Tous les ans au mois de février, durant trois jours et trois nuits, la ville minière d'Oruro, à l'est de La Paz, accueille un carnaval haut en couleur classé chef-d'oeuvre du patrimoine oral et immatériel de l'humanité par l'Unesco. L'occasion de vivre la culture andine dans la plus belle de ses expressions : la fête.

72 heures de défilés

Des masques de diables chromés, des coiffures caribéennes et des costumes d'ours : tel est l'étonnant cocktail du plus célèbre carnaval de Bolivie. Chaque année, une semaine avant le mercredi des Cendres, la petite ville minière d'Oruro, à 3 700 mètres d'altitude, célèbre le début du Carême dans un tourbillon de couleurs.
Le carnaval d'Oruro, un mélange entre tradition catholique et croyance populaire andine, se déroulera en 2019 du 23 février au 4 mars. Plus convivial que son grand frère de Rio, il reçoit encore peu de touristes mais attire des festivaliers chiliens, brésiliens et argentins. Durant 72 heures non-stop, des milliers de danseurs et de musiciens défilent dans la ville vêtus de masques et de costumes pour le moins surprenants.

Des masques imposants

Au premier jour des festivités, dans la matinée, les spectateurs s'installent sur les gradins le long de l'artère principale de la ville. Les meilleures places sont payantes mais ne le restent pas longtemps : les petits malins arrivent toujours à se frayer un chemin. Mieux vaut prévoir quelques pièces pour acheter de quoi boire et se sustenter car le défilé ne fait que commencer ! La veille, les mineurs ont invoqué El Tio, le protecteur des mines, au cours de la " Challa " et le jeudi pour la cérémonie d'Anata Andina, les paysans d'Oruro ont demandé la protection de leurs récoltes. Deux événements plus confidentiels mais très touchants à ne pas rater si vous avez du temps en Bolivie !

Le jour J, cinquante bandas défilent, avec des musiciens et des danseurs superbement grimés. Trois danses chorégraphiées sont caractéristiques du carnaval d'Oruro. On peut facilement identifier l'illustre danse du carnaval d'Oruro, la Diablada, grâce à la diablesse China Supay à la tête du cortège. La Morenada rappelle les Noirs de la région des Yungas et les Caporales se reconnaissent par leurs influences africaines. Tous les figurants portent de lourds masques décorés. Le dernier jour du carnaval, le public peut les essayer pour prendre la photo.

Un carnaval explosif

Outre les comparsas (troupes), la grande animation du Carnaval, ce sont les bombes à eau et à mousse. La bataille éclate dès le début d'après-midi... et se poursuit le soir lorsque les spectateurs descendent dans la fosse aux côtés des artistes. Sachez qu'à Cochabamba, les " projectiles " sont remplis d'eau violette. Même les pompiers et les petites mamies sont prêts à attaquer les passants. Méfiez-vous si vous y séjournez après Oruro !
Tout au long de la journée, des vendeurs ambulants vous proposeront des plats chauds cuisinés dans la rue et, le soir venu, du Pisco Sour en bouteille plastique, l'alcool chauffé avec de l'oeuf dont les Boliviens sont très friands. Un réconfort curieux mais bienvenu car la nuit tombe vite et il fait rapidement froid à Oruro. Heureusement que le public se réchauffe au rythme de la Diablada au milieu des fanfares. Pour se reposer, des gradins attendent les badauds toute la nuit sur la grande place 10 de Febrero.

Final devant l'église du Socavon

Les festivités se poursuivent sur 6 km à travers la ville. La procession prend à présent des airs de pèlerinage. Elle s'achève sur la colline del Alba au petit matin. Épuisés autant qu'éméchés, les comparsas s'accordent une pause bien méritée après plus de 15 heures de performance et s'écroulent sur le parvis de l'église et même sur les bancs à l'intérieur. Notez la surprenante fresque sur une façade de la Virgen del Socavon : vous reconnaîtrez probablement le diablotin.
Le dimanche, rebelote avec le Grand Carnaval ! Jetez un oeil aux polladas, les fast-foods à la bolivienne et laissez-vous tenter par un pollo frito au milieu des familles boliviennes. L'ambiance est tout aussi chaleureuse le lundi matin, lorsque les troupes relâchent la pression, laissent tomber les masques et jouent de manière spontanée dans les rues.
Le Carnaval d'Oruro s'achève le lundi midi sur le parvis de l'église du Socavon. L'Archange Saint-Michel combat le diable au cours d'une bataille théâtralisée. Oruro peut retrouver son visage habituel et s'endormir pour douze mois durant...

Une situation stratégique

Pour profiter du carnaval d'Oruro, mieux vaut rester les trois jours. La plupart des hôtels vous l'impose de toute façon. Réservez votre hébergement et vos transports au moins trois mois en amont : ils sont pris d'assaut en février et les prix quadruplent. Pour les retardataires, les locaux proposent systématiquement leurs chambres moyennant quelques bolivianos. Guettez les pancartes. Si vous choisissez cette option, ne laissez rien de précieux sur place.
Le carnaval d'Oruro est le bon moment pour effectuer un séjour en Bolivie. Dans l'Altiplano, en altitude, le climat est encore doux. C'est la saison idéale pour visiter le Salar d'Uyuni et le Sud Lipez. En Amazonie, il fait encore très chaud mais la période des pluies se termine et une excursion dans la pampa vous permettra de voir de nombreux animaux après les dernières averses tropicales.
Aux alentours d'Oruro, vous pourrez goûter au charme tranquille de la ville coloniale de Sucre, aller à la rencontre des mineurs à Potosi, escalader le plus grand Christ d'Amérique du Sud à Cochabamba ou randonner au milieu des fougères géantes dans le parc Amboro. Pourquoi ne pas tenter également l'aventure de la route du Che, en camion à partir de La Higuera ?

Infos futées

Quand ? Trois jours en février.

S'y rendre. En avion jusqu'à La Paz puis en bus sur réservation.

Utile. http://www.bolivia.travel/fr