Climat au Québec

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Principal sujet de conversation au Québec, le climat ne semble jamais faire l’unanimité. « Maudit qui fait frette ! Y vas-tu finir l’hiver ! Chu tanné de la neige ! L’été vas-tu finir par arriver ? On crève de chaleur ! Encore de la pluie ! » : voilà quelques exemples de phrases-clés qui ne manquent jamais à l’appel dans tout bon échange entre amis ou même avec un inconnu. L’humeur des Québécois s’accorde d’ailleurs parfaitement à la tendance météo, fluctuant selon la température, les précipitations et les petits excès de Dame Nature. On peut les comprendre : déneiger sa voiture au lendemain de la millième tempête de la saison, ça casse un peu le moral. Bien que l’été soit beau et chaud dans de nombreuses régions, c’est l’hiver qui marque les esprits, notamment chez les visiteurs internationaux et les expatriés. Mais tout n’est pas si idyllique, le Québec – comme partout ailleurs – subissant les impacts des changements climatiques.

Le climat québécois

De par son étendue, sa latitude et sa position à l’extrémité orientale du continent nord-américain, le Québec est soumis à d’importants écarts de température : longs hivers rigoureux (jusqu’à -25 °C) et courts étés chauds (20-30 °C, voire plus), caractéristiques d’un climat continental à forte amplitude thermique. Cependant, les variations climatiques sont notables : les régions proches du Saint-Laurent jouissent d’un climat plus tempéré et plus humide, mais à mesure que l’on remonte vers le nord, les hivers deviennent glacés et les étés se rafraîchissent (climats subarctique et arctique), l’écart des températures entre les saisons subsistant toutefois (en territoire inuit : environ 11 °C de moyenne en juillet, environ -23 °C de moyenne en janvier).

L’hiver s’annonce dès le mois de novembre et dure jusqu’à fin mars ou début avril. Quand il neige, la température s’adoucit, mais quand le vent s’en mêle, il provoque l’effet contraire et soulève la neige poudreuse, créant des poudreries et formant des congères. La pluie et le verglas sont fréquents en saison froide, puis on passe tout aussi brutalement de l’hiver à l’été que de l’été à l’hiver, le printemps (dégel) et l’automne (gel) étant des saisons intermédiaires brèves. La saison estivale est courte (de juin à mi-septembre), mais chaude et humide, surtout dans le sud du Québec où le mercure monte souvent au-delà de 30 °C. Pendant le mois d’octobre, l’été indien offre parfois, après les premières gelées, quelques jours de répit et de beau temps chaud. C’est le dernier clin d’œil du soleil, une ambassade de l’été venue pavoiser avant l’arrivée des grands froids. Jadis, les Amérindiens profitaient de ces beaux jours pour aller à leurs dernières chasses en forêt avant l’hiver. C’était aussi l’époque où les premiers colons subissaient les ultimes attaques des Amérindiens avant les grands froids.

Les précipitations sont nettement plus abondantes sous le 51e parallèle, soit la région qui couvre la quasi-totalité de la zone habitée du Québec, du sud de la baie James jusqu’au golfe du Saint-Laurent. Pluie, neige et grêle totalisent en moyenne 1 000 mm annuellement, dont près des trois quarts sous forme de pluie. Le climat humide du sud du Saint-Laurent et de la frange atlantique se traduit, l’été, par une atmosphère lourde et moite et, l’hiver, par un fort enneigement, des brouillards et des tempêtes. À mesure que l’on monte vers le nord, les précipitations diminuent, atteignant seulement 500 mm annuellement dans le climat polaire de la toundra.

Refroidissement éolien et humidex : quésaco ?

Au Québec, vous verrez qu’il y a toujours deux températures : actuelle et ressentie. Mais qu’est-ce que cette fameuse « température ressentie » ? C’est en fait une sensation plutôt qu’une donnée mesurable. Elle tient compte de deux facteurs, soit le refroidissement éolien (FRE) en hiver et l’humidex en été.

Dans le cas du refroidissement éolien, il s’agit de la sensation de froid causée par le vent et ressentie sur la peau exposée. Quant à l’humidex, il prend en compte le taux d’humidité dans l’air. Dans un cas comme dans l’autre, ils servent à mesurer le niveau d’inconfort et les risques pour le corps.

Dans un avenir rapproché, ces deux indices pourraient toutefois être remplacés par l’indice universel du climat thermique (IUCT). Ne combinant pas la température à un autre facteur, il en intègre plutôt quatre : la température, l’humidité de l’air, la vitesse du vent et l’ensoleillement, c’est-à-dire la quantité de radiation solaire que l’on reçoit.

Les impacts des changements climatiques au Québec

De 1950 à 2011, le sud de la province a vu ses températures annuelles moyennes hausser de 1 à 3 °C, une tendance qui s’accentuera dans les prochaines décennies. Les impacts qui en découlent sont nombreux, notamment sur la santé et la sécurité de la population (problèmes respiratoires et cardiovasculaires dus à l’augmentation du nombre et de la durée des vagues de chaleur ou à l’accroissement de la pollution atmosphérique). Certaines espèces animales et végétales pourraient disparaître et d’autres se déplacer plus au nord, alors que des espèces exotiques ou nuisibles ont déjà fait leur apparition, comme en témoigne la progression rapide de tiques porteuses de la maladie de Lyme dans le sud du Québec. La hausse du niveau marin, la diminution du couvert de glace, le dégel du pergélisol, les pluies diluviennes, l’augmentation des tempêtes et de la fréquence des cycles gel-dégel ont également des effets désastreux sur les infrastructures, mais aussi sur certains secteurs de l’économie tels que l’agriculture, la foresterie, les mines et le tourisme.

Catastrophes climatiques à la une

Elles ne datent pas d’aujourd’hui, mais elles se produisent plus fréquemment et avec une plus grande intensité. On n'a qu’à penser au grand déluge du Saguenay, en 1996, où des pluies torrentielles ont surchargé les bassins des barrages, causant des inondations majeures, notamment à Chicoutimi et à La Baie. En janvier 1998, la crise du verglas paralysa entièrement le sud-ouest du Québec avec une accumulation jusqu’à 100 mm de pluie verglaçante en l’espace de quelques jours, privant ainsi d’électricité près d’un million de personnes. Plus récemment, en septembre 2018, des tornades ont frappé la région d’Ottawa-Gatineau, détruisant des secteurs résidentiels entiers sur les deux côtés de la rivière des Outaouais, une première dans une zone aussi densément peuplée. Puis récemment les inondations printanières de 2017 et 2019, les feux de forêt et les crues subites de l'été 2023...

Un plan d’action gouvernemental

Si la population et les autorités doivent s’adapter à ces bouleversements climatiques plus fréquents, le gouvernement doit aussi faire sa part. Le Plan d’action 2013-2020 sur les changements climatiques est arrivé à échéance, mais il aura tout de même vu plusieurs initiatives se concrétiser : accélération de l’électrification des transports et création d’entreprises dans ce domaine, soutien de la recherche et du développement dans le domaine des technologies propres, réduction de la consommation de combustibles fossiles, etc. En 2020 fut dévoilé le Plan pour une économie verte 2030 lequel mise entre autres sur l’atteinte de la réduction des émissions de gaz à effet de serre du Québec pour 2030.