart des contrées, celle-ci, qui a fasciné la Grèce antique comme les hommes du XIXe siècle, a connu des hauts et des bas. Participant autrefois d'une des plus importantes civilisations de la Méditerranée, dotée de voies de communication naturelles de première importance, la Basilicate a été victime de l'isolement, de la pauvreté et de l'émigration jusqu'à des périodes récentes, au point que le tourisme ne l'a que peu concernée... En dépit de nombreux tremblements de terre qui ont modifié parfois la physionomie du territoire, la nature de l'ancienne Lucanie semble indestructible. Les hommes se sont depuis toujours attachés à la préserver et à la mettre en valeur. Des pins loriqués du mont Pollino, qui émergent de la montagne telles des cathédrales usées par le temps, aux calanques d'Aliano dont les paysages évoquent la Cappadoce turque, en passant par la roche arrondie des Dolomites lucaniennes, c'est une région à la beauté sauvage que les hommes ne se lassent pas d'apprivoiser. On ne manquera pas non plus les paysages de la ville de Matera, inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.
Histoire. La Basilicate a été peuplée dès l'époque préhistorique. Jusqu'à l'âge du bronze, la région était un important lieu d'échanges pour les populations des côtes ionienne et tyrrhénienne. A l'âge du fer, de nombreuses peuplades de culture indo-européenne, notamment les Liky, viennent s'y implanter. Au VIIe siècle, l'arrivée des colons grecs sur les rivages ioniens marque les débuts de la Grande-Grèce, dont la cité de Metaponto est l'un des emblèmes. La présence grecque sur la côte ionienne sera bientôt remplacée, aux Ve et IVe siècles av. J.-C., par les ardents Lucaniens. Ces derniers se rebellent également contre l'occupation romaine, aux IVe et IIIe siècles, et choisissent le camp de leurs ex-adversaires, les Samnites, et la colonie grecque de Taranto. La présence romaine se consolidera avec la fondation de Grumentum. Cependant, le déclin de l'empire d'Occident plonge la Basilicate dans l'isolement et la pauvreté les plus profonds. Au Moyen Age, le territoire sera occupé successivement par les Lombards, les Byzantins, les Sarrasins, les Souabes et les Angevins. Parmi eux, l'empereur Frédéric II de Souabe lèguera à la région quelques-uns de ses plus précieux joyaux architecturaux. Entre le XVIe et le XVIIIe siècle, les Bourbons, arrivés à leur tour au pouvoir, assurent leur mainmise sur l'ensemble du territoire, tandis que les communautés albanaises s'installent sur le mont Vulture et autour du parc du Pollino. La période des Bourbons marque le début des rébellions du peuple contre le pouvoir, rébellions reprises par les mouvements de libération des Carbonari parmi une partie de la bourgeoisie lucanienne du XVIIIe siècle. A cette époque, la région gagnera même une solide réputation de repaire de brigands... Au XXe siècle, la Basilicate devient un important foyer d'émigration et sombre dans l'isolement ; ce qui n'empêchera pas Matera d'être la première province du Sud à se rebeller contre l'occupation fasciste. Plus récemment, avec la réforme agraire et les aides de l'Etat, on assiste à une progressive transformation de la région, qui laisse derrière elle des années d'enclavement et de misère.